Depuis hier aux environs de 11 heures, la famille de Hamadou Habibou est inquiète. Elle n’arrive pas à le joindre. Il est le président de la confédération des associations des jeunes solidaires du Cameroun (Cajsc) pour l’Extrême-Nord, principal initiateur de la marche du 12 août 2022 demandant la libération des sieurs Marafa Hamidou Yaya, Amadou Vamoulké et Iya Mohamed. Sorti de la maison familiale à Meskine, une banlieue de Maroua dans la matinée d’hier son téléphone est indisponible. « Il m’a appelé pour me dire qu’il était suivi et qu’il recevait des menaces au téléphone. Il était 11 heures. Vers 13 heures, je l’ai rappelé et son téléphone ne passait pas », confie un de ses amis, joint au téléphone par le Jour. Dans sa famille c’est le branle-bas. L’inquiétude et la peur se lisent sur le visage de ses parents et frères. « Nous sommes inquiets. Le téléphone de Hamadou ne passe pas. Il est sorti de la maison dans les environs de 10 heures et il revient toujours faire la prière ici à Meskine. Là, il est presque 20 heures, nous n’avons pas de ses nouvelles. Même ses amis et camarades que nous avons joints ne savent pas où il se trouve », affirme M.B, l’un de ses frères.
Selon plusieurs de ses amis que le reporter de votre journal a joint, Hamadou Habibou, l’initiateur de la marche du 12 août 2022 demandant la libération de certains prisonniers de l’opération épervier était recherché et filé par des agents des forces de maintien de l’ordre dans la ville de Maroua. Ce dernier a pris le soin d’alerter certains de ses camarades et amis. Hier aux environs de 22 heures, Hamadou Habibou le visage tuméfié a été retrouvé derrière le commissariat du 4ème arrondissement de Maroua au quartier Houro-Tchédé. « Il était inconscient couché dans les herbes. Les passants l’ont retrouvé et ramené à la maison. Il ne va pas bien. Son visage est gonflé, il est fatigué. Nous ne savons pas ce qu’on lui a fait », révèle un membre de sa famille. Selon plusieurs sources, le leader associatif de la Cajsc aurait été appelé par un militaire du 1er bataillon d’intervention rapide (Bir) de Maroua-Salak, l’informant de le rejoindre à son bureau. Contacté, l’étudiant en Master à la Faculté des sciences juridiques et politiques explique : « j’ai été contacté par une connaissance militaire du Bir qui m’a informé que j’étais recherché. Il m’a demandé de le retrouver à son bureau à Salak. Une fois au camp du Bir, mon ami m’a laissé dans son bureau. Ensuite, des hommes cagoulés sont entrés et m’ont conduit vers une destination inconnue. Je ne sais pas ce qui s’est par la suite. J’ai mal à la tête et un peu partout sur le corps », raconte-t-il. Et d’ajouter : « je suis fatigué aussi. Je vais me reposer. Là, je suis à la maison ».
La disparition de ce jeune leader associatif intervient quelques heures seulement après la libération d’un autre membre de la confédération des associations des jeunes solidaires du Cameroun(Cajsc) interpelé le lundi dernier par les éléments de la brigade de gendarmerie de Garoua 1er à Poumpoumré. Il a été auditionné pendant plus de 48 heures sur les motivations réelles de la marche du 12 août 2022 et les commanditaires de cette marche. C’est aux environs de 14h dans la journée du mercredi 3 août 2022 que le nommé Mohamadou Bouba a été libéré par la gendarmerie.
En rappel, les deux jeunes leaders de la Cajsc ont initié une marche pacifique pour le 12 août 2022 pour dire merci au président de la République d’avoir libéré Basile Atangana Kouna, l’ancien ministre de l’Eau et de l’Energie condamné pour détournement de deniers publics. La confédération des associations des jeunes solidaires du Cameroun (Cajsc) souhaitait par la même occasion demander la libération de Marafa Hamidou Yaya, Amadou Vamoulké et Iya Mohamed.