Tension sociale

Comprendre le malaise des sous-traitants d’Eneo

Les prestataires réclament une dette de plus de 10 milliards Fcfa et entendent suspendre les travaux sur tout le réseau électrique national à partir du 10 mai 2023.
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Les entreprises prestataires de services auprès d’Eneo Cameroun sont en colère. Ces sous-traitants qui opèrent dans la maintenance du réseau électrique réclament une dette de plus de 10 milliards Fcfa à la société en charge de la distribution d’énergie au Cameroun. D’après ces Pme, il s’agit d’impayés qui datent depuis 2015 et d’autres factures qui relèvent de la période de transition entre Aes Sonel et Eneo. Réunis au sein de l’Organisation interprofessionnelle des sociétés de l’électricité et d’eau du Cameroun (Oriselec) qui regroupe environ 130 entreprises en activité sur le réseau à travers le pays, les prestataires font savoir qu’ils sont au bout du gouffre et ne parviennent plus à couvrir leur charge. « La marge n’étant pas grande, nos véhicules tombent en panne. On ne peut pas les renouveler. On ne paie pas nos personnels. On ne peut pas payer les cotisations sociales, les impôts. On devient des entreprises plus ou moins délinquantes, alors que le nœud du problème c’est qu’on n’est pas payé. Pour cette raison, les entreprises exigent le paiement des prestations », se plaint Simon Lapnet, le président de l’Oriselec.

Dans le chapitre des nombreuses récriminations contre Eneo, les prestataires sont mécontents de voir que cette entreprise procède à une réduction de prix de leurs prestations. Le volume de travail et les prix du matériel demeurant toujours en constante hausse. Les sous-traitants fustigent également le fait qu’Eneo les impose des « prix exorbitants » pour la formation de leur personnel qu’elle recrute de temps en temps, sans contrepartie et sans les en informer. « Nos personnels sont formés au centre d’Eneo à Ombe à des frais élevés. C’est nous les prestataires qui payons cette formation. Une fois bien formés, certains sont débauchés par d’autres entreprises et par Eneo elle-même sans notre avis », relève Paul Tchuembou, un sous-traitant. Suspension des travaux Les responsables de l’Oriselec (ancien Aselec, ndlr) déplorent dans le même temps, les suspensions abusives d’entreprises sous-traitantes. Leclou est cet appel d’offre lancé par Eneo, « dans l’illégalité », à en croire les sous-traitants. « Eneo avait envie de réduire disent -ils, les prestataires dans les services débranchements d’électricité de moins de 36 kv, mais l’objectif était qu’ils voulaient passer le coût de la prestation de 22500 à 4700 F. Cfa. Les entreprises ont refusé de participer à cause de ce prix. Alors, ils ont choisi des entreprises qui n’ont pas d’employés en sachant qu’ils vont faire arrêter les entreprises qui travaillent dans le domaine depuis 10 ou15 ans et les nouvelles entreprises recruterons le personnel pour faire ce travail », explique le président de l’Oriselec. Qui souligne que son organisation a aussitôt attiré l’attention du Ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, sur cette situation.

Le ministre de tutelle a demandé à l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) de suivre ce dossier. L’Arsel a annulé l’appel d’offre en question, mais les grévistes assurent qu’Eneo s’entête et défie l’Etat en maintenant son appel d’offre. Pour exprimer leur ras-le-bol, les entreprises membres de l’Oriselec ont décidé de suspendre les travaux sur les réseaux électriques à partir du 10 mai 2023 sur l’étendue du territoire national. L’avis d’arrêt de travail en circulation depuis plusieurs jours mentionne trois principaux points dans le volet des réclamations phares : non-paiement par Eneo des prestations exécutées, non-paiement par Eneo des arriérés, suspension abusive des entreprises sous-traitantes. Les grévistes entendent maintenir le mouvement Jusqu’à paiement d’une bonne partie de la dette sollicitée, la garanti que le reliquat sera payé et l’annulation de l’appel d’offre d’Eneo. Dans cet avis, l’Oriselec s’excuse d’avance auprès des utilisateurs sur les désagréments que pourrait causer cet arrêt de travail. Les membres de l’Oriselec notent en effet que près de 95% des travaux d’Eneo (branchements, entretien du réseau, construction de nouvelles lignes dans le pays, l’entretien …) sont effectués par les sous-traitants. Aussi, 80% de ces entreprises sous-traitantes travaillent exclusivement pour Eneo. Plusieurs Pme ont dû déposer le bilan, apprend-on. « Nous n’avons aucune intention de punir qui que ce soit. Notre espoir est que justice soit faite. Qu’ils reviennent à de bons sentiments pour que nous reprenons le travail », indique Simon Lapne

Mathias Ngamo Mouendé


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