Dans la ville, le décor de plusieurs quartiers est terni par l’existence de dépotoirs d’ordures qui envahissent les rues.
Il est environ 11h30 ce vendredi 23 août à la montée du carrefour Obili en arrivant par le Cradat, quand une altercation entre deux conducteurs se produit. L’un vêtu de treillis dans un personnel, empiète sur la voie du second, un taximan. Rapidement, le ton monte. Et pour cause, un monticule de déchets occupe presque la moitié de la chaussée. Malgré cela, un grand nombre d’habitants continue d’y déposer sans cesse des amas d’une quantité variable, quitte à ce que ceux-ci ne se déversent sur la voie publique.
Cyrion, 15 ans, a traversé le carrefour Obili et dévalé la colline pour venir jeter son tas à cet endroit précis. Cependant, il regrette : « Ces déchets ne doivent pas se retrouver ici. C’est une mauvaise chose parce que ça pollue l’environnement ». En face se trouve le salon de coiffure où exerce Breezy. La présence d’immondices a quelques mètres de son lieu de travail ne semble pas lui faciliter la vie. « L’atmosphère est suffocante ici. Quand on travaille, des odeurs s’échappent. Quand on coiffe, ça peut nous intoxiquer », explique-t-il. Si cette situation l’embarrasse, il reconnait pourtant y contribuer. « Tout le monde le fait alors pourquoi pas moi ? Ce que je fais n’est pas différent », se dédouane Breezy. « Nous demandons à Hysacam de revenir. Quatre jours ne pouvaient pas passer sans qu’Hysacam ne vienne », déplore Mama Ofilia, vendeuse de légumes installée elle aussi face au dépôt. Pourtant, ce qu’elle ignore c’est que l’entreprise en charge de la gestion des déchets est bel et bien Hysacam. Seulement, la fréquence de leurs passages laisse à désirer et fait même regretter son efficacité d’antan. D’après Jean Claude Akono Akono, chef d’équipe a Hysacam, Obili et certains de ses coins cachés ne font pas partie des emplacements prioritaires pour l’entreprise. Aussi, l’entreprise est confrontée à des problèmes financiers qui limitent sa force de déploiement sur le terrain car : « L’Etat ne paie pas », argumente-t-il.
Yaoundé 3 dans le même panier
Ce quartier n’est pas le seul à présenter cet aspect. A la montée Obam après Nsam Escale, une décharge d’une dizaine de mètres a pris place. De temps à autre, des camions se chargent du ramassage mais le dépotoir gagne du terrain jour après jour. La situation ici est telle que les populations se sont trouvé obligées d’incinérer les détritus à l’air libre. Et ce, au détriment de l’impact environnemental. Les zones de Damas et Dakar en bas n’échappent pas à la règle. Là, une autre entreprise se charge du ramassage. « C’est Thychlof qui a la main mise à ce niveau. Hysacam n’existe plus à Yaounde 3. Le maire de cette commune a trouvé meilleur d’y inviter une autre société dont lui-même fait partie », explique Jean Claude Akono Akono. En guise de rappel, les secteurs cités font tous partie de cet arrondissement de Yaoundé.
Une proximité à risques
La cohabitation avec un tel dépotoir n’est pas sans danger pour la santé. Selon Mama Ofilia, il y’a quelques jours encore, un homme a été transporté d’urgence à l’hôpital car il vomissait du sang. Ce symptôme pourrait être lié à l’insalubrité de l’environnement d’après Arthur Elemva, médecin généraliste, chef du centre médical d’arrondissement de Campo. Il s’agirait d’une pneumonie avancée, un trouble respiratoire. Il fait état de plusieurs autres pathologies auxquelles sont exposés ces riverains. Ce sont entre autres des maladies dermatologiques, digestives ainsi qu’oculaires.
Ségolène Tonye Manga (Stagiaire)