Le rapport du Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique centrale (Chrda), suite aux actes de traitement inhumains et dégradants concernant un militaire en service au bataillon d’intervention rapide (Bir) donne la sueur froide. Dans ce rapport, l’on apprend qu’un militaire du Bir connu sous le nom de ‘’Moja Moja’’ s’est doté d’une certaine cour martiale dans la ville de Buéa où il passe le temps chaque jour à infliger les traitements inhumains et dégradants aux hommes et femmes vivant dans cette ville. Dans ce rapport publié la semaine dernière, le Chrda révèle de nombreux cas de traitements inhumains dont des hommes et des femmes ont été victimes dans la région du Sud au cours de cette année, précisément de juin à novembre 2022. Au moins 40 cas d’actes de barbarie ont été recensés et certaines victimes présentent toujours les séquelles de traumatisme. Le rapport du Chrda explique que le mode opératoire de Moja Moja est inédit. Ce militaire procède à l’arrestation des personnes qu’ils soupçonnent d’être les complices des séparatistes. Une fois que les personnes sont arrêtées et détenues de manière forcée, elles sont torturées, tabassées au point où certaines ont perdu l’usage des parties du corps, suite aux actes de torture qui leur ont été infligés. Ces deux derniers mois, 11 cas de détention arbitraire d’hommes dans les lieux gardés secrets ont été dénombrés dans le rapport du Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique. Ces détentions violent toutes les lois nationales et Conventions ratifiées par le Cameroun sur le respect des droits de l’homme.
Le Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie que dirige l’avocat Agbor Balla relève que les multiples actes de traitements inhumains et barbares attribués à Moja Moja sont connus des autorités administratives et judiciaires de la région du Sud-Ouest. Ce militaire du Bataillon d’intervention rapide dispose également des moyens de transport logistiques qui lui permettent de déployer pour procéder aux arrestations « barbares » de personnes. Les multiples plaintes déposées dans les différentes instances judiciaires du Sud-ouest restent sans suite. Cette impunité laisse ainsi les populations dans un état de psychose générale surtout lorsqu’on sait que le Cameroun est un Etat de droit.
John Ewome Ekobo, dit Moja Moja, est chef traditionnel du village Bwassa dans le Sud-Ouest Cameroun avait procédé en début d’année à l’arrestation d’une femme enceinte présentée comme l’ex-copine d’un général séparatiste. La dame avait passé plusieurs mois en détention avant d’être libérée. En août dernier, un collectif d’avocats conduit par Me Amungwa Tanyi Nicodemus et Me Tamfu Ngarba a déposé une plainte au tribunal militaire de Yaoundé contre Moja Moja pour torture et abus de fonction. Quelques semaines après cette plainte, les avocats ont été convoqués au service central des recherches judiciaires du secrétariat d’Etat à la défense où ils avaient appris que leur plainte avait été transférée. Sauf jusqu’à ce jour, il est difficile de savoir le sort réservé à cette plainte, entretemps, les atteintes aux droits de l’homme ne font que se multiplier. Le Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique que dirige Felix Agbor Balla a saisi le Comité des Nations-Unies contre la torture.