Le procès de Marzouka Oummou Hani, l’auteure du roman « mon père ou mon destin » s’est ouvert hier jeudi 20 juillet 2023, au tribunal de première instance de Ngaoundéré, dans la région de l’Adamaoua. L’adolescente de 17 ans est accusée par Mohaman Ahman, le chef du village Idool, et une partie de l’élite du même village d’avoir diffamé le fondateur du village dans son roman publié il y a quelques jours. Dans sa citation directe, le chef du village au nom de ses frères réclame la rondelette somme de 150.000.000 Fcfa comme dommage et intérêt.
Jeudi, au Tribunal de première instance de Ngaoundéré, le président de la collégialité en charge du dossier a renvoyé la cause pour le 17 août 2023, après avoir identifié le chef du village. « C’est vous monsieur Mohaman Ahman qui réclamez 150.000.000 Fcfa à dame Marzouka ?» question posée au plaignant principal par le magistrat. Le chef du village Idool ayant répondu par l’affirmative, procès a été immédiatement ajourné.
Dès 8 heures du matin, le jeudi 20 juillet 2023, l’esplanade du palais de justice de Ngaoundéré a été pris d’assaut par une vingtaine de personnes venues du village Idool. 30 minutes après, c’est Djaoro Mohaman Ahman à bord d’un véhicule de marque Camry qui a débarqué au palais de justice. Dans un ton guerrier et provocateur, le chef du village Idool va lancer à ses frères présents : « nous vaincrons les mécréants. Qu’Allah nous accompagne et qu’il soit notre guide dans cette guerre contre nos détracteurs. » Djaoro Mohaman Ahman serre quelques mains et regagne la salle d’audience de la tribune de 1ère instance de Ngaoundéré. Il est rappelé à l’ordre par le service d’ordre du Tribunal. Au fil des heures, le chef du village sort de la salle d’audience le téléphone collé l’oreille. Aux environs de 11 heures, l’audience est suspendue par le président du tribunal pour 15 minutes. Les soutiens et partisans de la jeune auteure et le collège d’avocats se concertent. Sous la supervision de l’avocat Raphael Deugoué, assisté de Me Koulagna et une dizaine d’autres avocats qui forment le pool d’avocats rassure la jeune adolescente. La peur et la tristesse de la matinée de Marzouka Oumma laisse la place au sourire de l’adolescente qui ne quitte pas sa mère. « Je viens de parler avec Me Dominique. Elle, comme Djaili Amal m’ont rassuré de leur soutien », confie-t-elle. Marzouka Oumma Hani est surprise de la mobilisation autour d’elle.
A l’origine de la plainte du chef du village de Idool, le roman où la jeune Marzouka Oumma Hani dénonce les pratiques patriarcales oppressives sur la jeune fille, les violences conjugales de toutes sortes, le machisme, les superstitions etc. Dans son roman, Marzouka Oumma Hani, sensibilise également sur la problématique de la scolarisation de la jeune fille.
Sur les réseaux sociaux, l’affaire Marzouka Oumma Hani a pris de l’ampleur. Dans les fora WhatsApp et sur Facebook, on ne cesse d’en discuter depuis que la plainte du chef du village Idool circule. Si certains pensent que la publication de ce roman est un peu trop osé et s’apparente à de la provocation, d’autres par contre, plus nombreux d’ailleurs, ne font que défendre l’auteure. Selon ces derniers, l’adolescente n’a que mis sur écrits la problématique de la marginalisation de la jeune fille encore d’actualité non seulement à Idool, mais dans d’autres villes et villages du Septentrion.