« Son Altesse royale, le Fon de Njap, la famille royale du Njap et la famille Awudu du Cameroun, est attristée d’informer les communautés nationales et internationales du passage à la gloire de notre mari, père, frère, grand père, Hon. Dr Tâ Nformi Yinkfu Awudu Mbaya Cyprian », informe le chef traditionnel de Njap dans une annonce publique, en attendant le programme officiel des obsèques de cet homme politique exceptionnel, né le 18 mai 1952.
Agé donc de 71 ans, Cyprian Awudu Mbaya est mort dans la nuit du 3 juin 2023, à Dallas, capitale de l’Etat du Texas aux Etats-Unis d’Amérique, après une maladie qui l’avait rendu impotent depuis quelque temps. Homme d’affaires parmi les plus influents sinon les plus prospères du Donga-Mantung, département du Nord-Ouest frontalier du Nigéria, Awudu Mbaya est l’un des rares acteurs politiques à avoir refusé d’entrer dans le parti au pouvoir, pour protéger ses affaires. Et il en a souffert. « Il n’était pas disposé à vendre le cri de son peuple pour des cacahuètes et à les laisser ensuite rester des citoyens de second rang pour l’éternité, sans routes, sans ponts, sans électricité », résume un observateur du jeu politique dans les régions anglophones. Propriétaire de plusieurs entreprises mais ayant fait fortune particulièrement dans la production des poteaux électriques en bois, Awudu Mbaya a cumulé quatre mandats à l’Assemblée nationale, de 1997 à 2020, dans les rangs du Sdf, le parti dirigé par Ni John Fru Ndi. Secrétaire au bureau puis questeur, celui qui avait été surnommé « Honorable Green » a présidé le Réseau parlementaire panafricain sur le changement climatique, et avait poussé ses homologues à organiser une campagne nationale de plantations des arbres qui a laissé des traces.
Député et Homme de caractère, il n’aura pas toujours été du côté de la direction du parti. Il avait notamment crevé l’écran, en refusant de boycotter une session de l’Assemblée nationale, sur instruction du chairman. Ministre du shadow cabinet en charge de l’eau et de l’énergie du Social Democratic Front pendant une dizaine d’années, puis shadow minister aux Affaires étrangères, il se sera battu pour apporter le minimum de bien-être à sa communauté d’origine, grâce au lobbying parlementaire. Avec le Warr cultural and development Association (Wacuda), il ira jusqu’à faire des dons aux victimes de la tuerie de Ngarbuh, théâtre hideux de la crise anglophone. Réputé idéologiquement stable et très proche du peuple malgré son émergence, il avait surpris en 2020, en décidant de ne pas se représenter à l’élection législative de 2020. « Je ne marcherai pas sur le sang pour retourner au Parlement », avait-il déclaré au cours d’une conférence de presse, alors que sa réélection était presque acquise malgré les menaces des agitateurs sécessionnistes.
Dans les rangs du Sdf de manière générale, il est constant que Cyprian Awudu Mbaya nourrissait le rêve de voir son peuple marcher côte à côte avec les initiatives de développement, de voir tous les Camerounais jouir des droits égaux et inaliénables. C’est pourquoi il en avait contre tous ceux qui œuvrent pour la persistance de la crise dans le Noso.