Ce 24 mars 2022, Maximilienne Ngo Mbe, la directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), est attendue à la direction de la police judiciaire, sous-direction de la police scientifique et de l’identité judiciaire. La correspondance qui lui a été adressée pour la circonstance mentionne que l’objet de la convocation porte sur la « situation juridique du Redhac ». L’intéressée est informée, suivant les termes de la convocation, de son droit de se faire assister par un conseil de son choix. Bien que le document précise par ailleurs qu’en cas de défaillance de sa part, elle y sera contrainte par tout moyen de droit conformément aux dispositions de l’article 92 (1) du code de procédure pénale. Ce n’est pas la première fois que la directrice exécutive du Redhac reçoit une convocation des services de la police ou de la gendarmerie. L’année dernière, la directrice du Redhac a reçu deux convocations de la gendarmerie et deux autres de la direction de la police judiciaire, toutes liées au statut juridique de l’association de de défense des droits de l’homme, présente au Cameroun depuis 12 ans. Au moment où cette convocation intervient, Maximilienne Ngo Mbe est hors du pays
Entre 2020 et 2021, la directrice exécutive du Redhac avait déposé les plaintes suite à plusieurs séries de cambriolages perpétrés dans les locaux de l’Ong à Douala, mais ces plaintes n’ont toujours pas prospéré. L’année dernière, un incendie avait également ravagé une bonne partie des locaux de cette Ong. Jusqu’à ce jour, l’origine de cet incendie reste inconnue. La convocation adressée à la directrice exécutive du Redhac pose un certain nombre de questions selon Me Alice Nkom. « Le siège du Redhac est à Douala pourquoi on convoque la directrice à la direction de la police judiciaire à Yaoundé. En plus pour connaitre un statut juridique d’une association a-t-on besoin de menacer la personne qui représente cette association en mentionnant dans la convocation qu’elle y sera contrainte par tous les moyens à se présenter dans les locaux de la police judiciaire ? » S’interroge l’avocat par ailleurs co -présidente du Conseil d’administration du Redhac. Maximilienne Ngo Mbe est connue à travers ses prises de positions parfois jugées hostiles par les autorités de Yaoundé. Sur plusieurs rapports des droits de l’homme rendus public par le Redhac, les forces de défense camerounaises ont été indexées, notamment en ce qui concerne la crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et la crise sécuritaire dans la région de l’Extrême-Nord. L’année dernière, le ministre de l’Administration territoriale avait donné un délai de six mois aux responsables de certaines associations de défense des droits de l’homme exerçant au Cameroun pour clarifier leur situation juridique. Une mesure qui avait suscité l’indignation auprès des responsables d’Ong qui dénoncent une volonté du gouvernement de les museler.
La convocation adressée à la directrice exécutive du Redhac intervient au moment où la télévision Equinoxe est menacée de fermeture par les autorités administratives. Le promoteur de cette chaine de télévision a reçu une correspondance le 10 mars dernier dans laquelle il est accusé d’incitation répétée à la révolte. De telles réactions des autorités devant les défenseurs des droits de l’homme constituent une menace au droit à l’opinion. Les accusations que rejettent Séverin Tchounkeu.
Prince Nguimbous