Yaoundé

La révolution que veulent faire les anciens boxeurs

Ils se sont réunis dimanche dernier, pour exiger la révision des textes fédéraux afin de mettre l’athlète au centre des préoccupations pour une renaissance de la discipline
Yaoundé, le 20 mars 2022. Les anciens boxeurs réunis au Camp de l'Unité (1)

L’image renvoyée par les anciens boxeurs, réunis le dimanche, 20 mars 2022 au camp de l’Unité traduit une exaspération, un ras-le-bol, par rapport au fonctionnement de la Fédération camerounaise de boxe (Fécaboxe). C’est tour à tour qu’ils ont pris la parole pour fustiger la manière dont la boxe camerounaise est dirigée d’où son déclin. Mais, ils ont fait des propositions en même temps pour que, lorsque viendra le moment de la révision des textes fédéraux en vue des élections, qu’ils aient des propositions concrètes à faire. « Les anciens boxeurs se regroupent déjà pour essayer de penser à la redynamisation de la boxe et d’apporter aussi leurs suggestions, pour le développement de notre sport ; étant donné que nous sommes en fin de mandat. Il est question pour les anciens boxeurs, de ne plus être spectateurs et voir leur sport mourir. Ils entendent apporter des suggestions claires pour le développement de la boxe », a indiqué Jean-Michel Evina Ahanda, ancien boxeur de haut niveau, président de la ligue régionale de boxe du Centre, à, l’occasion de cette rencontre convoquée par Martin Ndongo Ebanga, le président de l’association des anciens boxeurs. Et de préciser :

« Dans les textes actuels de la Fédération, l’acteur de la boxe ne s’y reconnaît pas. Nous avons une assemblée générale où on ne retrouve pas les véritables acteurs. Ce sont des gens qui n’ont rien à voir avec la boxe qui forment l’assemblée générale. N’en parlons plus de ce que l’on a appelé conseil d’administration. Ce sont des gens qui n’ont même jamais vu un combat de près qui se regroupent pour penser le devenir de la boxe. C’est des raisons suffisantes pour que la boxe soit mourante comme elle l’est en ce moment ».

Concrètement, les anciens boxeurs estiment qu’il est temps que la gestion de la boxe revienne aux acteurs de la discipline. « Que l’assemblée générale de la Fédération soit formée par tous les présidents de clubs, qui sont des acteurs qui affilient les clubs, qui payent les licences et entretiennent les boxeurs. Que tous les présidents de régions fassent partie de cette assemblée générale, les corps de métiers ; qu’essentiellement les acteurs réels fassent partie de cette assemblée générale et que l’on mette de côté cette histoire de Conseil d’administration qui ne nous apporte absolument rien et qu’on remplace par un Comité exécutif, qui sera composé de tous les présidents des régions et le bureau directeur », pensent-ils. Et de proposer la nouvelle configuration de l’allure que prendra la nouvelle structure fédérale. « Nous avons suggéré que la fédération soit totalement décentralisée, c’est-à-dire qu’on ait seulement l’élection des quatre présidents, dont un président et trois vices. Un qui va s’occuper essentiellement de la boxe amateur d’élite ; un autre de la ligue autonome de boxe professionnelle ; instituer trois ligues spécialisées à savoir, celle de boxe féminine, la ligue de boxe jeune. C’est l’une des rares disciplines qu’on ne retrouve pas aux jeux scolaires (Fénasco Ligue A, Ligue B et les Jeux Universitaires). Donc, il est question pour nous de faire régénérer une nouvelle dynamique des boxeurs, qui soient aussi des gens lettrés », explique Jean-Michel Evina Ahanda.

Il est question de savoir s’ils disposent des moyens pour faire plier l’exécutif fédéral actuel, qui devra être l’organisateur du processus électoral, une fois qu’il va être lancé au sein des Fédérations sportives civiles nationales. Ce qui est visible, c’est la fougue des anciens boxeurs, qui veulent rompre avec les pratiques courantes.

 

 

Réactions

« Que la boxe revienne à ses pratiquants »

Pr Pierre René Binyom, président de la ligue départementale de boxe du Mbam et Inoubou

La boxe m’a beaucoup aidé pendant que j’étais encore étudiant en Italie et je ne peux pas la laisser tomber. La boxe dans le Mbam et Inoubou a également subi les mêmes répercussions, parce que c’est un mot d’ordre qu’il fallait observer. Toutes les activités que nous menions allaient en la faveur de l’équipe dirigeante, qui ne faisait absolument rien. Donc, le mot d’ordre était là pour ne pas continuer à lui donner la main, parce que nous travaillions et eux, étaient là, à ne rien faire. Le mot d’ordre était : laissons-les faire et on va voir. Si nos propositions ne sont pas acceptées, nous serons obligés, pas de marcher, mais d’adopter une attitude différente ; nous pouvons refuser et entraîner nos clubs de côté et avec les relations que nous avons au niveau international, les faire partir comme des voyous ; ce qui ne serait pas bien pour le compte de notre pays. Tout enfant qui part d’ici pour aller boxer ailleurs devrait avoir un point de repère, qui est son pays. Voyez par exemple le cas de Ngannou. C’est triste, qu’on a des valeurs, mais qui sont dans l’obligation de s’évader pour aller devenir de grandes personnalités ailleurs. Simplement parce que les organisations qui sont mises sur pied dans leur pays, ne réussissent pas à les encadrer comme il se doit ; parce qu’à leur tête, il y a des gens qui ne savent rien de cette histoire ; qui n’ont jamais pratiqué cet art. Nous voulons que désormais, les choses reviennent à ceux qui pratiquent cette discipline.

« Il n’a jamais reçu un coup de poing »

Paul Mouafo, ancien champion d’Afrique des poids lourds de la boxe professionnelle

Parmi nous, il y a trop de mendiants. Nous n’allons pas continuer à supporter ce genre de chose. Tous ces gens qui n’ont jamais boxé et ils sont dirigeants de la Fédération, à chaque moment, ils appellent les gens pour leur donner de l’argent au bureau, pendant que les vrais acteurs de la boxe souffrent. J’ai boxé pendant beaucoup d’années. Vous allez voir que la majorité des boxeurs ont des séquelles. Ils n’ont aucun suivi et ils sont là tous comme des mendiants partout. Nous n’allons pas continuer à supporter ça. Quelqu’un n’a jamais boxé ; mais il est président de la Fédération. Il n’a jamais reçu un coup de poing sur un ring, ce président. En tant qu’ancien champion d’Afrique, le vice-président de la Fédération ne me connaît pas. Est-ce normal ? Je suis le président des anciens boxeurs de la région du Littoral. Nous voulons qu’on révise les textes. Si ce président pouvait rester là et faire au moins comme nous voulons, ça pourrait aller. Mais, s’il veut continuer à nous manquer de respect en nous traitant de mendiants, de bandits, ça ne pourra pas marcher. J’ai passé toute ma vie à boxer mais je ne peux même pas transmettre mon expérience aux jeunes. Il faut que les pouvoirs publics nous aident pour ce changement tant espéré par les boxeurs. Qu’il laisse la boxe aux boxeurs. C’est celui qui prend un coup de poing qui connaît la valeur des boxeurs.

« Que le boxeur ne souffre plus »

Adamou Ali, ancien boxeur

Des collègues m’ont appelé de venir assister à cette rencontre. J’ai été surpris de voir tout ce monde et je suis tellement content de revoir tous mes anciens collègues. Mon ambition est simple, la bonne marche de cette Fédération et que le boxeur ne souffre plus. Nous sommes là pour aider la boxe et non de la tuer. La boxe n’est pas pour une seule personne ; c’est pour tout le monde. Pour ce qui concerne la situation de la boxe au Cameroun, rien ne marche vraiment. Il n’existe pas de combats internationaux. Récemment, j’ai voulu organiser un combat international. Mais, j’ai compris que beaucoup de gens voulaient m’exploiter et j’ai abandonné. Nous prions Dieu pour qu’on trouve une solution afin que nos jeunes qui sont là puissent avoir des possibilités de réaliser leurs rêves de champions du monde. Nous sommes là pour les aider depuis. Mais, on n’a pas de possibilité de le faire.

Achille Chountsa

Author: Achille Chountsa

Passionné de sports et du travail bien fait

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