C’est un courrier qui vient acter ce départ que personne n’a vu venir. Dans une correspondance datée du 25 janvier 2023 à l’attention du secrétaire général des services du Premier ministre, Magloire Séraphin Fouda, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, informe ce collaborateur du chef du gouvernement du détachement de Modeste Mopa Fatoing, l’actuel occupant directeur des Impôts au Fonds monétaire international (FMI). « J’ai l’honneur de vous faire connaître que monsieur le président de la République a marqué son très haut accord pour le détachement de M. Mopa Modeste Fatoing auprès du Fonds monétaire internationale, pour une durée de 3 ans», indique la correspondance. Après un brillant passage de 10 ans à la tête des impôts camerounais ce haut cadre devrait, selon certaines indiscrétions, prendre la tête de l’administration fiscale au Fonds Monétaire International. Cet inspecteur principal des impôts, devenu en 2013 le plus jeune directeur général des impôts de l’histoire du Cameroun à 38 ans est à créditer d’un bilan plus que satisfaisant. Sous sa houlette, les recettes non pétrolières collectées par le fisc ont franchi la barre de 2000 milliards de FCFA au cours de l’année 2022. Une grande première pour le Cameroun. Pour signer ces performances historiques, Modeste Mopa Fatoing a initié plusieurs réformes afin d’optimiser la collecte des recettes fiscales dans le pays.
Parmi ces réformes, l’on peut citer la digitalisation des services, qui réduit au maximum le contact entre les agents du fisc et les contribuables ; la création ou la réorganisation des structures spécialisées pour le suivi des PME et grandes entreprises ; le transfert de la collecte de certaines taxes aux entreprises (compagnies aériennes et d’assurances) ; la montée en puissance du Mobile Money dans le paiement des impôts, etc. Si toutes ces réformes ont permis au fisc de mieux renflouer les caisses de l’État, elles ont par contre été très mal perçues par une frange d’opérateurs économiques, qui n’ont eu de cesse d’accuser Modeste Mopa de harcèlement fiscal. Dans une lettre incendiaire adressée au président de la République le 16 janvier 2020, le président du Gicam, la plus importante organisation patronale du pays, avait même demandé au chef de l’État le limogeage de Modeste Mopa, accusé par Célestin Tawamba de sacrifier l’entreprise à l’autel de la recherche des performances fiscales. On se rappelle aussi de la passe d’armes épique entre Modeste Mopa et un promoteur de télévision national qui a débouché sur une action en justice encore loin d’être soldée.