L’utilisation répandue de cette variété, malgré les avertissements sur sa provenance et ses dangers pour la santé, soulève des questions sur la concurrence déloyale et met en péril les consommateurs au Cameroun.
L’huile de 125 Fcfa, servie dans un petit plastique transparent, est ce que Lucie, une ménagère, achète au quartier Mballa 2 près de sa maison pour améliorer la texture et la saveur de ses pommes sautées. Comme elle, d’autres femmes achètent souvent de l’huile en détail. Il s’agit de l’huile dite en « vrac ». Le « vrac » qui selon le dictionnaire Larousse veut dire : « 1- Marchandise telle que charbon, minerais, phosphates, etc., qui ne demande pas d’arrimage et qui n’est pas emballée 2- Mode de distribution où le produit n’est pas conditionné », a presque la même signification pour les commerçants : « Le mot vrac pour désigner cette huile est lié à l’idée de vendre de l’huile sans emballage ou conditionnement spécifique ». Cette huile est largement consommée en termes d’huile végétale, car la quasi-totalité des ménagères l’utilise pour les fritures et même pour la cuisson.
Questionnement, avertissements et controverses…
Mais d’où vient cette huile en vrac ? Selon le journal « Investir au Cameroun », l’huile de palme en « vrac » provient des grandes raffineries, soit en tant que surplus de production, soit en tant que choix délibéré de la raffinerie pour éliminer les coûts d’emballage, d’étiquetage et de Tva. Certains acteurs de l’industrie estiment que l’utilisation de l’huile en vrac est une stratégie pour contrôler le marché et épuiser les stocks de matières premières afin de ne pas perdre les quotas mensuels attribués par le Comité de régulation de la filière des oléagineux. Cette pratique est critiquée pour favoriser une concurrence déloyale entre les industriels. Selon des experts, l’huile en vrac provient de petites raffineries sous-équipées, produisant une huile peu raffinée et contenant des impuretés. De plus, les emballages utilisés peuvent avoir contenu des produits chimiques, ce qui représente un risque pour les consommateurs.
Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, ainsi que le directeur de l’Anor, ont mis en garde contre la commercialisation de ces huiles en vrac, interdite en raison des risques pour la santé. Cependant, cette pratique compromet la traçabilité et expose les consommateurs à des risques sanitaires graves, comme l’indique le directeur général de l’Agence des normes et de la qualité (Anor), dans le cadre du respect des règles en matière de sécurité alimentaire et d’assainissement : « La prolifération sur le marché des huiles en vrac, le non-respect des normes en vigueur dans le secteur ainsi que la difficulté de tracer les productions écoulées sur le marché camerounais exposent les consommateurs à des risques sanitaires graves». Entre-temps, les mauvaises conditions de production, de transport, de conservation et d’utilisation peuvent altérer leur qualité en augmentant l’acidité et en influençant la stabilité de celles-ci à l’oxydation (Kamla-raj2011).
Économique, donc bien, Malgré tout …
Malgré cela, les ménagères ne s’en inquiètent pas. « Cancer, cancer, nous sommes appelés à mourir et on mourra de quelque chose. Rien que cette vie chère peut nous donner un AVC et mourir », dit, sans façon, maman Odile. Au marché d’Etoudi situé à Yaoundé, un commerçant de denrées alimentaires (riz, pâtes alimentaires, huiles végétales de toutes les marques) vend plus d’huile en vrac que d’autres huiles étiquetées. « Les clientes qui veulent de l’huile se tournent davantage vers l’huile en vrac. C’est seulement la rareté qui fait penser que ces huiles de marque sont prisées. Ici, parfois ça prend des semaines, mais l’huile en vrac se vend rapidement et facilement », affirme le commerçant. Une explication à ce phénomène ? Le vendeur tente d’en donner : «Malgré la vie chère, le prix de l’huile en vrac est accessible à toutes les bourses, la quantité aussi est importante, et l’avantage est qu’on peut acheter cette huile en petite quantité. Elles peuvent avoir de l’huile à 100, 150 ou 200 Fcfa». Certaines ménagères sont d’avis. Maman Odile, une commerçante de beignets et de haricots au quartier Mballa 2, le confirme : «Actuellement, le litre d’huile raffinée est de 1 500 Fcfa. Alors qu’1,5 litre d’huile en vrac coûte 1 300 Fcfa».