Lions Indomptables. L’entraîneur-sélectionneur a répliqué à la « demande d’explications écrites » qui lui a été servie par le secrétaire général, à la suite d’une interview qu’il a accordée à un organe de presse belge, le 17 août 2024, hier.
« Une interview vous est attribuée dans les pages du journal belge DH. Cet entretien, qui nous est parvenu en format PDF a été publié le 17 août 2024, avec pour titre « Eto’o a réussi come footballeur et pour le reste il a échoué ». Cet extrait, tiré parmi de nombreux propos issus de l’interview que vous auriez accordé au journaliste Yves Tailderman, est repris par le site Internet dudit journal et abondamment relayé sur diverses plates-formes de par le monde », écrivait Blaise Djounang, le secrétaire général de la Fécafoot, le 19 août 2024, dans un document (les fautes sont de l’auteur) ayant pour objet « demande d’explications écrites » et adressé à Marc Brys, l’entraîneur- sélectionneur des Lions Indomptables. Avant de poursuivre avec des questions nécessitant des explications de Marc Brys. « Reconnaissez-vous avoir tenu les propos qui vous sont attribués dans l’article ci-dessus référencé ? Si non, quelle démarche avez-vous entrepris (sic) pour dégager votre responsabilité ? », interroge le secrétaire général de la Fécafoot. Blaise Djounang a donné par ailleurs un délai de 72h pour y répondre, assorti de menace, en évoquant la violation du principe e bonne collaboration, « dont celui du respect dû à la hiérarchie et au devoir de réserve » attaché aux fonctions de Marc Brys.
Dans le respect des délais qui lui ont été donnés, Marc Brys a alors répondu à la Fécafoot, via son secrétaire général hier, 22 août 2024. Plantant déjà le décor, par des principes cardinaux qui devraient guider le travail d’un bon sélectionneur au Cameroun, qu’énonçait Samuel Eto’o en 2019 sur RFI, au micro d’Alain Foka : « au football si tu travailles bien, si tu as ton idée claire, tu analyses bien tes adversaires et surtout tu joues sur tes qualités, tu as beaucoup de chance d’aller loin. Et très souvent au Cameroun, On veut des entraîneurs bénis oui-oui. Vous ne pouvez pas. Si vous voulez un changement, il faut des entraîneurs qui vous disent non, qui vous disent je ne veux pas ça ». S’appuyant sur ces principes édictés par le président de la Fécafoot en 2019 Marc Brys lâche : « je ne suis pas donc, un « béni oui-oui » et c’est dans cette logique de vérité et d’objectivité, que j’ai accepté le poste d’entraîneur-sélectionneur que m’a confié l’Etat du Cameroun et pour laquelle vous la Fécafoot, vous êtes l’organe utilisateur. Ces valeurs m’ont toujours guidé durant toute ma carrière, et j’étais convaincu que je serai compris par la Fécafoot ».
« J’ai été victime d’agressions verbales de monsieur Benoît Angbwa, d’agression physique de monsieur Thierry Ndoh »
Marc Brys en a profité pour dire ce que le peuple camerounais attend de lui. « Je souhaite être évalué uniquement sur la base de mes résultats et non sur ce que j’ai dit ou sur ce que je n’ai pas dit. J’ai un contrat avec l’Etat du Cameroun et des objectifs m’ont été fixés dans le cadre de la prochaine CAN au Maroc et de la coupe du Monde 2026. Je reste disposé à travailler en toute confiance avec la Fécafoot. Seulement donnez-nous des interlocuteurs polis, courtois, professionnels et nous travaillerons tous ensemble pour faire avancer l’équipe nationale des Lions Indomptables du Cameroun », écrit le technicien belge, avec copie adressée au ministre des Sports. Ce qui suscite une attention d’ailleurs sur certains faits qu’il a vécus au sein de la sélection nationale en mai et juin derniers. « Comment comprendre qu’à notre débarquement à Luanda, j’ai été victime d’agressions verbales de monsieur Benoît Angbwa, d’agression physique de monsieur Thierry Ndoh, et que par la suite DR Fotso ait tenté de m’expulser du bus de la sélection nationale lors de notre transbordement à l’hôtel ? Comment croire que pour le même match, la Fécafoot a refusé d’accréditer mes adjoints, obligeant le gardien titulaire des Lions Indomptables à s’échauffer tout seul ? Quand on sait que pour les spécialistes, il s’agit d’une activité spécifique en vue de la mise en condition du dernier Rampart de la sélection nationale. Ce qui est un fait inédit au monde pour une équipe nationale », rappelle le coach.
« Lettre de menace datant du 19 août 2024 envoyée au capitaine Vincent Aboubakar et qu’on peut lire dans les réseaux sociaux »
Marc Brys intervient au moment où se pose un problème de choix de stade pour le match Cameroun – Namibie du 07 septembre prochain entre l’Onies et la Fécafoot. Et il est surpris. « Comment se fait-il que le choix du stade pour le prochain match des Lions contre la Namibie au Cameroun soit fait sans même me consulter ? Alors que je vous ai fait savoir que dans le cadre de la reconstruction de notre équipe nationale, je souhaite que leurs premiers matchs à domicile se jouent à Yaoundé, notamment au stade Omnisports. Le Cameroun dispose de plusieurs stades et je serai heureux que les Lions y jouent et qu’ils soient en contact avec leurs fans partout, à Douala, Limbé, Bafoussam et Garoua. Mais prenons le temps pour la reconstruction et surtout la concertation. C’est toujours dans les réseaux sociaux que je prends connaissance des décisions de la Fécafoot soit me concernant soit concernant l’équipe », déplore l’entraîneur-sélectionneur. Rappelant au passage l’attitude discourtoise de la Fécafoot à son égard, alors qu’ils poursuivent les mêmes objectifs. « Nous avons des objectifs communs à atteindre, de grâce, permettez-moi de travailler dans un climat de sérénité et non dans la haine et l’animosité. Vous avez toujours un ton martial, un ton de menace, jamais un ton poli et respectueux vis-à-vis de vos collaborateurs et même vis-à-vis des joueurs, comme cette lettre de menace datant du 19 août 2024 envoyée au capitaine Vincent Aboubakar et qu’on peut lire dans les réseaux sociaux. Tout cela me fait beaucoup de peine, que les joueurs qui ont tout donné au Cameroun soient traités avec autant de légèreté ». Et d’ajouter : « Ce que certains en leur temps n’auraient jamais accepté », parlant de certains joueurs cadres de cette équipe à un moment donné et tout le monde comprends.
Et Marc Brys de conclure : « Pour ma part, je considère que les incidents sont désormais derrière nous et nous devons regarder vers l’avant pour apporter de nouvelles victoires aux Lions Indomptables et remplir de joie nos millions de supporters au Cameroun et à travers le monde », tempère-t-il. Certains observateurs estiment que la Fécafoot, comme à son habitude, depuis l’arrivée de Marc Brys, ne va pas s’arrêter là. « La Fécafoot va répondre au coach pour lui remonter les bretelles encore », soutient un acteur du football.
L’on annonce la tenue de la première réunion préparatoire à ces matchs des 07 et 10 septembre prochains au Cameroun, à 11h ce jour au ministère des sports. Les responsables de l’Onies, de la Fécafoot, notamment son président Samuel Eto’o, et toutes les administrations concernées par cette organisation y sont conviés. La question du stade devant abriter le match du 07 septembre contre la Namibie trouvera probablement sa réponse.