« Entrez tous à la maison. On dit que les microbes arrivent oh ! ». La jeune dame qui lance l’alerte claque aussitôt le grand portail en fer de son domicile. Elle se rend ensuite compte que l’un de ses enfants manque à l’appel. Toute paniquée, elle ressort en courant et se hâte de le ramener à l’intérieur. Dans le quartier, c’est la panique générale. On court dans tous les sens. Les vendeuses remballent les marchandises. Les commerces et débits de boissons mettent la clé sous le paillasson. Les portes des maisons se ferment à double tours. Il n’est que 19h, mais déjà cette rue qui mène au collège de la Maturité est presque déserte. Les habitants qui se passent le mot en pressant le pas font savoir qu’ils ont été informés d’une incursion imminente des microbes. Il s’agit de voyous qui se déplacent en bandes, armés de couteaux et de machettes et dépouillent tout le monde sur leur passage. La panique est générale. Aux lieux-dits Tonnerre, Carrefour Tendon ou encore Bépanda-Omnisports, le visage est celui d’une ville morte. Les sons des baffles qui animent souvent ces zones est aphone. Seules quelques rares motos et véhicules sont encore en circulation. L’annonce d’une incursion des microbes a également créé un grand vent de panique dans plusieurs autres quartiers de la capitale économique. A Makèpè-Misokè, des jeunes du quartier se sont à leur tour armés de couteaux et de machettes pour attendre de pieds fermes les potentiels agresseurs. Deido et Bessenguè sont également restés en alerte, apprend-on. Peur dans le noir La psychose s’est répandue jusque dans les milieux universitaires. Les étudiants de l’Institut universitaire du golfe de Guinée (Iug) qui ont eu vent d’une incursion de microbes dans le campus ont été victimes de bousculades. « Ma maman m’a appelée hier nuit pour me demander de dormir où je me trouve. Que c’est grave au quartier », raconte une jeune étudiante résidente au quartier Village. Elle se trouvait en classe (Iug) quand la ville vibrait sous le rythme de la frayeur. Ici, malgré les paroles rassurantes de l’enseignant du jour, les apprenants sont restés dans la peur. La ville de Douala passait ainsi une nuit dans la frayeur alors que certains quartiers de la capitale économique baignaient dans le noir. Difficile pour l’heure de dire avec exactitude qu’une attaque de microbes a bien eu lieu dans un coin de la capitale économique mardi soir. Mais la psychose générale était bien palpable. Mais les habitants avaient encore fraichement en mémoire cette descente musclée des jeunes du quartier Makéa dans l’enceinte de l’hôpital Laquintinie de Douala la veille. Circulation de motos in- terdite entre 20h et 6h La psychose qui a gagné la ville mardi soir a amené le gouverneur de la région du Littoral a convoqué une réunion de sécurité mercredi 14 décembre 2022. Pour Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, la panique est due à « une véritable manipulation des colporteurs de fausses nouvelles visant à perturber la quiétude des populations à des fins politiciennes » Lire la suite.