Assassinat de Martinez Zogo

La société civile annonce des plaintes contre l’Etat

Des leaders de partis politiques et d’Ong exigent par ailleurs la mise en place d’une commission d’enquête spéciale et indépendante, et invitent les populations de Douala à se vêtir en noir demain et vendredi pour protester contre les tortures et meurtres de journalistes.
opposants-politiques

L’enlèvement et l’assassinat du journaliste Martinez Zogo est perçue par plusieurs acteurs de la vie publique camerounaise comme un acte odieux de trop. Mieux, ce « crime crapuleux » est la goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase. Du moins, cette barbarie vient rappeler aux Camerounais que nul n’est à l’abri de violences arbitraires comme celles infligées au chef d’antenne de la radio Amplitude Fm sise à Yaoundé, et, avant lui, à Samuel Wazizi, Mimi Mefo, Ahmed Abba, Théodore Tchopa et David Eyengue du quotidien Le Jour, etc. Edith Kahbang Walla du Cameroon People’s Party (CPP), Albert Moutoudou de l’Union des Populations du Cameroun (Upc), Sam Mbaka de l’Alliance des Forces Progressistes et Djeukam Tchameni du Mouvement pour la démocratie et l’interdépendance (Mdi) sont eux aussi de cet avis. Hier, lundi 23 janvier 2023, au lendemain de la découverte du corps inerte de notre confrère Martinez Zogo, enlevé quelques jours plus tôt par des individus encagoulés non identifiés jusqu’ici, ces quatre leaders politiques ont organisé, à Douala, une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils ont précisé leur position commune sur cette affaire, qui promet bien des rebondissements. L’alliance ainsi formée autour d’Edith Kah Walla a demandé, entre autres, la mise en place dans l’urgence et dans les délais, d’une commission d’enquête spéciale qui devrait travailler en toute indépendance et livrer les résultats de ses travaux sous quinzaine. Les quatre leaders sont rejoints dans leur dynamique par onze autres acteurs de la vie publique camerounaise, pour la plupart des hommes et femmes de la société civile.

Arrêter les auteurs

L’on retrouve dans la liste des adhérents à cette initiative, maître Alice Nkom, défenseure des droits de l’homme, Philippe Nanga de l’Ong Un Monde Avenir, ou encore Hiram Iyodi du Mouvement patriotique pour la prospérité du peuple. Soit au total cinq leaders pour le moment. Et la liste n’est pas exhaustive, préviennent les initiateurs du mouvement. La Commission spéciale indépendante dont le Collectif appelle la mise en place de tous ses vœux, devrait comporter un expert reconnu en criminologie, qui en assurera la conduite des travaux, un membre de la profession judiciaire, un membre du clergé, un journaliste d’investigation et un membre de la société civile. Les conclusions de son rapport devraient conduire à « l’arrestation immédiate des auteurs de ce crime crapuleux », précise la déclaration de Douala. L’assassinat de Martinez Zogo offre l’occasion au collectif de formuler un énième plaidoyer en vue de la libération de « toutes les autres personnes détenues arbitrairement et victimes de procédures judiciaires illégales et inéquitables ». D’ailleurs, les intimidations et les violences multiformes à l’égard des citoyens qui osent exiger la transparence et la bonne gouvernance doivent cesser immédiatement. « Nous réaffirmons notre détermination à résister et à ne pas céder à la peur », déclarent les leaders. Pour exprimer leur indignation, les Camerounais de tous bords et quelle que soit leur ville de résidence, sont appelés à « user de tous les moyens non-violents possibles pour agir contre les auteurs de ces abus et actes inacceptables ».

De avocats se mobilisent

Les citoyens sont dès lors invités à se vêtir en noir ce mercredi 25 janvier 2023 « en signe de solidarité et de protestation et en soutien aux journalistes meurtris, emprisonnés et en danger », d’une part, et d’autre part, le vendredi 27 janvier « pour toutes les victimes de l’injustice et l’arbitraire qui tuent chaque jour ce pays ». Pour mémoire, Martinez Zogo, journaliste connu à Yaoundé pour son émission de grande audience « Embouteillage », diffusée sur Amplitude Fm, a été enlevé dans la soirée du 17 janvier devant le poste de gendarmerie de Nkol-Nkondi. Son corps a été retrouvé cinq jours plus tard du côté d’Ebogo III, près de Soa, dans la banlieue de la capitale politique. La dépouille nue comme un ver de terre présentait des signes de violences, de tortures, voire de mutilations, à en croire les premières personnes arrivées sur le lieu. Plusieurs proches du défunt, y compris ses collègues, soutiennent que l’assassinat de Martinez Zogo a un lien avec ses dénonciations à répétition des scandales de mauvaise gouvernance, dont la gestion calamiteuse de la dernière Coupe d’Afrique des Nations de football, CAN TotalEnergies Cameroon 2021, n’est qu’une illustration. « L’équipe des avocats est déjà au travail. Ce qui est intéressant c’est qu’avant que ce meurtre n’ait lieu, les avocats travaillaient déjà sur comment amener l’Etat du Cameroun en justice en ce qui concerne la gestion des finances publiques. Donc le meurtre qui est étroitement lié à cette gestion des finances publiques, vient nous donner plus d’énergie et mettre l’accélérateur, et peut-être aussi multiplier les plaintes qui vont être portées à l’endroit de l’Etat du Cameroun. C’est notre argent, ce sont nos vies. On ne peut pas permettre que ça continue comme ça. », a martelé Kah Wallah.

Théodore Tchopa


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