C’est le contenu d’une correspondance signée de l’Administrateur François Félix Ewane, datée du 20 août 2024, au sujet de la discorde entre les deux institutions, concernant le stade disponible pour abriter le match Cameroun – Namibie du 07 septembre prochain.
Le match comptant pour la première journée des éliminatoires de la Can Maroc 2025 entre le Cameroun et la Namibie cristallise déjà les attentions depuis quelques temps. Il s’agit du match d’un autre genre entre la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et l’Office National des infrastructures et des équipements sportifs (Onies). Celle-ci étant la structure étatique en charge de la gestion et de l’entretien de toutes les infrastructures sportives du Cameroun, mise en place par un Décret du chef de l’Etat, après la Can 2021. Dans un échange épistolaire depuis la semaine dernière entre l’Onies et la Fécafoot quant au choix du stade devant abriter la rencontre, l’on s’est rendu vite compte de la discorde. La Fécafoot ayant jeté son dévolu sur le stade du Complexe sportif de Japoma, à Douala, alors que l’Onies bien qu’ayant dans un premier temps marqué son accord de principe, trouve l’infrastructure indisponible pour la circonstance. Facs à l’entêtement de la Fécafoot, François Félix Ewane, l’administrateur de l’Onies, s’en est remis à l’arbitrage de sa tutelle, qui est aussi celle de la Fécafoot.
« En date du 07 août 2024, nous avons notifié un « accord de principe » à la Fécafoot pour la tenue d’une rencontre au complexe sportif de Japoma (CSJ). Au vu des conditions météorologiques dans la ville de Douala, de l’état critique de la pelouse du CSJ, suite aux récentes sollicitations internationales, des risques exorbitants sur la rencontre envisagée le 07 septembre 2024 à Japoma et surtout sur la santé des athlètes, nous avons informé en date du 19 août 2024 la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) du « cas de force majeure » et recommandé la délocalisation de cette rencontre. J’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint la réaction de la Fécafoot, en sollicitant votre arbitrage suivant la lettre et l’esprit de la correspondance n°B99/SG/PR du 12 août 2024 », lit-on sur une correspondance frappée du sceau « Confidentiel », ayant fuité sur les réseaux sociaux, signé de l’administrateur de l’Onies et adressée au ministre des Sports, en date du 20 août 2024. L’objet étant : « organisation matérielle de la rencontre Cameroun – Namibie du 07 septembre 2024 ».
En fait la veille, 19 août 2024 l’Onies dans la correspondance expliquait à la Fécafoot les raisons de l’opérationnalité de ce match au stade de Japoma. L’administrateur de l’Onies proposait la meilleure alternative pour ce match des Lions Indomptables, à savoir le stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. « Je me dois malheureusement de vous informer qu’il ne nous est pas possible de modifier le choix du site effectué depuis des mois par nos services », fulmine Samuel Eto’o, le président de la Fécafoot. Et d’expliquer : « Cette modification qui, du reste, pourrait occasionner des dommages financiers et organisationnels significatifs, tant au niveau de la Fécafoot, de l’équipe adverse que de la Caf également (…) La Caf a procédé à la programmation de cette rencontre dans leur système CMS avec notification en date du 31 juillet 2024 aux parties concernées, de même que les officiels conformément au règlement de la compétition ». Allant jusqu’à interroger la qualité de la construction de l’ouvrage, s’il ne peut pas supporter la forte pluviométrie évoquée ces derniers temps dans la région du Littoral. Mais, le président de la Fécafoot, se dit prêt à payer le prix qu’il faut pour que le stade lui soit octroyé, suivant la facture pro-forma initiale.
« Le choix du stade est une prérogative de l’entraîneur »
L’avis du ministre des Sports, le Pr Narcisse Mouelle Kombi, tutelle de la Fécafoot et de l’Onies, sur ce conflit est très attendu, compte tenu des délais à observer pour que la Caf et l’équipe adverse, la Namibie prennent des dispositions. Sauf que certains acteurs du sport estiment que le ministre ne devrait même pas être interpelé. « C’est à l’administrateur de gérer. Il doit jouer son rôle. Il n’a rien à demander au ministre. La tutelle n’est pas le tutorat. Le ministre ne peut jamais le remplacer dans les prérogatives qui sont les siennes. C’est le principe. Le ministre n’a pas de prérogatives en la matière. Il n’est ni administrateur, ni Directeur général, ni PCA. Si le stade n’est pas disponible, il faut dire que c’est pour des raisons techniques. C’est tout et qu’il choisisse autre chose », soutient un observateur averti. Et de poursuivre : « C’est l’Etat qui s’occupe de la sécurité. Et pour des raisons X ou Y, il peut décider de ne pas accepter que le match se joue sur un site A ou sur un site B. Les raisons sécuritaires sont régaliennes. D’ailleurs, c’est l’entraîneur normalement qui est le patron technique. Dans une vraie Fédération, c’est une prérogative qui revient à l’entraîneur. C’est lui qui dit qu’il va jouer dans telle pelouse et dans telle ville. Il joue là où il se sent mieux. S’il dit qu’il veut jouer à un endroit, le président de la Fécafoot ne peut pas passer outre. Sauf s’il a vraiment des raisons liées à la sécurité ». Le règlement tel qu’il a été consulté, n’interdit pas de changer de lieu du match. Seulement, le Cameroun pourrait payer une amende.