Cinq mois encore et Fru Ndi va passer la main. Au cours de son speech introductif, lors du Nec vengeur du samedi 25 février 2023, le chairman du Social Democratic Front (Sdf) a clairement indiqué que le temps était venu pour qu’il parte. Mais au vu de la tournure des événements, des observateurs s’interrogent sur sa réelle volonté de passer le témoin.
La première des résolutions du Nec, sur la vie du parti, « fixe la date du congrès aux 28, 29 et 30 juillet 2023 à Yaoundé ». Une commission nationale de coordination, présidée par Donatus Njong, a été conséquemment mise sur pied, pour organiser ce qui sera le 10ème congrès du parti dont le leitmotiv est « justice sociale et égalité de chances ». Cette décision est la conséquence des travaux menés dans les régions par les « commissions Nec », lesquelles ont reçu les félicitations de cette auguste instance. En dehors de l’Adamaoua et de la diaspora, les autres régions seraient prêtes pour participer au congrès. Officiellement donc, le chairman ne sera plus à la tête du Sdf, dès la fin juillet.
Âgé de 81 ans et kidnappé deux fois par des séparatistes du Nord-Ouest, annoncé par suite comme malade, il avait passé des mois hors du pays, pour ne revenir qu’en octobre 2020. Déjà, il avait abandonné l’idée de toute participation à une élection, au nom du parti. « À un certain âge et à un certain moment de la vie, vous devez laisser les plus jeunes continuer. Et ils doivent prendre le relais quand vous êtes encore là pour voir ce qu’ils font, ainsi vous pouvez les diriger et les corriger », avait affirmé Ni John Fru Ndi devant des journalistes, en février 2021. « La politique ne consiste pas à s’asseoir à Yaoundé ou à Bamenda. Il s’agit d’aller vers les gens, de les sentir. Et si je ne peux plus le faire, il faut laisser une autre personne le faire », avait-il ajouté. Une chose que lui reprochent notamment les frondeurs exclus, qui croient percevoir un hiatus entre cette déclaration et le comportement de leur président national.
Le choix porté sur son premier vice-président, Joshua Osih, pour participer à l’élection présidentielle 2018 avait produit un résultat regrettable pour le parti. Malgré un score inédit et la quatrième place au classement final, Fru Ndi lui a gardé sa confiance et fait tout pour lui céder la place. « Il a fait de son mieux », avait-il clamé. Il ne semble pas avoir de choix, lui dont l’option pour un successeur anglophone saute aux yeux, après les décès respectifs de Joseph Banadzem en 2019 et de Joseph Mbah Ndam l’année d’après.
Une bonne frange de cadres ne l’entend pas de la même oreille et l’a assigné en justice pour l’annulation des actes pris dans la perspective de cette succession. C’est donc en morceaux que le parti prépare ce congrès. Taxé d’illégaliste, le groupe de Mbouda (G27) accuse le chairman d’être devenu autiste, de fuir le terrain pour ne plus s’occuper que des intrigues. A preuve selon eux, le rétropédalage observé après la présentation des rapports des commissions « réconciliation » et « action » qu’il avait créées et confiées à Paul Tchatchouang et Jean-Michel Nintcheu. Sur ces entrefaites, Joseph Atekwana, trésorier national adjoint et homme-lige du président, a démissionné. Le Nec accuse les anciens responsables de confisquer les documents du parti ; ces derniers exigent un audit de la gestion de leur président, qui ne serait pas au-dessus du soupçon. Rendez-vous ce jeudi 2 mars 2023 au Tgi du Mfoundi, où le juge est appelé à se prononcer sur l’annulation de quatre actes.