Alexandre Song : « Landry va me manquer »

Dschang, le 17 août 2024. Alexandre Song, s'inclinant devant la dépouille de son ami

 

 Plusieurs personnes n’ont pas résisté à écraser une larme au cours du témoignage poignant de l’ami proche et coéquipier chez les Lions Indomptables, depuis la jeunesse aux obsèques de Nguemo à Dschang samedi dernier.

J’ai le cœur meurtri, parce que je ne savais pas que je ne savais pas que c’est comme ça que ça devait se passer aujourd’hui. Je ne devrais pas être devant vous parlant de mon frère au passé. Landry et moi, notre histoire a mal commencé, parce que je le connais depuis 2001. On était tous jeunes. Lui était à Nancy. Moi, je jouais à Red Star à l’époque. On jouait au milieu de terrain dans des clubs différents. On se croisait sur le terrain et il me faisait des misères. Je disais toujours : « C’est qui ça ? Chaque fois que j’ai le ballon, il le récupère ». A la fin du match, j’allais vers lui et il me dit qu’il est Camerounais. Je lui dis alors : « C’est mon frère camerounais qui me rend la vie dure sur le terrain de football. Il fallait me laisser passer ».  Il me répond : « Non, je ne peux pas te laisser passer. Après, on va se réconcilier ». Depuis ce jour-là, on a commencé à s’appeler « La Mif ». Deux ans plus tard, nous avons participé à la Can cadet ensemble et nous avons gagné. La Mif était quelqu’un de très humble, à l’écoute de tout le monde. Il était toujours un rassembleur. C’est lui qui savait me guider. Ceux qui me connaissent savent que j’ai un tempérament pas facile. Mais, c’était la seule personne qui savait me calmer. C’était le seul qui me connaissait le mieux que tous les autres. Ce que je ressens aujourd’hui, je n’ai même pas les mots. Ce que nous avons vécu n’a pas de prix. Parfois, on restait au téléphone de 20h à 2h et nos épouses étaient jalouses.

Je suis venu à Dschang pour la première fois. Landry m’a dit : Je veux faire quelque chose pour ces populations, pour mon village. On avait un projet. Ce n’est pas comme ça qu’on devait se voir ici aujourd’hui. Il devait être là pour présenter ce qu’il voulait faire à sa population et moi, je serais derrière lui. Malheureusement, je viens devant vous, sans mon frère, en parlant de lui au passé. Mais, ce que ce monsieur a partagé avec moi n’a pas de prix. La dernière fois qu’on s’est vu, il était chez moi et il est resté dix jours.

La Mif, je ne te reverrai plus jamais. Tout ce qu’on a fait ensemble. On a été jeune ensemble ; on n’avait pas d’enfants ensemble ; on a fait des enfants ensemble ; on a construit ensemble ; on jouait au même poste ensemble. Ce que j’ai dans le cœur n’a pas de prix. Il est parti. Je n’ai pas de forces. Landry va me manquer et il va manquer aussi à sa femme. Je sais l’importance qu’elle avait à ses yeux. Sa femme et ses enfants étaient tout pour lui. Il m’a dit : Je vais chercher la femme. Ça fait 10 mois que j’ai laissé ma femme et les enfants. Il faut que je les amène voir ce que j’ai fait. Je luis disais toujours, à force de faire des choses quand tu n’es pas là, c’est difficile. Je suis l’une des personnes qui l’a poussé à venir. Il faut que tu sois là pour que les choses marchent. Quand il est venu, il m’a dit : tu avais raison. A distance, je n’y arrivais pas. Maintenant, je suis là ; j’ai fini. Et maintenant, il faut que madame et les enfants viennent voir. Malheureusement, mon frère ne verra jamais ce qu’il a fini avec sa femme et ses enfants. La seule chose que je vais dire, c’est que : Hélène (épouse Nguemo, ndlr), s’il te plaît, sois forte pour les petits. Je sais que le père aussi, les frères, les sœurs ont perdu quelqu’un. Soyez forts, même si ça ne va pas être évident. Soyons forts tous ensemble et que le Seigneur veille sur lui, là où il est. Landry pour tous ceux qui ne le connaissaient pas, était quelqu’un de formidable.

Achille Chountsa

Author: Achille Chountsa

Passionné de sports et du travail bien fait

Achille Chountsa

Passionné de sports et du travail bien fait


Commenter

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs requis sont indiqués *


A Propos

Le jour est un quotidien d’informations générales fondé en 2007.
« Faire voir, faire savoir, faire parler, faire comprendre » est le leitmotiv de ce journal qui insiste sur une information vérifiée, sourcée et documentée. Une large place est donnée à l’information économique et sportive. Un soin particulier est accordé aux portraits et le but final est d’apporter sa « patte » à l’écriture de « l’odyssée camerounaise ».

NOUS CONTACTER

NOUS APPELER



Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez des infos exclusives.



    Catégories


    Achille Chountsa
    Author: Achille Chountsa

    Passionné de sports et du travail bien fait