C’est une image qui a fait le tour du monde suscitant des réactions contradictoires. En pleine crise Russo-ukrainienne et suite à la montée du prix de la baquette de pain sur le continent, Macky Sall, le président du Sénégal, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine (Ua), s’est rendu auprès de Vladimir Poutine. L’objectif était de demander au président de la Russie de ‘’faciliter l’exportation du blé ukrainien à partir du port d’Odessa’’. Pourtant, le continent a des terres arables à exploiter, a souligné en quelques mots, Eugène Nyambal de la Banque mondiale/Sfi dans sa note de prescription hier, au Palais des congrès.
Des images comme celles-là foisonnent ; aucun domaine n’est épargné. Connue pour sa richesse, l’Afrique est toujours présentée aux yeux du monde comme le terreau de la misère avec des qualificatifs peu honorifiques. Il est désormais question pour le continent de se repositionner autrement afin de se réapproprier ses valeurs pour se redéfinir dans le monde-global. Pour cela, il faut : « Sortir de l’esprit de dépendance pour affirmer une identité africaine. Nous n’avons pas élaboré notre propre corpus. Sur le plan culturel, on a tendance à aller vers le mimétisme. Sur le plan économique, les nations qui avancent sont celles qui sont assises sur leurs cultures. L’Ethiopie et le Rwanda sont des exemples aujourd’hui. Les langues locales sont utilisées comme moyen d’enseignement », a martelé Eugène Nyambal, hier au Palais des congrès dans le cadre de la Conférence internationale du Cerdotola. Et d’ajouter : « Quand je vois l’UA, on a tendance à copier l’UE. Tant qu’on n’évolue pas vers le fédéralisme, on ne pourra pas avancer. On doit se positionner comme pôle de création de richesse ».
Le continent a les moyens de décoller et de tracer sa propre voie de développement. Selon les intellectuels et experts, il faut : renforcer l’autonomisation et la sécurité de l’Afrique, moderniser le système de défense et renforcer l’intégration africaine avec une fine connaissance des différentes cultures. Dans sa nouvelle stratégie de développement, l’Afrique doit se réapproprier l’économie pour la remettre au service du bien-être des populations. « Avec la crise économique, on a remis des concessions dans plusieurs domaines. On va trouver des moyens de réappropriation d’une partie de ces entreprises. Il faut préparer certaines institutions à être actionnaires stratégiques dans certaines de ces entreprises », a recommandé l’expert.
Le directeur général des élections, Erik Essousse, dans sa communication intitulée : ‘’Evolutions structurelles pour le développement du Cameroun et de l’Afrique’’, est formel : « La clé du développement c’est l’esprit. Les Africains doivent entrer dans le cercle magique de la pensée. Est-ce que nos programmes éducatifs permettent à l’homme d’être un homme complet ? Pas suffisamment encore. On nous apprend l’histoire, la géographie, les mathématiques… C’est pour aller où. Quel est l’élément centralisateur de toutes ces sciences ? » s’interroge l’écrivain.
La conférence internationale du Cerdotola dont les assises visent à ériger une nouvelle pensée africaine, prend fin ce jour (25 au 28 octobre, Ndlr) avec la présentation du rapport et des grandes orientations et recommandations majeures pour les praticiens, les institutions et les décideurs.