Entretien

« Ça fait six mois que je voyage sans coach », Sarah Nana Hanffou.

 Médaillée de bronze à la récente Coupe d’Afrique de tennis de table à Naïrobi, le 6 mai dernier, la pongiste camerounaise de 37 ans, ancienne championne d’Afrique, a amélioré son classement mondial, passant de 132ème à la 92ème position ; rentrant ainsi dans le Top 100. L’avocate exerçant en France pose un regard sur les prochains défis, non sans évoquer ses difficultés.
Sarah Hanffou (1)

 

Après votre médaille de bronze remportée à Naïrobi en Coupe d’Afrique, le 6 mai dernier, à quoi vous attelez-vous en ce moment ?

Je suis rentrée du Kenya hier soir. J’ai travaillé toute la journée et je suis déjà en salle de sport pour faire ma préparation physique. Donc, je ne relâche pas d’efforts. Je suis très contente de cette médaille. Mais, c’est une étape. Je vais vraiment essayer d’aller plus loin. Cette semaine, j’ai un match de pros vendredi avec mon équipe. On est première en deuxième division en Pro B. On a ce match nous permettra de monter en première division. Donc, ce sera un bon match de préparation. Ensuite, je pars le 18 mai au Championnat du monde. J’y vais seule, sans coach et sans sparring-partner. Je vais livrer pas mal de matchs avant de partir et préparer des éventuelles stratégies. J’espère passer au moins un tour au Championnat du monde, parce que c’est très relevé. Mais, l’idée, c’est d’y aller et de faire le maximum et j’espère gagner au moins un match et après ça dépendra aussi du tirage au sort que j’aurai.

Quelles leçons avez-vous tirées de cette dernière Coupe d’Afrique en vue de mieux vous préparer pour les prochaines échéances ? 

J’ai fait filmer tous mes matchs et je travaille avec des personnes qui analysent les matchs de manière tactique afin de mettre en évidence ce qui a marché et ce qui n’a pas fonctionné. Toutes les vidéos sont déjà envoyées et je devrais avoir un retour avant le Championnat du monde. Je sais qu’il y a des choses qui n’ont pas très bien marché et j’ai pris un préparateur psychologique depuis cinq mois. Je crois que le travail fonctionne et je suis plus concentrée à la table, plus régulière et aussi plus cohérente dans mes choix. C’est super important, parce que ça fait six mois que je voyage sans coach. Etant toute seule à la table, je dois gérer mes émotions avec de bons choix tactiques. Physiquement, j’étais très bien sauf au dernier match où j’étais fatiguée. Je sais qu’il faut que je travaille au regard des compétitions qui sont longues. Et puis, techniquement, j’ai des améliorations que j’ai notées. En attendant le retour vidéo, je sais ce qu’il faut travailler les prochains mois. J’ai prévu de faire quelques compétitions au mois de juin au Nigeria, en Tunisie. Juste après le Nigeria la Croatie, la Slovénie et je ferai un petit break au mois de juillet. En août, je ferai un stage de préparation dans l’Ouest de la France afin de préparer au mieux les Championnats d’Afrique et si j’arrive à trouver le budget, j’essayerai de faire une compétition au mois d’août pour être prête pour la suite.

Pourquoi n’allez-vous pas en compétition avec votre coach ou alors l’entraîneur national du Cameroun ?

C’est parce que je finance seule ces compétitions. Je n’ai pas les moyens de payer les déplacements d’un coach. Depuis janvier j’ai dépensé 9700 euros (près de 6,5 millions FCfa, ndlr) pour participer aux compétitions. Je pars donc sans coach et personne avec qui m’échauffer avant les matchs. Je cherche sur place, mais parfois, je ne trouve pas. Les autres viennent avec leur coach et sont souvent plusieurs du même pays. Aussi, si les joueuses ne jouent pas en même temps que moi, elles ne vont pas venir à la salle seulement pour m’échauffer. Parfois je n’en trouve longtemps avant mon match.

Avez-vous déjà retrouvé la grande forme après l’opération de votre poignet ?

Je repars de là étant fière, avec beaucoup de gratitudes aussi. Ça été très dur ces trois dernières années, parce que j’ai dû me faire opérer deux fois du poignet et la première opération n’a pas du tout marché. J’ai fait des mois et de mois de kiné tous les jours et je n’ai pas récupéré l’intégralité de la mobilité de mon poignet ; ce qui me bloque sur pas mal de choses. J’ai dû changer ma manière de jouer ; de tenir la raquette ; changer de raquette. Ça été assez compliqué et je ne peux pas encore supporter une charge d’entraînement trop lourde à cause de ce poignet qui enfle encore quand je joue trop. Je suis un peu limitée. Mais, ça va beaucoup mieux.

Vous avez été soutenue pour parvenir à bien aborder cette Coupe d’Afrique de tennis de table à Naïrobi…

Ma gratitude aux sponsors que j’ai pu trouver pour financer mes compétitions internationales. Il y a la Fédération camerounaise de tennis de table et le président Alfred Bagueka, qui ont financé ma participation à la Coupe d’Afrique. Sans cela, je n’aurais clairement pas eu de médaille et forcément, je n’aurais pas fait 92ème mondiale aujourd’hui. J’en suis très reconnaissante. Et je sais que c’est une étape et il faut passer en dessous de la barre de 90ème mondiale.

Avez-vous un message à l’adresse des Camerounais et des autorités qui dirigent le sport au Cameroun ?

Je n’ai pas de message particulier. J’aimerais être soutenue pour la préparation des Jeux africains et la qualification pour les Jeux Olympiques (J.0). Je n’ai plus de budget après septembre. J’aurais dépensé tout mon budget. Toutes mes économies. Plus de 25 000 euros (près de 16,5 millions FCfa, ndlr). Ma qualification pour les J.0 et ma participation pour les Jeux africains seront peut-être bloquées pour des raisons financières. Pour l’instant, je préfère ne pas trop y penser, c’est très anxiogène. Beaucoup de pression. Je fais ce que je peux à mon niveau ; j’avance jour après jour.

Achille Chountsa

Author: Achille Chountsa

Passionné de sports et du travail bien fait

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