Médecine du sport : comment la discipline médicale accompagne les sportifs

le médecin Gojanovic

 L’hôpital de La Tour en Suisse, accrédité par Swiss Olympic Medical Center, offre une prise en charge spécialisée aux athlètes de tous niveaux, incluant la gestion des blessures et l’optimisation des performances, tout en alliant soins, prévention et conseils adaptés. Immersion.

Les rayons de soleil inondent les artères de l’Avenue Jacob-Daniel Maillard de Meyrin, une commune paisible du canton de Genève en Suisse. Le 4 juin 2024, en plein été, premier mardi de ce mois, il est 14 h et quelques minutes, et une ambiance calme règne à proximité de l’hôpital de La Tour. Accessible par la ligne 18 du tramway ainsi que par les lignes d’autobus 57, 67, 68 et 71 à partir de la station Meyrin, cet établissement hospitalier privé est situé dans une zone tranquille et huppée de la partie romande de la Suisse.

Cet hôpital, réputé pour ses services de qualité, est une référence en soins pour athlètes. C’est ici que vient Georges, un jeune patient accompagné de ses parents, pour soigner une douleur à la cuisse qui s’apparente à une lésion musculaire. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. La famille se gare au parking P3 avant de se diriger vers le bâtiment B2, également dénommé « bâtiment du mouvement », où se trouve le centre de médecine. Le choix du nom de ce bâtiment reflète les mouvements des patients qui se croisent ici en permanence. Le décor dès la réception est accueillant, avec un ornement moderne, des murs aux couleurs vives, et enjolivés d’images de sportifs.

Le jeune homme et ses parents rejoignent la salle d’attente, où ils prennent place. D’autres patients y arrivent et s’installent. On compte une dizaine de personnes qui ont pris rendez-vous avec le Dr Boris Gojanovic, déjà dans son bureau. Quelques minutes après, la porte s’ouvre et le médecin apparaît avec un sourire rassurant et un regard attentif. Sa secrétaire annonce le premier patient. Georges et ses parents entrent dans le cabinet. La consultation peut alors commencer. Le Dr Gojanovic nous autorise à y prendre part.

Prise en charge des blessures…

Georges raconte. Tout a commencé pendant le championnat vaudois des petits à Lausanne. Le dimanche suivant, il a ressenti une douleur aiguë à la cuisse. « C’était tellement fort que je n’arrivais même pas à monter les escaliers », explique-t-il, la voix légèrement tremblotante. Son père intervient et explique les actions entreprises pour soulager la douleur: « On a essayé des exercices de pression, mais ça faisait trop mal. » Le Dr Gojanovic, écoutant attentivement, prend des notes et pose des questions précises sur la manifestation de la douleur, son intensité et son évolution.

Après cette étape, le médecin se servant d’un appareil d’échographie, examine la cuisse de Georges et le soumet à certains exercices pour bien localiser la douleur. « La médecine du sport, c’est bien plus que traiter des blessures », explique le médecin, expert en la matière depuis une vingtaine d’années. « Nous établissons un diagnostic rapide et précis, puis nous dressons un plan thérapeutique complet. Notre objectif est de permettre aux athlètes de retrouver leur niveau de performance », poursuit-il.

 Cette spécialité, un espoir…

Après l’examen, les nouvelles sont plutôt bonnes. « C’est une petite contraction musculaire. Lors de ton échauffement, quelques fibres ont été sollicitées, mais ça va aller vite. Par rapport à ta compétition du championnat d’Europe, je pense qu’il n’y a pas trop d’inquiétude. Bien sûr, il faudra suivre les recommandations », lui précise le médecin. Alors que la consultation tire à sa fin, Georges pousse un ouf de soulagement. Ses inquiétudes s’estompent grâce à l’expertise de l’équipe médicale de l’hôpital de La Tour. Il peut reprendre les entraînements et se préparer pour sa compétition dans les semaines à venir. Le médecin lui prescrit un programme de physiothérapie et de souplesse avec des conseils pour éviter de futures blessures. « Cette semaine, commence par un jogging léger, et écoute ton corps », le conseille-t-il.

Après sa consultation et son diagnostic, Georges va céder sa place au patient suivant. Pendant que le médecin poursuit les consultations, sa secrétaire, assise parmi les sécrataires d’autres medecins du sport de l’hôpital, est devant un ordinateur, répond aux appels des patients et leur communique certaines informations. En parallèle, elle envoie des mails à d’autres, soit pour leur communiquer les résultats des examens, soit pour renouveler l’ordonnance de certains patients suivis par le Dr Boris Gojanovic, et même pour fixer des rendez-vous avec le médecin spécialiste. « On reçoit des retours de physiothérapeutes, il faut traiter les mails, et le docteur continue le suivi. Ensuite, il y a des coups de téléphone que le docteur passe selon les cas de blessure de ses patients et les examens qu’ils ont réalisés entre-temps », explique-t-elle, très concentrée sur son ordinateur.

Optimiser les performances…

Les patients arrivent dans cette clinique par diverses recommandations. « Certains sont recommandés soit par des clubs sportifs, des parents échangeant des conseils sur le suivi de leurs enfants, ou même des adultes. D’autres sont recommandés par leur médecin de famille qui sollicite l’avis d’un spécialiste en médecine du sport selon les problèmes rencontrés. Enfin, d’autres patients appellent directement le centre de médecine du sport sans avoir de recommandation préalable mais souhaitant être suivis dans notre hôpital », explique la secrétaire.

Crédit photo : Hôpital la Tour.

Le centre de médecine du sport de l’hôpital est accrédité « Swiss Olympic Medical Center », un label proposant aux sportifs d’élite un service complet de consultation en médecine du sport, attestant de son expertise dans la prise en charge d’athlètes de tous niveaux. Le Dr Gojanovic et ses collègues sont spécialisés dans la gestion des blessures et des affections musculosquelettiques. Ils traitent des cas allant des entorses aux tendinopathies en passant par des commotions cérébrales.

Inauguré en 2018, l’hôpital de La Tour se distingue par ses installations modernes. Le bâtiment B2, où se déroulent les consultations, regroupe toutes les spécialités nécessaires à la prise en charge des sportifs : médecine, physiothérapie, radiologie et chirurgie orthopédique. « Que vous soyez un sportif amateur ou professionnel, notre objectif est de vous offrir un suivi de qualité », souligne le Dr Gojanovic. Mieux, l’hôpital met un point d’honneur à prodiguer des soins adaptés à chaque patient, qu’il soit un athlète en herbe ou un sportif d’élite. La prise en charge va au-delà du simple traitement des blessures. Les médecins travaillent également sur la prévention et l’optimisation des performances, en offrant des conseils sur l’entraînement, l’alimentation, ainsi que la récupération. D’autres établissements, comme l’hôpital Universitaire de Genève (HUG), l’hôpital Orthopédique de la Suisse Romande (HOSR), la clinique La Colline, la clinique de Valmont et l’hôpital de Fribourg, offrent également des soins adaptés aux sportifs en Suisse, tout comme l’hôpital de La Tour, qui accueille au service de médecine du sport environ 20 000 patients par an.

*nom d’emprunt

 

           Portrait

 

La médecine du sport au chevet de sa carrière 

 

Rémi Cuche. À seulement 23 ans, le skieur alpin suisse, neveu de la légende Didier Cuche, travaille dur pour surmonter une grave blessure au genou subie en janvier 2024.

Photo: Rémi Cuche

Le skieur alpin suisse Rémi Cuche 23 ans, revient peu à peu depuis le mois de septembre sur les montagnes et la neige. Malgré qu’il ait   subi une grave blessure en janvier 2024 lors de son deuxième entraînement sur la célèbre piste de Kitzbühel, il n’a qu’une seule envie: participer à la nouvelle saison, avec les premières courses prévues en novembre et décembre. « Je vise un retour pour la prochaine saison, mais cela dépendra de ma progression », dit-il.

Rémi, neveu de Didier Cuche, légende du ski alpin et recordman de victoires sur la Streif, tire de cet héritage une motivation supplémentaire. Rencontré en juin, il s’entraîne à l’office fédéral du sport à Macolin (OFSPO), qui surplombe le lac de Bienne, à 900 mètres d’altitude. Ce jour-là, il n’est plus sur ses béquilles rouge vif. Après une série d’exercices de réhabilitation combinant physiothérapie et phytothérapie pour renforcer son genou blessé, son visage témoigne certes la fatigue, mais aussi une volonté palpable. « Il y a des hauts et des bas, des jours où le genou va bien et d’autres où ça coince, mais je fais avec », confie-t-il. Pour lui, le ski est sa passion et il ne compte pas abandonner.

Une 3ème douleur intense…

Début janvier, le Neuchâtelois décroche son premier podium en Coupe d’Europe et se prépare à débuter sur la Streif. Il s’était rapproché de son oncle pour observer les endroits stratégiques afin de se positionner correctement. « Le premier entraînement s’est bien passé », affirme-t-il. Cependant, le 17 janvier, alors que la finale se jouait le lendemain, Rémi décide de skier de manière plus engagée pour se qualifier pour la vraie course. « Après une vingtaine de secondes, juste avant le fameux Steilhang, une bosse crée une compression. Je me suis retrouvé en appui dans un angle pas idéal pour mon ligament croisé. Le genou a lâché avec une déchirure du ménisque. J’ai ressenti une douleur intense », raconte-t-il. L’hélitreuillage (operation de secours et de sauvetage effectuée par un hélicoptère en zone difficile pour évacuer une personne en détresse) s’ensuit, suivi d’un diagnostic sévère: déchirure partielle du ligament croisé antérieur gauche; hélas, sa saison interrompue!

Rémi, bien entouré par un bon encadrement professionnel et le soutien de son célèbre oncle, considère cette blessure comme un coup de malchance. « Dans ce sport, c’est la piste la plus dangereuse du circuit, donc il faut faire avec ce risque. » Rémi est opéré le 5 février par le chirurgien Olivier Siegrist, le même qui s’est occupé de son oncle une vingtaine d’années plus tôt. Ce moment était d’autant plus difficile à vivre pour lui, car il réalisait son « plus grand rêve de gosse » en skiant sur la Streif.

Crédit photo : Emilie Ridard. Echange avec Remi Cuche

Médecine du Sport, une magie…

Avant sa blessure, Rémi était toujours pris en charge par une kyrielle de professionnels qui réalisaient des batteries de tests régulièrement, avec un médecin généraliste pour interpréter les résultats. Pour lui, la médecine du sport va au-delà de la réhabilitation physique; elle inclut également un soutien psychologique. Ayant subi sa première blessure à 18 ans, la deuxième à 19, et la troisième à 23, il n’a jamais hésité à consulter un psychologue du sport. « Lors de ma deuxième blessure, j’ai vraiment été remonté par un psychologue du sport, j’étais très mal », affirme-t-il. « Chaque blessure me fait réfléchir. J’ai appris à gérer mes peurs et à renforcer ma confiance. » Son réseau de soutien, comprenant des nutritionnistes et des coachs, est essentiel pour lui assurer de belles performances et une carrière de skieur réussie, malgré les blessures et autres perturbations.

 

 Interviews 

 

«Les blessures chez les athlètes: entre traumatismes et surcharges»

 Dr Boris Gojanovic. Le médecin du sport et président de la Sport & Exercise Medicine Switzerland (SEMS) souligne l’importance cruciale de la médecine du sport.

 

Crédit photo : Émilie Ridard

 

Comment faire comprendre la médecine du sport avec près de 20 ans d’expérience en tant que docteur spécialisé dans cette discipline?

 La médecine du sport est souvent perçue comme étant réservée aux athlètes de haut niveau, pourtant elle s’applique en réalité à tous. Elle ne se limite pas aux blessures sportives; elle englobe également le mouvement en général. Initialement développée pour répondre aux besoins des athlètes sur le terrain, cette discipline vise à les remettre rapidement en forme après une blessure. Aujourd’hui, nous comprenons qu’elle est tout aussi pertinente pour des individus de tous âges, comme une personne de 60 ans qui doit se relever après une chute. Notre rôle ne se limite pas à poser un diagnostic. Nous devons aussi identifier les causes sous-jacentes des blessures afin d’éviter les récidives et d’optimiser les performances.

 Quelles sont les principales causes de blessures chez les athlètes?

 L’analyse des blessures nécessite une approche multifactorielle. Il est essentiel de considérer si l’athlète a subi trop de fatigue ou d’entraînement, si des situations de jeu évitables ont eu lieu, ou si l’équipement était adéquat. Les conditions du terrain, l’encadrement sportif et la qualité de l’entraînement sont également des éléments cruciaux. La mise en place d’un traitement adéquat nécessite une approche interdisciplinaire. Nous travaillons en équipe, associant médecins, physiothérapeutes, psychologues du sport et nutritionnistes, pour offrir un encadrement optimal aux athlètes. La prévention des blessures est un autre objectif clé bien que certaines blessures soient inévitables, nous cherchons à réduire leur fréquence grâce à des pratiques d’entraînement améliorées et à un renforcement de la préparation physique.

Comment les blessures peuvent-elles subvenir en fonction des différentes disciplines sportives?

 Chaque sport a ses propres contraintes biomécaniques, ce qui explique le type de blessures rencontrées. Par exemple, au rugby, on observe davantage de commotions et de problèmes neurologiques, tandis que le basketball enregistre moins de ces cas, mais présente des entorses de la cheville et du genou. Dans l’athlétisme, les blessures de surcharge, comme les tendinites et les fractures de fatigue, sont plus fréquentes. Il est crucial pour nous, spécialistes de la médecine du sport, de comprendre la biomécanique de chaque activité pour anticiper les blessures potentielles. Je peux souvent prédire les types de blessures simplement en observant les mouvements d’un sport que je ne connais pas.

 Quel rôle joue la collaboration entre médecins du sport et athlètes dans l’amélioration de la performance?

 La collaboration est essentielle dans le domaine sportif, surtout compte tenu des blessures spécifiques à chaque discipline. Prenons l’exemple d’une jeune grimpeuse ayant consulté pour des problèmes liés à une mauvaise répartition de son entraînement. Grâce à un travail d’équipe interdisciplinaire incluant médecins, nutritionnistes et psychologues, nous avons pu ajuster son programme d’entraînement et sa nutrition. Après un an, elle a atteint le top dix mondial. Les blessures ne proviennent pas seulement de traumatismes, mais aussi de surcharges. La clé réside dans l’ajustement de la charge d’entraînement tout en renforçant la capacité physique. Une philosophie de travail commune entre les différents professionnels est essentielle pour optimiser la prise en charge. Malheureusement, certains travaillent en silo, ce qui complique la collaboration. Cependant, ceux qui comprennent l’importance du travail d’équipe peuvent contribuer significativement à la performance des athlètes.

 Quels sont les principaux défis et dilemmes éthiques auxquels les médecins du sport font face?

 Les médecins du sport rencontrent plusieurs défis éthiques dans leur pratique, notamment en ce qui concerne le dopage. La pression pour améliorer les performances peut inciter certains athlètes à recourir à des substances interdites. Il est crucial que les médecins soient bien informés des règles antidopage, car certains médicaments, bien que légitimes, peuvent figurer sur la liste des substances interdites. Un autre dilemme éthique majeur concerne la gestion des blessures. Prenons le cas d’un jeune skieur ayant subi une déchirure des ligaments croisés. Après plusieurs mois de rééducation, il est prêt à reprendre la compétition, mais le médecin sait qu’il y a un risque élevé de nouvelle blessure. Cette situation crée un dilemme entre le désir de l’athlète de revenir à la compétition et la nécessité de garantir sa santé future. Ces dilemmes soulignent les défis auxquels les médecins du sport sont confrontés, qui doivent naviguer entre le souhait des athlètes de performer et la responsabilité de protéger leur bien-être à long terme. La collaboration interdisciplinaire est essentielle pour gérer ces situations complexes.

 

Au milieu de ces défis, il existe votre association, la Sport & Exercise Medicine Switzerland (SEMS). Quels sont ses objectifs?

 

La Sport & Exercise Medicine Switzerland (SEMS) a pour mission de promouvoir la médecine du sport et de l’exercice dans un cadre pluridisciplinaire, intégrant recherche, enseignement et pratique. L’organisation vise à améliorer la santé de la population dans son ensemble, en s’adressant non seulement aux athlètes d’élite, mais aussi à ceux qui pratiquent une activité physique de manière récréative et aux patients en situation de handicap. SEMS met en avant l’importance de l’activité physique pour la prévention et la gestion de diverses conditions de santé. En organisant des formations et des événements, elle vulgarise les connaissances sur les bienfaits de l’exercice et encourage une approche inclusive, où chaque individu, quel que soit son niveau de compétence ou ses limitations, peut bénéficier des avantages de la médecine du sport.

 

«Les blessures graves peuvent entraîner une fin de carrière prématurée»

Erika Ruchti. La psychologue du sport aborde les conséquences des blessures chez les athlètes, qui impactent non seulement la performance physique, mais aussi la santé mentale.

Quelles sont les principales conséquences psychologiques des blessures graves chez les athlètes ?

Les blessures des athlètes font partie intégrante du sport de haut niveau. Chaque athlète se blesse au moins une fois au cours de sa carrière. La question qui se pose est celle de la gravité de la blessure. Pour les blessures légères, comme une entorse les athlètes se remettent généralement sans grandes conséquences psychologiques. En revanche, les accidents et autres blessures graves peuvent affecter profondément l’état psychologique des athlètes. Il est important de noter que les individus sont différents et qu’il est impossible de généraliser sur qui, comment et à quel point une personne réagit psychologiquement après une blessure. La question centrale est de savoir comment les athlètes évaluent subjectivement leur blessure et quelles stratégies d’adaptation (telle que la gestion du stress, le soutien social, etc.). Les recherches internationales indiquent qu’au moins 30 % des athlètes blessés présentent des troubles psychologiques, tels que la dépression, les troubles anxieux, les troubles d’adaptation, la consommation de substances ou même des traumatismes. En Suisse, ce chiffre est encore plus élevé. L’absence de prise en charge des conséquences liées à une gestion inadaptée d’une blessure peut nuire aux performances sportives et, à long terme, affecter négativement la santé mentale, le bien-être, et la qualité de vie des athlètes. Ces effets peuvent perdurer même après la fin de leur carrière. De plus, il est possible que des blessures graves entraînent une fin de carrière prématurée et involontaire dans le sport de haut niveau.

Quelles sont les données sur l’impact psychologique des blessures chez les athlètes de haut niveau ?

On peut considérer que la probabilité d’apparition de problèmes psychologiques chez les athlètes est similaire à celle de la population générale. Des études montrent que les athlètes blessés sont plus susceptibles de souffrir de troubles psychologiques. Cela a été confirmé dans une étude représentative à l’échelle suisse (N = 1003) sur la santé mentale des athlètes de haut niveau. Au total, 17 % des répondants blessés ont signalé des symptômes dépressifs, 10 % des symptômes d’anxiété, 22 % des symptômes de troubles du comportement alimentaire et 18 % des troubles du sommeil.

Il y a une différence entre les athlètes masculins et féminins…

La recherche de Röthlin et al. (2023) a révélé des différences significatives entre les athlètes de sexe masculin et féminin. Parmi les athlètes féminines blessées, 52 % ont montré un score de santé mentale au-dessus du seuil critique, contre 30 % chez les athlètes masculins. Par exemple, la prévalence des symptômes dépressifs chez les athlètes féminines blessées était de 24 %, contre 13 % chez les athlètes masculins. Les troubles du comportement alimentaire en particulier touchent 36 % des femmes contre 12 % des hommes. Les raisons de ces écarts sont multiples. D’une part, les femmes sont plus enclines à chercher de l’aide et à parler de leurs symptômes, mais elles souffrent néanmoins plus souvent de troubles mentaux. Des stéréotypes de genre persistants, tels que le besoin de « performer davantage » ou la peur de l’échec, influencent leur santé mentale. De plus, les athlètes féminines sont plus affectées par des préoccupations liées à leur corps, ce qui peut entraîner des troubles de l’image corporelle.

Quel est votre rôle face aux problèmes psychologiques des athlètes blessés ?

Dans mon travail en tant que psychologue du sport à l’Office fédéral du sport (OFSPO) et à la Haute école fédérale de sport (HEFSM) dans le secteur de la performance sportive, nous attachons une grande importance à la collaboration interprofessionnelle. Cela signifie que toutes les disciplines sportives et des sciences du sport sont proches les unes des autres, ce qui favorise un échange actif pour la santé psychique et physique des athlètes. Cela influence également mon travail d’accompagnement lors de blessures. Lorsque les athlètes se blessent à Macolin, ils/elles peuvent me contacter directement ou passer par d’autres expert-e-s d’autres disciplines. En tant que psychologue du sport formée et thérapeute reconnue, j’utilise principalement des méthodes de psychologie du sport: la visualisation, notamment la technique de l’imagerie de guérison, le discours interne, la fixation d’objectifs et la régulation de la respiration. J’intègre également des techniques d’approche systémique et orientées vers les solutions, ainsi que de la thérapie cognitivo-comportementale. De plus, une approche humaniste et holistique, qui accompagne les athlètes à travers toutes les transitions de leur vie, est centrale dans mon travail.

Comment collaborez-vous avec les médecins et les autres professionnel·le·s de santé pour le suivi des athlètes ?

Dans le secteur de la performance sportive à Macolin, la gestion des cas et des soins est mise en œuvre comme une forme de collaboration interprofessionnelle. Ce concept vise à structurer, coordonner et favoriser la coopération entre différentes professions, telles que la médecine du sport, la physiologie de l’exercice (force et endurance), la physiothérapie sportive et les sciences de l’entraînement. Un·e gestionnaire de soins est désigné·e pour réguler et coordonner la collaboration de tou·te·s les intervenant·e·s. Ce/cette gestionnaire sert de représentant·e pour les athlètes, garantissant la documentation, la gestion des processus et une approche sensible, en particulier pour les athlètes mineur·e·s.

Les cas de gestion des soins comprennent des services tels que des tests de performance et des dépistages réguliers. Certain·e·s athlètes peuvent également demander un accompagnement supplémentaire, ce qui initie un processus interprofessionnel. En cas de réhabilitation, divers intervenant·e·s peuvent être impliqué·e·s pour assurer un rétablissement global. Parfois, une stagnation de performance peut survenir, entraînant un stress élevé. Dans des situations de crise, une réaction rapide et coordonnée est essentielle. De plus, le développement des talents est une priorité pour soutenir les athlètes prometteur·euse·s.

 

 

 Article

Ce que la loi dit à propos

Médecine du sport. La législation suisse en la matière vise à garantir la santé et le bien-être des athlètes. Andrea Zryd, députée et coach en est une figure clé.

Andrea Zryd, à droite, députée du canton de Berne au Conseil national depuis décembre 2023.

 

La médecine du sport en Suisse est régie par un cadre légal qui a pour objectif de protéger la santé des athlètes tout en favorisant des pratiques sportives éthiques et responsables. Dans ce contexte, Andrea Zryd, députée et coach joue un rôle clé. Elle allie son expérience d’athlète à ses responsabilités politiques, apportant une perspective précieuse à l’Assemblée nationale. Les fédérations sportives ont la responsabilité de garantir la santé et le bien-être de leurs athlètes. Andrea Zryd n’hésite pas à rappeler que « la santé, c’est le plus important ». Elle insiste sur la nécessité d’une collaboration étroite entre athlètes, entraîneurs, médecins et physiothérapeutes. Les chartes éthiques que les associations sportives doivent signer sont des outils essentiels pour promouvoir un comportement respectueux et prévenir les abus, qu’ils soient physiques ou psychologiques. Dans ce cadre, la prévention des blessures et un suivi médical rigoureux sont des priorités absolues. La députée souligne l’importance de consulter un médecin dès qu’un athlète ressent un malaise, rappelant que « si ça ne va pas, il faut aller chez le médecin ». Cela met en lumière l’importance d’une culture de la santé proactive dans le sport. En tant que coach, Andrea Zryd met également l’accent sur l’éducation des athlètes et de leurs parents concernant les meilleures pratiques en matière de santé.

La médecine du sport évolue rapidement, intégrant des avancées technologiques et une approche personnalisée. Andrea Zryd évoque les progrès réalisés dans le dosage des médicaments, en particulier pour les femmes, afin d’assurer des traitements adaptés. Elle envisage un avenir où les technologies médicales et les pratiques sportives s’harmonisent, permettant ainsi une réhabilitation plus efficace et un retour au jeu en toute sécurité. Les nouvelles technologies jouent un rôle de plus en plus crucial dans ce domaine. Que ce soit par le biais de méthodes innovantes de réhabilitation ou d’outils de suivi de la performance, ces innovations offrent une approche plus fine et individualisée de la santé des athlètes. En tant qu’ancienne athlète et coach, Andrea Zryd est particulièrement consciente des enjeux liés à ces évolutions, et elle s’engage à faire avancer la médecine du sport en Suisse pour le bien-être de tous les athlètes.

 

Ce dossier a été réalisé en Suisse romande (qui en est la partie francophone) dans le cadre d’En Quête d’Ailleurs, un programme d’échange qui réunit des journalistes de Suisse et d’autres régions du monde, notamment l’Afrique, l’Europe de l’Est, l’Asie et l’Amérique latine. Les échanges sont destinés à des journalistes professionnel.le.s. La thématique de l’édition 2024 était consacrée aux enjeux du sport.

Guillaume Mete

Author: Guillaume Mete

Guillaume Aimée Mete est journaliste au Quotidien Le Jour. Elle est passionnée du journalisme et s’intéresse aux questions liées à la santé et à l’environnement.

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Guillaume Aimée Mete est journaliste au Quotidien Le Jour. Elle est passionnée du journalisme et s’intéresse aux questions liées à la santé et à l’environnement.


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Le jour est un quotidien d’informations générales fondé en 2007.
« Faire voir, faire savoir, faire parler, faire comprendre » est le leitmotiv de ce journal qui insiste sur une information vérifiée, sourcée et documentée. Une large place est donnée à l’information économique et sportive. Un soin particulier est accordé aux portraits et le but final est d’apporter sa « patte » à l’écriture de « l’odyssée camerounaise ».

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    Guillaume Aimée Mete est journaliste au Quotidien Le Jour. Elle est passionnée du journalisme et s’intéresse aux questions liées à la santé et à l’environnement.