Exutoire populaire, moment de stress pour la police. Le meeting public de Maurice Kamto, le président national du Mrc, sur l’esplanade du temple de l’Eglise évangélique du Cameroun, paroisse de Ndiangdam, ce samedi 20 août 2022, a bien commencé et s’est achevé dans la sérénité. Il était difficile d’en préjuger quelques heures plus tôt, malgré l’application du comité d’organisation et la publication même du récépissé de déclaration de manifestation délivré jeudi dans des conditions intellectuelles épiques. Les alentours du site, ainsi que la route nationale n°4, voie par laquelle le président du Mrc devait rallier Bafoussam, ont été dès le matin pris d’assaut par des éléments des forces de l’ordre, calmes visiblement mais imprévisibles selon les riverains. D’ailleurs, un mouvement du lanceur d’eau du Gmi a fait croire un moment, que les pouvoirs publics s’apprêtaient à réprimer.
Prévu pour démarrer à 13h, le meeting connaîtra un retard, pas seulement à cause d’un arrêt que le cortège a connu sur le chemin, du fait de quelques gendarmes zélés, mais aussi de la politesse. Il a fallu, plusieurs fois sur le chemin, s’arrêter encore pour saluer des fans sortis en nombre, parfois avec des banderoles comme à Bangangté ou Kamna, et se laisser ovationner. A partir de Bandjoun, c’est un cortège constitué de conducteurs de mototaxis qui a joué les sirènes pour ouvrir la voie. Le cortège présidentiel aura de la peine à circuler en ville, des hordes de sympathisants ayant décidé d’encercler le véhicule de Maurice Kamto et de marcher avec lui jusqu’à la place des cérémonies. Combien étaient-ils ? Plusieurs milliers de citoyens disciplinés et émus, qui savaient bien que les autorités attendent la moindre incartade pour siffler la fin du match. Ces derniers sont venus s’ajouter aux autres milliers de militants, venus de la ville par divers moyens ou des départements, à travers les délégations. Ils étaient debout ou assis, sous la coordination des responsables de leurs différentes unités politiques. Massés sur les deux côtés de l’entrée principale de l’esplanade de la paroisse Eec Ndiangdam, sous l’œil vigilant des volontaires chargés de la sécurité, appuyés par les forces de l’ordre et de sécurité en tenue ou non, ces militants ne se sont pas lassés d’attendre leur président pendant des heures. Le temps était clément.
Appelés à implanter les unités du parti
En installant ses nouvelles équipes, Maurice Kamto les a invitées à recruter de nouveaux « amis politiques » dans toutes les couches de la population. En résumé, c’est maintenant que leur travail commence. Les enjeux sont énormes pour le nouveau bureau de la fédération régionale dans la région de l’Ouest. Élu à la tête de cette fédération lors des récentes élections internes à ce parti politique en vue du renouvellement de ses organes de base dans cette région, Me André Marie Tassa, considéré comme son poulain, a officiellement pris fonction ce samedi. Leurs militants et sympathisants, qui sont partis de toutes les unités de cette région pour se retrouver à l’esplanade de la paroisse de l’Eglise évangélique du Cameroun de Ndiangdam, ont compris qu’ils doivent intégrer la discipline du parti.
Ce fut également l’occasion pour eux de marquer leur indéfectible attachement aux idéaux du parti et surtout leur adhésion à la vision de son leader. Ils se sont mobilisés, pancartes à la main avec des informations sur leurs unités, des branches d’arbre de la paix en main pour honorer ce rendez-vous marquant un nouveau départ à la tête de cette fédération régionale après l’élection par voie électronique des nouveaux dirigeants. En tenue du parti ou arborant des écharpes ou tous autres gadgets aux couleurs du parti, ces « artisans du changement dans la paix et par les urnes » ont massivement répondus présents. Dans un cadre un peu fermé comparativement à la place des fêtes, présentée comme lieu idéal pour un tel rendez-vous, les présents se sont laissé séduire par la présence de leur leader. Lui qui a dit être venu renouveler son engagement à œuvrer pour un changement pacifique au Cameroun, resserrer les rangs afin d’éviter tout vent contraire pouvant perturber le train de la renaissance dans la région de l’Ouest.
Cette mobilisation a sonné comme une interpellation pour le nouveau secrétaire général élu à la tête de la fédération régionale de l’Ouest, qui a parlé de « rendez-vous avec l’histoire de la marche pour la renaissance du Cameroun ». Dans une atmosphère à la fois ponctuée par des animations et la diffusion de divers messages, les militants ont fortement applaudi les paroles « de sagesse » de leur maitre politique. Maurice Kamto les a invités à être loyaux. « La loyauté au parti est le socle du militantisme », a-t-il insisté. Un principe déjà intégré par Me André Marie Tassa, chef de file des leaders installés. « C’est le jour de la signature du contrat de loyauté et de fidélité avec tous les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun dans la région de l’Ouest, ce 20 août 2022. Le jour du rendez-vous avec l’histoire. Cette histoire que nous voulons réécrire avec des actions positives, constructives et massives et avec intégrité sur les sillons de la renaissance afin que le changement dans la paix que nous clamons soit le levier de l’alternance pacifique pour l’émergence d’un Cameroun nouveau. Nous sommes en saison pluvieuse mais la chaleur de votre présence active et significative me galvanise. Elle me pousse à prendre un engagement fort, celui de ne jamais trahir le combat de la renaissance du Cameroun. Elle me commande de vous inviter à citer le célèbre écrivain Frantz Fanon qui disait Chaque génération découvre sa mission, elle l’accomplit ou elle la trahit », s’est engagé Me André Marie Tassa. « Nous sommes engagés à être proches des populations à travers une implantation rationnelle des unités dans tous les coins et recoins de notre région. Pour les questions électorales et référendaires, nous mettrons en mouvement des unités de veille afin de renforcer les inscriptions sur les listes électorales. Je tire un coup de chapeau pour ce que je vois déjà dans la Menoua », a ajouté le nouveau secrétaire général de la fédération régionale du Mrc à l’Ouest.
Loyauté au parti qui a boycotté les dernières élections
En quelques mots, Maurice Kamto a entretenu les militants de son parti sur les motifs réels du boycott des élections législatives et municipales de février 2020, décidé par le Conseil national du parti. Il ressort qu’en décidant de ne pas aller à ces élections, le Mrc a fait preuve en tant que parti politique de courage et de leadership, en acceptant de payer un prix politique élevé. Ceci dans le but de montrer qu’en toute circonstance, cette formation politique place l’intérêt de la nation et du peuple camerounais au centre de tout autre intérêt. Il va préciser qu’en prenant cette décision, le Mrc a ainsi évité une crise grave en son sein. Une crise née de la manière dont les investitures des candidats en vue desdites élections avaient été réalisées, créant des frustrations certaines.
En plus, selon lui, ce boycott a permis au parti d’éviter le piège politique tendu par le pouvoir-Rdpc. Face au refus de participer à ces échéances électorales, la pilule est jusqu’ici difficile à digérer. « C’est parce que nous avons évité ce piège-là que le régime furieux est devenu franchement féroce contre le Mrc. Sinon, comment un parti à qui nous avons laissé le champ libre pour gagner tous les sièges peut-il être celui-là qui chaque jour fustige le petit parti de n’avoir pas pris part à la mascarade électorale ? Comme dirait notre bon peuple pourquoi le Mrc porte son pantalon et ça sert le Rdpc ? Depuis plus de deux ans, ce parti n’a pas digéré la pilule de notre boycott dont l’approbation populaire a montré l’étendue de l’illégitimité de leurs élus. C’est pourquoi ils essaient de susciter dans nos rangs, quelques individus sans foi ni loi qui s’agitent dans tous les sens, profèrent des menaces, déversent des torrents d’injures. Je puis vous assurer : je supporterai toutes les insultes comme je le fais depuis 10 ans que notre parti existe. Mais je ne laisserai au grand jamais détruire le Mrc sans rien faire. Ce parti est le patrimoine de tous ses militants. Mais il est devenu bien plus que cela. Il est devenu un patrimoine politique national. Car, de nombreux Camerounais l’ont compris et l’ont adopté dans leurs cœurs. La renaissance pour laquelle nous nous sacrifions les uns les autres, c’est la renaissance nationale. Cette renaissance nationale telle que nous la comprenons au Mrc est fondée sur un socle de valeurs en l’occurrence la vérité, la réconciliation, la justice, la probité, la fraternité républicaine et la solidarité », a-t-il rappelé.
Le meeting s’est tenu sur cet espace appartenant à une église, face à la mairie de Bafoussam 1er, parce que le Conseil d’anciens de ladite paroisse a offert l’espace aux responsables régionaux du Mrc, que le sous-préfet par intérim de Bafoussam 1er, l’administrateur civil Tchuendem Gisèle épouse Kamdem et le maire de la ville, Roger Tafam, ont passé le temps à tourner en bourrique. Des indiscrétions proches des autorités régionales, il filtre que le pouvoir en place n’a jamais digéré l’erreur d’avoir permis le « meeting historique du Mrc » sur la place des fêtes de Bafoussam, dans le cadre de la campagne en vue de l’élection présidentielle de 2018 dont le leader de ce parti ne cesse de revendiquer la victoire. D’où l’expression « président élu ».