
Une scène d’exercice à Olembé, Yaoundé
Dresser les chiens est un véritable art ; un spectacle auquel les sportifs du camp sic Olembé ont droit tous les dimanches. Dès 8heures, le concert d’aboiements met la puce à l’oreille des disciples d’Euphon (dieu des sports, Ndlr). Une dizaine de jeunes, parfois sommairement habillés, tiennent fermement les laisses pour imposer la conduite à tenir aux chiens prêts à en découdre entre eux. Les dentitions renseignent à suffisance sur les différentes races en présence. Le bulldog et le German Shepherd sont facilement reconnaissables par leurs allures.
Malgré la menace apparente que représente ces carnivores physiquement en bonne santé, la foule s’amasse atour du stade du camp sic Olembé pour scruter les exercices en cours d’implémentation. « Ces chiens sont si gros qu’ils font peurs. J’aime les chiens et surtout les bulldogs car ils sont imposants », confie Onana Blaise Willy, couvert de sueur. Vers 9 heures, le décor change. Les 14 chiens sont mis en fil pour l’exercice de reconnaissance. Il consiste pour les différents chiens, à se faire face, les yeux dans les yeux, sous la diligence de jeunes éducateurs canin (communément appelés dresseurs de chiens, Ndlr). Ils reçoivent depuis quelques jours, des approches particulières d’Aboubacar Tchiatcheu, l’éducateur canin en chef.
25 ans au service des chiens
Le maître exerce cette activité depuis plus de 25 ans. C’est désormais à distance, qu’il donne des consignes à la jeune garde passionnée par l’activité de « dressage de chiens » ; un passage de témoin en préparation. « Le dressage des chiens prend de l’ampleur du fait des pertes liées au vol et à l’insécurité des biens et personnes. Lorsque vous disposez d’un chien dressé dans votre domicile, c’est plus rassurant grâce à ses capacités d’éveil naturel. Mais, il est plus rassurant de l’associer avec un gardien ». Et de préciser : « Le dressage du chien en lui-même consiste à l’éduquer ; on lui donne une certaine orientation de vie dès son bas âge. Cette éducation lui permet de respecter ceux qui vivent dans son environnement quotidien ».
Les chiens ne sont pas dressés de la même manière. Selon l’expert qu’il est devenu à force de côtoyer ces carnivores, plusieurs paramètres sont à prendre en compte : « Ça dépend de la race, de la capacité du chien à acquérir les informations et de ce que vous voulez que votre chien devienne. Si vous voulez par exemple que le berger belge, plus connu sous le nom de Malinois devienne un chien de ring, on peut commencer même à deux mois. Si c’est pour la garde locale, on peut commencer à partir de 6 mois quand les dents de lait tombent. C’est la meilleure race pour moi. Elle est intelligente et facile à dresser ».
Transmettre sa passion
Entre des mots « assis » ; « debout » ; « Pas toucher », les chiens sont soumis aux injonctions des jeunes éducateurs canins sous le regard étonné des curieux : « Le chien obéit comme un être humain », s’exclame un gamin impressionné mais serrant fermement la main de son géniteur. « Quand vous entendez que le chien a mordu quelqu’un ou manger son maitre, c’est parce qu’il n’a pas pu se maitriser. C’est pour éviter tout cela, que le chien est dressé. C’est l’école du chien qu’on appelle dressage », explique Aboubacar Tchiatcheu. Et de souligné : « Il y a des races de chiens qui n’aiment pas voir les enfants ramper comme les rottweilers. C’est très dangereux. Si vous formez cette race, elle va comprendre que c’est un enfant. Il va le protéger au lieu de lui faire du mal ».
Prenant de l’âge, Aboubacar Tchiatcheu, travaille à inculquer cette passion aux jeunes volontaires ; un héritage qu’il voudrait voir perdurer : « Cette activité t’amène à être posé face à certaine situation. Le chien m’a amené à être posé dans la vie. Je compte former de nombreux jeunes sur toute l’étendue du territoire. J’ai appris ce métier au sein d’une ancienne structure de gardiennage dans laquelle je travaillais ici à Yaoundé à l’époque. Grâce à l’évolution d’internet, je me suis perfectionné en acquérant d’autres techniques. Avec mon expérience et mes compétences acquises au fil du temps, j’ai la capacité de dresser toutes les races de chiens ».
Une activité à haut risque
Fier de cette activité qu’il exerce sans complexe, l’agent de propriété souligne qu’il faut avoir certaines exigences morales vis-à-vis des animaux et les êtres humains. Les difficultés sont nombreuses. Si les contrats se font rares auprès des clients, Aboubacar Tchiatcheu se réjouit de voir des jeunes s’intéresser à l’activité. Pour ce qui est du coût, le maître a une base connue d’avance. « Le prix de départ du dressage c’est 50 mille Fcfa. Un dresseur doit faire attention aux chiens. Mais, il ne doit pas avoir peur du chien. Il doit faire attention au chien parce qu’il peut détruire votre vie ; il peut vous paralyser. Il peut vous mordre aux points vitaux », prévient-il. Pour être sûr de la capacité du chien à cerner son environnement, il doit être dressé pendant 6 mois au moins.
Très connu dans la région du Centre, ce fils du septentrion dresse en moyenne 4 chiens par jour ; un ratio annuel impressionnant.