« Nous voulons la vérité » Haman Mana, le président de la Fedipresse
Nos forces de sécurité disposent de tous les moyens pour pouvoir savoir ce qui s’est passé. Dans la ville de Yaoundé il y a des milliers de caméras. Selon les indiscrétions, des choses ont été filmées. C’est quand même devant une brigade que le rapt a eu lieu. Je pense qu’il y a la possibilité d’obtenir justice dans cette affaire. La première pression était d’obtenir des autorités de prendre l’engagement à rendre la justice. Cette garantie a été prise. La fédération des éditeurs de presse continue son travail d’interpellation afin que le plus tôt possible que le public soit informé sur ce qui s’est passé. Notre garantie c’est la parole des autorités et les éditeurs de presse commencent à penser que les choses peuvent aller dans le bon sens. Nous voulons juste la vérité ».
« Subir un tel sort est inadmissible » Richard Onanena, journaliste Kalak fm et correspondant Rfi
Soyons honnêtes. Tous les journalistes dans ce pays ont désormais peur. On ne peut imaginer qu’en 2023, une personne puisse subir un tel sort parce qu’il disait des choses ; qu’elles soient bonnes ou pas. Je pense que la punition est très dure. C’est difficile de supporter un tel acte. Nous ne pouvons pas accepter cela. Nous demandons à ceux qui nous gouvernent de faire en sorte que, nous soyons libres et en sécurité dans l’exercice de notre travail au quotidien.
« Une terreur à l’endroit des journalistes » Christophe Bobiokono, patron de presse
Nous sommes arrivés ici au ministère de la Communication à la suite de la disparition dans les conditions brutales de Martinez Zogo. Le ministre qui nous a reçus de manière spontanée a anticipé sur l’objet de notre visite dans ses services. Il a d’abord précisé les divers communiqués publiés par rapport à la situation, en disant qu’il n’a été informé des circonstances de la mort de Martinez Zogo le 22 janvier, qu’après avoir saisi la police et la gendarmerie. Le ministre est sur la même longueur d’onde avec les éditeurs de presse. Nous sommes allés lui dire que non seulement c’était une première qu’un journaliste soit enlevé et tué dans les conditions inhumaines, mais aussi qu’il y a une sorte d’installation de la terreur à l’endroit des journalistes exerçant à Yaoundé, parce que les images de la dépouille de Martinez Zogo montrent quelqu’un qui a été tabassé, brulé, mutilé, déshabillé. Depuis que notre pays est en crise sécuritaire dans les régions de l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, on n’avait pas encore vu une telle atrocité. Ce genre de crime ne doit pas rester impuni.
« L’ère de l’escadron de la mort » Jean-Bruno Tagne, journaliste naja télévision
Que ce soit la manière ou l’assassinat en lui-même, tout cela est absolument choquant et inacceptable, que dans un pays comme le nôtre, on enlève un journaliste et qu’on l’assassine par la suite de manière aussi barbare. On n’avait pas vu cela depuis. On a l’impression qu’aujourd’hui, c’est une escalade. Le Cameroun est en train d’inaugurer l’ère de l’escadron de la mort où on envoie des types assassiner ceux avec qui on n’est pas d’accord. Le message qui est envoyé à travers l’assassinat de Martinez Zogo est un message de peur qu’on veut instiller au milieu des journalistes et de ceux qui ont décidé de ne pas se taire face à la forfaiture que l’on observe dans ce pays. Je voudrais modestement demander aux confrères et à tous ceux qui rêvent d’un autre Cameroun, que ce n’est pas le moment de céder à la peur ; ce serait faire le jeu des bourreaux. On ne peut pas être dans un pays où d’honnêtes citoyens doivent avoir peur des criminels et des corrompus. Non. Je pense que céder à la peur c’est montrer que Martinez Zogo est mort pour rien. Martinez est mort parce qu’il dénonçait un certain nombre de choses qui se passent dans ce pays ; il pensait que notre pays mérite mieux. C’est pour cette raison qu’on l’a tué.