
Les avocats impliqués dans l’affaire ont interjeté appel après le rejet par le tribunal militaire de Yaoundé de la demande d’accès du dossier de procédure pour défendre leurs clients. La Cour d’appel a été saisie. Les débats ne peuvent pas s’ouvrir avant le verdict de la Cour d’appel.
Le procès de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo est prévu le 17 juin 2024 au tribunal militaire de Yaoundé. Un avocat de la défense affirme que cette audience sera sans doute reportée. La conséquence du report est que les débats ne vont pas s’ouvrir ce jour, comme cela a été fixé lors de la dernière audience tenue le 27 mai 2024. Depuis quelques jours, les avocats de la partie civile ainsi que ceux des 17 prévenus poursuivis dans le cadre de l’assassinat sauvage du chef de chaîne de la radio Amplitude Fm, ont saisi la Cour d’appel du Centre. Ils ont interjeté appel suite à une décision prise le 27 mai dernier par le tribunal militaire de Yaoundé. A travers cette décision, le tribunal militaire avait rejeté leur demande d’accès au dossier de procédure afin de mieux préparer la défense de leurs clients. « Les débats ne peuvent pas s’ouvrir tant que la Cour d’appel ne s’est pas encore prononcé sur notre appel interjeté. Notre dossier vient d’être acheminé devant la Cour d’appel pour examen et nous attendons la décision », affirme Me Jacques Mbuny, avocat d’un des prévenus. Difficile pour l’avocat d’examiner le temps que devra prendre la Cour d’appel du Centre pour se prononcer sur l’appel interjeté par les conseils impliqués dans la procédure judiciaire. C’est suite à la découverte le 22 janvier 2023 du corps de Martinez Zogo. Le chef de chaîne de la radio Amplitude avait été enlevé le 17 janvier 2023 par un commando conduit par les policiers et gendarmes en service à la Direction générale de la Recherche extérieure (DGRE).
Dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte au Secrétariat d’Etat à la Défense au lendemain de la découverte macabre du corps de Martinez Zogo ainsi qu’à la suite de l’information judiciaire ouverte devant le tribunal militaire, les avocats ne sont toujours pas entrés en possession des pièces du dossier. Ces différentes pièces de dossier sont très indispensables pour pouvoir assurer la défense de leurs clients. « Accéder au dossier de procédure est une évidence dans une procédure judiciaire. Dans toutes les juridictions du monde entier, chaque avocat a le droit d’avoir accès au dossier de procédure. Pour ce qui concerne l’affaire Martinez Zogo, ce dossier contient des centaines de pages d’audition de nos clients pendant à l’enquête préliminaire et pendant l’information judiciaire. Nous ne savons pas pour quelles raisons le tribunal militaire ne permet pas que nous puissions avoir accès au dossier », relève un avocat.
Les avocats impliqués dans l’affaire Martinez Zogo estiment que la décision ne leur autorisant pas l’accès au dossier de procédure est une atteinte grave à un procès équitable. Certains se disent inquiets ne pas être possibles d’assurer la défense de leurs clients sur la base des éléments à charge retenus contre eux pendant l’enquête préliminaire et pendant l’information judiciaire.
Il s’agit là selon les avocats d’un premier obstacle qui pourrait conduire à la manifestation de la vérité dans le cadre de l’assassinat du journaliste. Avec la décision prise le 27 mai dernier par le tribunal militaire, les avocats estiment que cette affaire pourra prendre plusieurs années devant le tribunal militaire avant d’être jugé.
Les accusés Amougou Belinga, Pdg du Groupe L’Anecdote, Maxime Eko Eko, ancien responsable de la DGRE, le lieutenant-colonel Justin Danwe sont détenus dans le cadre de la mort du journaliste. Lors de la dernière audience tenue le 27 mai 2024, le tribunal militaire avait également estimé que pour l’instant, il n’était pas possible que les obsèques du journaliste puissent se tenir. Certains avocats de la famille ont souhaité entrer en possession de la dépouille pour organiser les obsèques de Martinez Zogo.