
La sortie est néanmoins jugée tiède par ceux qui plaident pour une reprise pure et simple des évaluations.
Malgré les dénégations du ministre en charge des Enseignements secondaires, les fraudes aux examens officiels 2024 sont désormais un fait fortement documenté. Si les candidats n’acceptent pas avoir bénéficié des fuites organisées d’épreuves par peur de représailles éventuelles, il est clair que de manière régulière, lors du déroulement du baccalauréat et du probatoire 2024, des épreuves retrouvées sur des plateformes numériques la veille de leur passage, ont été par la suite administrées aux candidats, qui n’ont pas caché leur jubilation, à sa simple vue. Jusqu’à présent, l’on ignore les diligences administratives ordonnées pour détecter les contours de cette pratique qui discrédite le système de certification camerounais.
L’année d’avant, des épreuves du General certificate of education, leur pendant anglophone, avaient fuité, deux décennies au moins après que le phénomène de « l’eau », très répandu dans les années 90, semblait avoir été éradiqué. « Depuis quelques années, nos examens officiels majeurs, ceux organisés par l’Office du Baccalauréat du Cameroun et le Gce Board, sont gangrenés d’importantes fuites d’épreuves, en rupture totale avec la bonne tenue qui avait été pendant longtemps la marque distinctive du système d’évaluation certificative national », observent les représentants de treize syndicats réunis au sein du Collectif des organisations des enseignants du Cameroun (Corec), dont un représentant du mouvement Ots. Réunis à Yaoundé, le 24 juin 2024, ils « refusent de cautionner par leur silence cette autre entreprise de destruction de notre système éducatif et demandent au gouvernement de prendre ses responsabilités ».
Pourrissement
Comment ? Ils ne le disent pas explicitement. Cependant, les syndicalistes relèvent un autre fait grave, au niveau de l’Education de Base, où les fuites d’épreuves ne sont pas encore enregistrées. « Il devient une habitude navrante de constater que l’aide aux candidats au Certificat d’études primaires (Cep), non combattue par la hiérarchie de ce département ministériel, regardée avec une incompréhensive bienveillance, ne se déguise même plus, et vise à rattraper les insuffisances de ces candidats non seulement dès la salle de composition mais également à l’occasion des corrections ». Toutes choses qui font que les « taux de réussite artificiels » ne correspondent pas à la « qualité des enseignements dispensés » mais des « capacités d’accès aux réseaux de distraction et de commercialisation des épreuves qui se multiplient sur Internet ». Les enseignants font en effet remarquer que depuis le retour de cette gangrène, les élèves ne les écoutent plus. Beaucoup de candidats semblaient sonnés pendant le déroulement des épreuves écrites, parce qu’ils ont passé la nuit à attendre l’eau. « Leur réussite formelle dépend chaque année un peu moins de leurs enseignants et un peu plus des réseaux de vente d’épreuves d’examens officiels », dénoncent les membres du Corec.
Et alors ? Le Corec demande « d’arrêter la saignée ». Trop mou. D’autres, radicaux, exigent une reprise pure et simple des matières dans lesquelles la fraude a été avérée. Ils sont allés tellement loin qu’ils ont truqué les images d’un journal télévisé de la Crtv, pour annoncer les dates de repassage de ces disciplines, au moment où les corrections ont cours dans les sous-centres. Le cabinet de Mme Nalova Lyonga, par la plume de Henri Bomba, a bien évidemment démenti cette « information »
S.M.