Aurélien Kanouo
À l’approche de la présidentielle, les professionnels des médias de cette région se sont réunis à Bafoussam, le 8 juin dernier, dans le cadre de l’acte 2 du projet Transmission, afin de renforcer leurs compétences face à la montée de la désinformation, amplifiée par l’usage de l’intelligence artificielle en période électorale.
Depuis le mois de mai, un enregistrement audio de 5 minutes et 32 secondes circule abondamment sur les réseaux sociaux. Présentée comme un débat entre un expert et une chroniqueuse, cette prétendue émission de Radio France Internationale (Rfi) aborde la question du mandat impératif et de la recevabilité de la candidature de Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), à l’élection présidentielle de 2025.
L’audio, dont le ton et le décor sonore rappellent ceux de la station française, a induit de nombreux auditeurs en erreur. Mais après vérification à l’aide d’outils spécialisés, Mathias Mouendé Ngamo, journaliste et membre de Stopintox Cameroun, confirme qu’il s’agit d’un faux. « L’émission intitulée Présidentielle 2025 : la possible candidature de Maurice Kamto n’est pas une production de RFI », tranche-t-il. Cet exemple illustre parfaitement le climat de désinformation qui s’intensifie à l’approche du scrutin. Il met en lumière la prolifération de contenus falsifiés, souvent difficiles à distinguer du réel, et visant à manipuler l’opinion publique. Une situation préoccupante qui appelle à une vigilance accrue, tant de la part des citoyens que des professionnels des médias.
Face à cette menace, entre fakes et deepfakes générés par intelligence artificielle, Mathias Mouendé Ngamo a tiré la sonnette d’alarme lors de l’atelier de renforcement des capacités journalistiques à Bafoussam, le 8 juin dernier. Organisée dans le cadre du projet Transmission, une initiative portée par Ktdral et ses partenaires, cette formation visait à doter les journalistes d’outils concrets pour lutter contre la désinformation. « En période électorale, le terrain est fertile pour la désinformation. L’IA amplifie les risques en rendant les faux contenus plus crédibles que jamais », a-t-il expliqué aux participants, sélectionnés sur appel à candidatures. À travers ce cas concret, il a partagé les bonnes pratiques de vérification, les outils de fact-checking et des techniques adaptées au contexte camerounais.
Paul Mahel, journaliste et expert en communication politique, a ensuite analysé les stratégies utilisées par les candidats : techniques d’influence, réseaux d’acteurs, communication ciblée sur les réseaux sociaux… Une intervention qui a permis aux participants de mieux décrypter les discours et de proposer une lecture rigoureuse et équilibrée de l’actualité politique. Autre moment fort, l’intervention de Roland Tsapi, éditorialiste et coordonnateur du comité éditorial de Balafon Média, qui a souligné l’importance pour les médias de maîtriser les différentes étapes du processus électoral, condition essentielle à une couverture professionnelle, pédagogique et impartiale. Enfin, Junior Binyam, journaliste et expert en communication institutionnelle, a invité les participants à accorder une attention particulière à la collecte et au traitement de l’information en période sensible, en insistant sur la rigueur et la responsabilité journalistique face aux risques de manipulation.
Une étape enrichissante pour les professionnels des médias de la région de l’Ouest, désormais mieux préparés à relever les défis liés à la période électorale. Cette dynamique, engagée par Ktdral et ses partenaires à travers le projet Transmission, se poursuivra le week-end prochain à Ngaoundéré.
