la rédaction
« Qu’il dessine les dernières lignes de son héritage » Dr Pierre Nka, Politologue
J ‘ai relu le discours de M. Paul Biya à l’occasion de la 24e édition de la Fête de la Jeunesse en 1990. S’adressant aux jeunes, il pensait à la création d’emploi. Il posait également les bases du Fonds national de l’Emploi (Fne). Les questions d’emploi des jeunes restent donc entières. Pour preuve, 33 ans après, il y a de véritables soucis à se faire dans ce segment. On pense déjà à la réforme du Fne parce qu’il a difficilement rempli ses missions. En cette 57e édition de la Fête de la Jeunesse, je pense que si le réarmement moral figure dans le thème officiel, l’équation à résoudre est comment sortir du désarmement moral ambiant au Cameroun dans tous les secteurs et surtout celui de l’emploi. J’attends de M. Paul Biya que du haut de ses 90 ans, qu’il dessine véritablement les dernières lignes de son héritage à la Jeunesse. Lui, président jeune en 1982, doit nous identifier des jeunes capables d’assurer la relève. Au-delà du discours qu’il passe à l’acte. Il est impensable de garantir une gouvernance intergénérationnelle en évitant les jeunes. Pas les jeunes fils de tel ou tel ponte de son système, mais des jeunes ordinaires compétents. Ils existent dans les archives de nos unités administratives.
«Que le président resolve nos besoins basiques » Koppo, artiste musicien
Aux dirigeants, j’ai envie de citer des besoins basiques. Car ça fait des années que nous avons juste besoin d’eau, d’électricité pour tous, de plus d’accès aux soins et centres de santé, des écoles. Et aussi, des débouchés après les études et les formations. Le chômage étant devenu le compagnon de beaucoup, ce qui pousse à penser à s’exiler. Dans notre domaine qui est la musique, nous les artistes, faisons face : à la piraterie, au sempiternel problème des droits d’auteurs, au non-respect des quotas de diffusion dans nos médias. Nous n’avons pas ou plus de vraies salles de spectacles qui engendraient une réelle émulation de tournées nationales afin que l’Artiste puisse vivre de son art et n’avoir qu’à la place du stress de la création et de l’inspiration. Aux Jeunes, qu’ils fassent une bonne utilisation des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic), des réseaux sociaux. Qu’ils fassent attention aux drogues en milieu scolaire, à l’alcool, et qu’ils gardent une oreille obéissante aux parents qui voudront toujours leur bien. Ebotan !
« Des solutions au chômage des jeunes » Sophie Ngambi-Mbog, spécialiste de l’éducation inclusive
L’éducation spécialisée a une palette de métiers auxquels les jeunes peuvent accéder avec ou sans diplômes. Cette option est très valorisante pour le développement personnel. La cohésion de la Nation s’en retrouvera renforcée car l’éducation spécialisée est un lien qui permet aux individus en situation de handicap ou de vieillissement de garder leur place dans la société et de contribuer à sa stabilité, tout en permettant la lutte contre le chômage et l’émergence de citoyens responsables. Que le Chef de l’Etat encourage et donne les moyens aux jeunes camerounais de lutter contre le chômage en s’engageant dans cette voie.
« Le rationnement de l’électricité plombe les start-up » Symphorien Eteme, étudiant
La 57ème édition de la fête nationale de la jeunesse du Cameroun se célèbre dans quelques heures, à cet effet, voici quelques attentes que je pourrais formuler à l’endroit du président de la République ; quoique ce qu’il dira le 10 février a déjà été arrêté. Je parlerai en premier lieu de la facilitation de l’obtention de la Carte nationale d’identité (Cni) ; celle-ci étant devenue un luxe réservé à quelques privilégiés. Le fait que l’on n’ait pas une Cni en bonne et due forme est très préjudiciable. Dans un second temps, l’approvisionnement suffisant et régulier en électricité. Car les coupures intempestives, et le rationnement de l’électricité plombent les startup, et fragilisent leurs entreprises embryonnaires. Ensuite, la sécurité. L’on ne se sent plus en sécurité dans les rues de la cité capitale. Enfin, la justice sociale. Les jeunes issus des couches défavorisées sont lésés lors des concours administratifs ; car n’ayant pas de relations.
« Un rétrécissement inquiétant de l’espace démocratique » Cyrille Rolande Bechon, Spécialiste de droits humains et transformation de conflits, Directrice exécutive de Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun.
Cette année 2023, le Cameroun célèbre la jeunesse dans un contexte et des conditions extrêmement difficiles de tout point de vue. Les jeunes dans leur grande majorité sinon tous, assistent impuissants à l’effondrement du tissu social camerounais. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce pourrissement. D’abord la situation alarmante des violations des droits humains dans tous les domaines. Les jeunes n’ont plus accès à l’eau potable, à l’électricité, au logement, etc. Les jeunes doivent désormais cohabiter avec les ordures avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur la santé et le bien-être. Ensuite, les détournements astronomiques des deniers publics ; des fonds qui auraient permis aux jeunes de transformer ce pays. Les jeunes et les jeunes femmes en particulier pour survivre, malgré les gros diplômes, doivent faire avec la débrouillardise, sans aucune sécurité sociale et même là, elles sont à la merci des abus et des violations quotidiennes : quand ce n’est pas une police municipale aux allures de brigands, c’est une fiscalité asphyxiante. Tout ceci est aggravé par une absence totale de redevabilité des dirigeants et un rétrécissement inquiétant de l’espace civique et démocratique. En tout cas, la cohésion sociale n’a jamais été autant mise à l’épreuve et avant de dire aux jeunes ce qu’ils doivent faire, dites-leur d’abord ce que vous n’avez pas fait et comment vous allez créer un environnement à leur plein épanouissement.
