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Arche de Paix : la vie à bord du navire hôpital chinois

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 Ils sont environ 600 patients, sur un effectif bien plus important, consultés chaque jour dans ce bateau de la marine chinoise qui achève sa mission humanitaire à Douala ce lundi 14 octobre 2024.

Un bus gros porteur passe le cordon de sécurité au port de Douala. Il s’immobilise quelques secondes après, non loin du navire hôpital chinois « Arche de paix » en mission humanitaire au Cameroun. Les patients, transportés depuis la Maison du parti de Bonanjo, se hâtent de descendre. Il faut ensuite s’abriter sous une tente ou se mettre debout sous le soleil. Puis, on s’aligne. Il faut passer un premier check point avant de rallier le navire hôpital. Dès le premier niveau du navire, ça grouille de monde. On rencontre ici les tout petits et leurs accompagnateurs dans une séance d’exercices thérapeutiques pour les yeux. Ils suivent les consignes de l’instructrice chinoise qui montre, écran à l’appui, de petits gestes à répéter. Une plaque posée dans le coin rappelle que ce jeudi 10 octobre 2024, la mission commémore la journée mondiale de la vue.

Les patients qui désirent justement s’enregistrer pour une consultation des yeux ou des dents sont reçus tout près. Trois infirmières, avec des ordinateurs disposés devant elles, sont affectées à ce service. A gauche, de l’autre côté du cordon rouge, c’est la file pour récupérer gratuitement des produits en pharmacie. On emprunte ensuite l’escalier et bienvenue au niveau 2. Dans la pièce réservée au service de stomatologie, un patient est allongé sur le dos, la bouche grande ouverte. Deux médecins, un Camerounais et un Chinois, sont à l’œuvre pour remédier à son mal de dents. Ici sont référés tous les problèmes de carries et autres douleurs dentaires. A quelques pas de ce service, trois hommes et une dame sont assis sur un banc. Un bracelet blanc au poignet gauche, ils arborent une même combinaison carrelée. Ils remplissent un formulaire. Ces patients ont subi une opération des yeux dans la nuit et se remettent progressivement de la douleur.

Problème d’organisation

« L’opération s’est bien passée. Après l’opération, il y a un moment de convalescence. Mais lors des examens post opératoires, on s’est rendu compte que ça s’est bien passé. Il y a encore de la douleur, mais c’est normal. Lorsqu’on consommera les produits qu’ils nous ont donnés, je crois que ça ira », témoigne Cyrille Kotto, ému. Ce patient qui souffrait de cataracte fait savoir qu’il voyait flou, et que l’opération a consisté à enlever la membrane et placer une lunette artificielle. Ce bénéficiaire de la mission autorisée par la Commission militaire centrale de la République populaire de Chine déployée à Douala depuis le 07 octobre 2024 déplore cependant un gros problème organisationnel. « C’est la procédure pour y arriver qui est compliquée. Je pense que si tout le monde avait eu ce privilège que nous avons eu jusqu’à l’opération, il n’y aurait pas de problème. Mais beaucoup de gens n’en profiteront pas parce que ça a été très mal organisé », déplore-t-il.

Au troisième niveau du navire hôpital, les couloirs sont toujours quelque peu saturés. Devant la salle des examens physiques de cardiologie et échographie, une longue file est visible. Quelques quinze patients sont debout en rang. Une dizaine d’autres sont assis sur les bancs, impatients. Dans le pavillon réservé à la médecine interne, le cas d’une patiente retient l’attention ce jeudi. Elle vient de présenter son scanner des poumons effectué le 09 septembre 2024. La jeune fille explique avoir parcouru de nombreux hôpitaux ces trois dernières années, avec des conclusions différentes. Des médecins ont diagnostiqué tantôt une tuberculose, tantôt un problème asthmatique. Dans un autre hôpital au Maroc, il lui avait été diagnostiqué la présence de l’eau dans les poumons. Un traducteur sert de courroie entre la patiente anxieuse et la spécialiste chinoise qui, de temps en temps, fixe le scanner et pianote sur son ordinateur. On indique à la patiente qu’on prélèvera un peu de son sang pour des examens.

Médecine traditionnelle chinoise

Une ouverture à l’intérieur de ce pavillon conduit vers d’autres services de ce navire hôpital. Ici à la pédiatrie, les enfants sont campés dans les bras de leurs parents, attendant chacun son tour. On passe ensuite devant la Gastrologie avant de rejoindre un autre pavillon qui aiguise les curiosités, celui dédié à la médecine traditionnelle chinoise. Sur un des lits de ce bloc, un homme est allongé sur le ventre, le t-shirt remonté. Une dame en blouse blanche dispose des bocaux en verre le long de son dos. Neuf au total. Elle prend le soin au préalable d’y passer de la flamme dans ces ventouses pour y extraire de l’air. La ventouse adhère à la peau par un effet de succion. Au bout de 10 minutes, les ventouses sont ôtées. « Je sens une sorte de relaxation totale sur le corps après cette thérapie traditionnelle chinoise », témoigne David S.

A côté de la technique des ventouses, la méthode très connue sous le nom d’acupuncture est aussi pratiquée à bord. Elle consiste à introduire des aiguilles sur des parties du corps. Toutes ces techniques, apprend-on, sont utilisées pour soulager les douleurs lombaires, les problèmes de nerf, de mal de dos, de stress. Comme code couleur, les patients affectés à ce service arborent des bracelets violets. Dans la section voisine, le service de dermatologie, d’orthopédie et otorhinolaryngologie (Orl) accueillent des visiteurs. «Madame ici c’est la bouche, les oreilles et la gorge. Allez plutôt chez le dentiste », renseigne un soignant à une dame qui visiblement a du mal à s’orienter à bord du navire.

Trop d’attentes, peu de temps

Au total, près de 600 patients sont consultés à bord du bateau hôpital chinois chaque jour, devant une demande bien plus importante. « Près de 300 patients sont consultés le matin et 300 autres dans la soirée dans différentes spécialisations. Le processus de sélection a débuté il y a des semaines dans plusieurs hôpitaux de Douala. Les patients convergent vers la Maison du parti de Bonanjo, d’où ils sont transportés pour le bateau », détaille Prof Pokam Pius, chirurgien orthopédiste camerounais. Si certains patients émettent des plaintes dans la prise en charge, le spécialiste relève le fait que certains malades arrivent à bord avec beaucoup d’attentes. Mais seulement, note -t-il, la mission ne dure que sept jours.

« Ce n’est pas énorme. Les interventions majeures qui nécessitent un long séjour ne sont pas réalisées ici parce que le temps est trop court. Ils s’attendent à ceux que beaucoup de choses leurs soient faites. Certains ont fait le tour des spécialistes au Cameroun et se disaient que la magie allait opérer. La mission est juste pour sept jours. Ce n’est pas assez pour réaliser de grandes interventions chirurgicales et suivre le patient. C’est pourquoi on ne retient que des cas qui ne demandent pas de longs séjours. Les patients bénéficient aussi des investigations effectuées et des conseils des spécialistes à bord », explique Prof Pokam Pius. Après une semaine à Douala et une centaine de personnels de santé chinois et camerounais mobilisés, le navire hôpital chinois achève sa mission humanitaire « Harmony » ce lundi 14 octobre 2024. Ce navire équipé d’une centaine de lits a déjà effectué des opérations de services médicaux dans 45 pays et régions entre  2010 et 2023. Pour cette année 2024, l’Arche de paix doit visiter 13 pays.

Mathias Ngamo Mouendé


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