La corruption ne s’est jamais aussi bien portée au Cameroun comme ces dernières décennies. Aucune couche de la société n’est à l’abri de ce fléau qui met à mal le développement du pays. Le dernier rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac) a confirmé ce que certains pensaient déjà. La lutte contre la corruption est un véritable serpent de mer. Le 31 janvier 2023, Transparency international a publié l’indice de perception de la corruption 2022.
Le Cameroun n’est pas logé à bonne enseigne. Le pays de Paul Biya est classé 142ème pour un score de 26/100. « C’est un fait qui ne suscite pas l’étonnement quand on sait que le pays a toujours été en proie aux polémiques liées à la corruption et ses composantes. Les détournements de fonds publics sont légion, l’opacité dans les passations des marchés publics, l’absence de bonnes pratiques dans la gouvernance, le rétrécissement de l’espace public, l’intimidation des lanceurs d’alerte etc… », souligne, Me Njoh Manga Bell Henri, président de Transparency international Cameroun (Ti-C), le 1er février au cours d’une conférence de presse à Yaoundé. C’était dans le cadre de la présentation des résultats de l’indice 2022.
Malgré les condamnations de certains barons du régime de Yaoundé et la multiplication des organes (Conac, Anif, Consupe…), le phénomène reste présent. Pour Me Manga, « La lutte contre la corruption est d’abord une question de volonté. Il faut que ceux en chargent de la gestion de la chose publique aient cette volonté et puissent l’affirmer à travers des actes ». Pour lui, l’application effective de l’article 66 de la constitution sur la déclaration des biens et avoirs doit s’imposer comme une évidence, de même que l’adoption d’une loi anti-corruption garantissant la protection des lanceurs d’alertes, des militants anti corruptions et des journalistes rapportant des cas de corruption ».
Sauf que pour certains, cet article 66, présent dans la constitution de 1996, n’ayant jamais été mis en branle, ne sied plus au contexte actuel. « Ce n’est certes pas la panacée, mais un début de solution », a conclu Me Njoh Manga Bell Henri, président de Transparency international Cameroun