Le championnat d’Arabie Saoudite n’avait jamais connu une telle déferlante de stars. Après sa brouille avec Manchester United, le portugais Cristiano Ronaldo s’est engagé avec le club saoudien d’Al Nassr le 30 décembre 2022. Il touche 400 millions d’euros dont la moitié pour promouvoir la future candidature du royaume pour le mondial 2030 indiquait l’Afp. L’information avait été relayée par nos confrères du parisien le 9 janvier 2023. Depuis lors, les dirigeants saoudiens ne se sont pas arrêtés. Si le recrutement du quintuple ballon d’or s’est fait avec le départ de l’attaquant camerounais, Aboubakar Vincent, le championnat a vu arriver de nombreuses autres vedettes du football mondial. On peut citer entre autres : N’golo Kanté, le champion du monde avec la France, Karim Benzema en provenance du Real Madrid, Ryad Mahrez, champion d’Europe avec Manchester City, Seko Touré, Roberto Firmino, Edouard Mendy Kalidou Koulibaly…ou encore Sadio Mané il y a quelques jours.
Des stars quittent l’Europe
Courant juillet 2023, une délégation d’Al-Hilal était à Paris. L’objectif était de faire une offre folle à Kylian Mbappé. Mais le français ne souhaite pas quitter l’Europe. Avec des montants dépassant tout entendement, les majors du championnat d’Arabie saoudite (Al-Hilal, Al-Ittihad, Al-Nassr et Al Ahli), détenus pour 75% par le fonds souverain saoudien (Pif), un des plus riches au monde), veulent revaloriser le championnat local car l’Arabie saoudite veut se positionner comme un candidat sérieux à l’organisation de la Coupe du monde 2030. Le succès du Qatar, pays voisin, fait des émules car le football est devenu un instrument diplomatique et un soft power. Aujourd’hui, l’engouement autour du championnat saoudien est effrayant. Les médias se bousculent pour diffuser les matchs de ce championnat qualifié moyen il y a quelques années. Canal + vient d’officialiser l’acquisition des droits Tv de la Saudi Pro League pour les deux prochaines saisons à savoir :2023-2024 et 2024-2025. Ce contrat concerne la France ainsi que la zone Afrique. L’intérêt des diffuseurs est croissant : « Pour l’Angleterre, l’Allemagne et l’Autriche, c’est la plateforme de streaming DAZN qui a remporté la mise selon le Daily Mail. Un contrat d’une saison évalué à 500 000 dollars, précise nos confrères de sportbuzzbusiness.
L’argent sans limite
Un bouleversement du football mondial à coût de milliards déboursés à chaque fois pour s’attacher les services des meilleurs joueurs et « vider » le vieux continent des footballeurs d’un niveau certain. Même si le niveau, sur le plan de la compétitivité est en deçà de celui de l’Europe, son attractivité est davantage financière. « Dans tout ce que l’on fait dans la vie, c’est pour rechercher l’argent. Aujourd’hui, c’est le nouvel eldorado. Tous les footballeurs qui sont en fin de carrière veulent aller se ressourcer. Un footballeur qui signe 5 ans en Arabie Saoudite peut décider d’arrêter le football après parce que les contrats sont très bien », indique Jules Mpondo, ancien entraîneur d’As Fortuna. Et de préciser : « Ils cherchent l’argent de la retraite. Le championnat est compétitif aussi l’essentiel c’est de jouer. En Europe, les impôts coûtent chers. Quand vous touchez gros, on coupe gros. En Arabie Saoudite, c’est une porte ouverte. Il n’y a presque pas d’impôts », a conclu le technicien passé par la Guinée-Equatoriale.
Pour Yuan Belomo, entraineur de l’équipe première de Best Talent sports academy, l’Arabie saoudite a mis en place une stratégie marketing pour attirer les meilleurs afin de rendre son championnat plus compétitif en vue du mondial 2030. « L’Arabie saoudite prépare l’organisation de la Coupe du monde 2030. Les dirigeants veulent élever le niveau du championnat local et permettre à leurs joueurs d’avoir le niveau nécessaire. Pour attirer de la qualité, il faut débourser de l’argent. Et les saoudiens ne lésinent pas sur les moyens. Ils savent que ces grands joueurs vont apporter une plus-value. Le championnat européen ne peut pas perdre en qualité. Ceux qui vont là-bas sont en fin de carrière. Il y a un bon vivier en Europe ». Un avis partagé par David Pagou, l’ancien entraîneur de Public work department (Pwd) et d’Aigle royal de la Menoua. Pour lui : « Le métier de footballeur ne dure pas 30 ans. L’une des motivations c’est l’argent qu’ils doivent gagner. Autre chose, ce sont des trentenaires. Ils y vont pour finir leur carrière. L’Arabie saoudite veut développer son championnat à la suite de la Coupe du monde au Qatar qui a drainé beaucoup de personnes. Quand on entend Cristiano ou Benzema, on n’imagine pas ce que ça peut faire dans les gradins », explique le technicien. Et de marteler : « Les exigences ne sont pas comme en Europe où vous avez des matchs qui durent 90 minutes. Là-bas, les matchs ne sont pas aussi éprouvants. L’objectif est de vendre le championnat et ramener le public dans les stades. Pour les joueurs, c’est un eldorado financier ».
L’eldorado financier
Les entraîneurs avec lesquels nous avons échangé sont d’accord sur un point : ces départs ne consacrent pas la fin du football européen, contrairement à ce que clament certains. « Ce n’est pas la fin du football européen. Il y a des jeunes qui sortent du lot. Kylian Mbappe a refusé d’aller en Arabie saoudite parce qu’il a encore son avoir devant lui. Jude Bellingham n’a pas 30 ans. La visibilité du football européen ne fait l’ombre d’aucun doute », conclut David Pagou. La saoudi Pro league démarre ce jour avec l’affiche Al-Ahli Saudi # Al Hazm. Le Lion Indomptable, Léandre Tawamba, et Al Taawon se déplacent dimanche prochain au stade Prince Abdullah Bin Jalawi sports city pour la première journée. Le championnat saoudien va passer à un autre niveau avec des effectifs évalués à plusieurs milliards. Ce pays de 2,15 millions de Km2 de superficie rêve grand. L’objectif est d’intégrer au cours des prochaines années, le top 10 des meilleurs championnats du monde. D’autres stars sont dans la ligne de mire …