
Ces personnes vulnérables dénoncent leur marginalisation dans le processus électoral et la participation à la vie publique.
Les personnes en situation de handicap représentent près de 15% de la population générale du Cameroun, soit environ 3 millions de citoyens selon le dernier recensement général de la population qui date de plusieurs années. Aucune personne vivant avec un handicap ne figure parmi les 180 députés que compte l’Assemblée nationale. Sur 100 sénateurs, l’on compte un seul sénateur suppléant parmi les personnes vivant avec un handicap. Mais la réalité est évidente, car un député suppléant ne siège pas à la Chambre haute du parlement. Le constat est encore sombre au sein du gouvernement où sur près de 70 membres, aucun ministre ou secrétaire d’Etat ne figure parmi ces personnes vulnérables. C’est le même constat dans la gestion des entreprises publiques et parapubliques où aucun directeur général ne figure parmi les personnes handicapées. C’est le constat que dresse ce 22 mai 2025, les associations des personnes handicapées constitue une entrave au processus de participation à la vie politique et à la vie publique des ces personnes socialement vulnérables. Coco Bertin, le directeur général du Centre des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (Cjarc), tient à saisir ce prétexte marqué par les préparatifs des élections présidentielles de 2025 pour lancer une pétition en ligne pour interpeller le président de la République, à Elecam et d’autres acteurs de la vie publique à faciliter une meilleure prise en compte des personnes handicapées dans le processus électoral et à la vie publique. Selon les chiffres publiés le 30 avril 2025 par Elecam, sur un total de huit millions d’électeurs, 33 mille deux cent quatre vingt quinze personnes handicapées étaient inscrites au fichier électoral.
Cette pétition a été lancée ce 22 mai 2025 en présence de certaines organisations des personnes handicapées, des responsables d’Elections Cameroon, des responsables des partis politiques. C’était dans le cadre d’un atelier de sensibilisation à la prise en compte des personnes handicapées dans le processus politique et électoral. Cet événement organisé par le Cjarc avait pour but de lever les barrières, de sensibiliser les acteurs politiques et institutionnels pour une participation des personnes socialement vulnérables aux affaires publiques. Les signataires de cette pétition expriment leur préoccupation face aux difficultés rencontrées par les personnes handicapées. Ces difficultés sont liées à l’inaccessibilité des bureaux de vote et l’absence des documents de vote adaptés aux personnes handicapées comme les bulletins en braille pour les malvoyants. Les personnes handicapées dénoncent leur « exclusion » dans la vie politique et saisissent l’occasion pour inviter les autorités, en l’occurrence le président de la République, les responsables d’Elections Cameroon et d’autres à prendre les mesures nécessaires pour faciliter leur participation au processus électoral. La pétition sollicite également la mise en place d’un mécanisme de soutien en faveur des personnes handicapées qui souhaitent être éligibles aux différentes élections. Cette pétition se fera en ligne et les différentes signatures seront collectées avant d’être acheminées aux autorités compétentes
Joseph Pouagam, responsable de Goodwill, une association des personnes handicapées soutient que la situation déplorable dans laquelle se trouvent les personnes handicapées au Cameroun est justifiée par leur absence totale dans la sphère de prise de décision. « Le Cameroun est signataire de plusieurs instruments juridiques nationaux et internationaux pour faciliter l’inclusion des personnes handicapées dans la vie nationale mais ces textes ne sont pas respectés. A travers ces textes, il est question que dans chaque administration, 5% du personnel soit constitué des personnes handicapées. Nous avons des difficultés dans tous les domaines de la vie », ajoute Joseph Pouagam.
Dans le cadre de cette activité organisée ce 22 mai au Cjarc, une équipe d’Elections Cameroon de l’antenne communale de Yaoundé 4ème a été déployée sur les lieux pour faciliter le processus d’enrôlement des potentiels électeurs. Malgré ce déploiement, plusieurs personnes handicapées ont affirmé que leur faible taux d’inscription sur les listes électorales est lié au fait qu’elles n’arrivent pas à accéder aux sites d’inscription dans leurs différents arrondissements à cause des multiples barrières. Les efforts enregistrés pour l’inscription des personnes handicapées sur les listes électorales résultent d’une collaboration envisagée depuis plusieurs années entre les organisations de la société civile, les associations de personnes handicapées et Elecam.