Les ressortissants de la Suisse à Yaoundé ont regardé le match de quart de finales de l’Euro 2020, opposant leur pays à l’Espagne, qui se joue en ce moment ensemble, dans un cadre bien approprié du Boun’s hôtel de Yaoundé, à l’invitation de leur Ambassadeur au Cameroun. C’était le 02 juillet 2021. Des personnalités du football camerounais faisaient partie de ces invités, notamment des Lions de 1990, comme Roger Milla, l’Ambassadeur itinérant, François Omam Biyik. Une rencontre riche en rebondissements à l’issue de laquelle la Nati, la sélection nationale helvétique, a perdu aux tirs aux buts. Une épreuve au cours de laquelle les tireurs de la Nati n’ont pas fait preuve d’adresse, comme face à la France, quelques jours plus tôt, en huitième de finales. La sélection de Suisse a perdu (1-1 et 1-3 atb), mais ses supporters n’ont pas rougi. Mais plutôt fier de la prestation de leur équipe. Depuis 1954, cette équipe n’avait plus atteint cette étape en compétition internationale.
Andreas Maager, le chargé d’affaires de l’Ambassade de Suisse au Cameroun, était de la partie, le visage rayonnant de joie, après avoir ouvert un champagne à la fin du match pour saluer la prestation de la Nati à cet Euro. « C’est un championnat (l’Euro, ndlr) qui a tout donné à la Suisse ; mais aussi où la Suisse a tout donné. On n’avait jamais fait un quart de finale depuis 67 ans, pour les derniers Euro et Coupes du Monde, où la Suisse participe. On a une équipe incroyable. On a des talents. C’est super ! C’est peut-être pour ça que ce soir (vendredi dernier, ndlr), on a quand même ouvert un peu de mousse, parce qu’il fallait célébrer cette équipe. Il fallait célébrer cet Euro 2021 (ou 2020). C’était très bon. Je suis fier de notre équipe suisse, la Nati », s’est-il réjoui. Une joie qui se lisait sur les visages des supporters et invités dans une ambiance de fête finalement.
L’initiative de cette soirée a été inspirée par la manière dont les Camerounais ont supporté la Suisse, le 29 juin dernier face à la France. « Ce qui m’a profondément marqué, c’est d’avoir constaté le lundi soir, le plaisir qu’on a procuré aux Camerounais. C’était incroyable ! Je le dis ce soir, il y a un monsieur, qui nous a envoyé des fleurs à l’Ambassade, pour remercier la victoire. C’était l’Anniversaire, le 29 juin. Le 28, on a gagné contre la France. Il a dit que c’était un très beau cadeau de la Suisse », a indiqué le chargé d’affaires. L’organisation de cette soirée à l’occasion de ce quart de finale par l’Ambassade de Suisse au Cameroun était une façon de remercier les compatriotes de Roger Milla pour ce soutien. « Ce soir, c’était un remerciement au Cameroun ; un remerciement aux Suisses, qui vivent au Cameroun, loin de leur pays, et je crois, à l’équipe. De plus, on a aussi voulu célébrer cette fête à l’Ambassade, entre amis. On a mis sur pied cette organisation en trois jours. Je suis un homme comblé, malgré la défaite. Je pense que nous avons été de très bons perdants », a déclaré le diplomate. La prestation de la Nati sera très attendue lors de prochaines compétitions internationales.
Achille Chountsa
« Il a été adopté et assume la nationalité »
Germaine Bindzi Dougoud. La mère de Breel Embolo, le Camerounais évoluant en sélection nationale de Suisse, était l’une des invitées de l’Ambassade pour suivre le match contre l’Espagne. Elle parle de son fils et choix sportif.
Comment avez-vous ressenti la sortie de Breel Embolo sur blessure pendant ce match de la suisse contre l’Espagne ?
C’était une désolation pour moi, parce que le filston n’a pas pu jouir de cet instant-là, parce que je sais que c’est toujours un plaisir pour lui de jouer. Je sais que pour lui, jouer, c’est s’amuser, parce que c’est ce qu’il sait le mieux faire au monde. C’est sa passion. Il n’a pas joué jusqu’à la dernière minute. Mais, de tout cœur, j’ai été triste. Mais, soulagé en même temps par la prestation de la suisse, notre cher pays d’adoption et la joie de voir comment ces enfants grandissent de jour en jour et le plaisir qu’ils nous procurent.
Avant ce match, vous avez eu l’occasion d’échanger avec lui au téléphone ?
Oui. Nous avons parlé au téléphone et je lui ai souhaité tout le meilleur pour ce match et malheureusement il n’a pas pu jouer longtemps du fait de sa blessure. Je crois que ça va aller.
Habituellement, vous causez avant chaque match ?
Lui, vit en Allemagne et moi, en Suisse, chez nous. Avant chaque match, on s’écrit ; on s’appelle. C’est comme toujours, un parent qui assume toujours sa responsabilité.
Vous êtes déjà habituée, qu’il joue pour la Suisse alors que vous êtes Camerounaise ?
Effectivement.
Vous n’avez pas de regrets ?
Non. Parce que, c’est un choix de vie. La terre appartient aux premiers occupants. On ne vit pas deux fois. Il vit là-bas ; il a été adopté là-bas et il est aimé. C’est sa patrie.
C’est un choix de lui ou de la famille ?
C’est un choix d’ensemble, parce que parti à l’âge de 5 ans, il n’avait pas de repère en Afrique. Ça fait qu’il a été adopté par les Bâlois et il assume la nationalité.
Il n’y a pas eu d’approche avant pour tenter de le faire revenir jouer pour le Cameroun ?
Il était trop tard.
Que lui souhaitez-vous pour la suite ?
C’est d’être parmi le meilleurs et se faire plaisir à lui-même ; aimer son métier et assumer.
Comment réagit-il souvent quand il regarde les Lions Indomptables jouer ?
Il adore sa patrie. Mais, il défend la couleur du maillot qu’il porte.
Propos recueillis par A.C