La compétition a de grandes chances d’être organisée en plein hiver, comme le Mondial 2022 au Qatar. Au grand dam des joueurs et des syndicats qui les représentent.
Un énorme suspense. La Coupe du monde 2034 sera organisée par… l’Arabie Saoudite, seule nation en lice suite au renoncement de l’Australie et de l’Indonésie, comme l’a annoncé ce mardi le président de la FIFA, Gianni Infantino. Douze ans après le Mondial 2022 disputé au Qatar, un autre pays du Golfe va donc accueillir le « plus grand spectacle de la planète », dixit l’ancien bras droit de Michel Platini à l’UEFA. Une solution qui convient parfaitement à l’instance mondiale.
« Dans le deal, il y a peut-être le financement de la Coupe du monde des clubs. Pour cette compétition, Infantino va certainement solliciter l’Arabie Saoudite à travers du sponsoring ou des droits TV », a estimé le responsable d’une ligue européenne – préférant conserver l’anonymat – dans L’Équipe. Il ne s’agit d’un secret pour personne, la FIFA cherche à concurrencer l’UEFA et sa prestigieuse Ligue des Champions, et pourrait donc se servir de l’attribution du Mondial 2034 pour le faire. La FIFA et son président y trouvent donc leur compte. Les joueurs, un peu moins. Et pour cause : dans cette région où les températures estivales peuvent atteindre les 50°, il y a de grandes chances pour que la compétition soit une nouvelle fois organisée à la fin de l’automne. Ce qui signifie une saison à rallonge, de début août à début juin, et le tout sans coupure. Une cadence infernale, dénoncée par Philippe Piat, président de l’UNFP, le syndicat des footballeurs français.
Des footballeurs prêts à dire non ?
« C’est la course à l’argent, à des calendriers inacceptables. Je suis écœuré par le système. Le Mondial en hiver était soi-disant exceptionnel et ça va devenir régulier. Ça commence à chauffer. Des joueurs sortent du bois pour dire que ça ne peut pas durer. Ils en ont marre de cette fuite en avant. Mais le président de la FIFA s’en moque et fait comme il veut. Et personne ne réagit. Dans le football, pour de l’argent, on vend son âme », s’est insurgé celui qui a également dirigé FIFPro, le syndicat mondial des footballeurs, dans L’Équipe. Même son de cloche au Royaume-Uni, où le ton se veut plus menaçant. « Les footballeurs pourraient se retirer de la Coupe du monde saoudienne 2034 en raison de problèmes de charge de travail. Nous ne pouvons pas continuer à traiter les tournois et les compétitions de manière isolée. Il y a toujours un impact en chaîne. (…) Nous savons que les joueurs craignent de ne jamais avoir de répit », a annoncé Maheta Molango, qui dirige le syndicat des footballeurs professionnels de l’autre côté de la Manche.
L’Arabie Saoudite rassure, mais…
De son côté, le pays organisateur explique que le Mondial 2034 pourrait se jouer à l’automne comme en été. « Nous sommes prêts à faire face à toutes les possibilités. Avec la possibilité de recourir à des technologies de refroidissement des stades ou de choisir des villes dans le royaume qui jouissent d’une très belle atmosphère en été », a répondu le président de la Fédération saoudienne, Yasser Al-Misehal. Un discours également entendu en 2010, lorsque le Qatar a hérité du Mondial, lequel a finalement eu lieu juste avant l’hiver douze ans plus tard.