Yaoundé : Ambroise Kom retourne à l’Université des Montagnes

UDM

 

Les haches de guerre ont été enterrées au cours d’une conférence publique de réconciliation tenue dans un hôtel de la capitale mercredi dernier.

Le communiqué de presse rendu par l’Aed (Association pour l’éducation et le développement, promotrice de l’Université des Montagnes) est des plus laconiques : « un protocole d’entente a été signé, suite à une médiation dirigée par M. Pierre Kwemi de Montréal, Canada, entre le Professeur Ambroise Kom et l’Aed, tutrice de l’Université des Montagnes situé à Banekane (Bangangté) représenté dans ce protocole par son président, M. Henri Njomgang. Ce protocole met fin au conflit qui oppose les parties depuis 2015. Toute la communauté nationale et la diaspora sont invitées à mutualiser les efforts pour le développement et la pérennité de l’Université des Montagnes ».

Ce médiateur, Pierre Kwemi, qui réussit là où beaucoup se sont cassé le nez depuis 10 ans, n’est pas très connu du public camerounais. Il s’agit néanmoins d’un membre influent de la diaspora camerounaise au Canada, qui pour l’occasion s’est associé les services de deux enseignants camerounais, Pr David Simo et Célestin Tagou. Sans leur bonne volonté, leurs expériences, leurs expertises et les moyens logistiques bénévolement mobilisés, il aurait été impossible d’atteindre cet objectif, nous a-t-on appris. Dans son propos de circonstance, ce mercredi 2024, Pierre Kwemi a parlé d’un « événement historique dans la vie communautaire » du Cameroun. « Nous nous estimons chanceux d’avoir eu la main heureuse en concluant cette paix des braves avec les parties impliquées dans ce long conflit. Nous ne voulons pas revenir sur l’origine du conflit, nous voulons vous inviter à vous joindre à nous pour féliciter ces grandes personnes qui ont enfin compris que dans chaque famille, il peut avoir des conflits et, la résolution de tout conflit offre l’opportunité à saisir pour avancer d’un pas ferme vers la même direction », a-t-il déclaré.

Négociations secrètes

Pour l’instant, les éléments du protocole d’accord, tout comme les négociations qui ont présidé à sa signature, sont tenus secrets. Ce qui renforce le scepticisme de ceux qui ont fréquenté le Pr. Ambroise Kom ces dernières années. En plus de plusieurs affirmations détonantes sur la qualité des prestations désormais offertes par l’UdM, l’homme de lettres avait un regard très critique vis-à-vis de ce qui se fait désormais à Banekane. Son franc-parler d’alors n’était plus une qualité, dès qu’il a commencé à se déchirer en public, avec Lazare Kaptue et les autres. Au demeurant, on fut surpris de voir « le scientifique » narguer « le littéraire », comme le faisaient les lycéens des années 80. Or l’Université des montagnes, disaient les deux en temps de paix, a été conçue pour rompre avec l’université coloniale et postcoloniale en Afrique. Plusieurs fois, Lazare Kaptué a appelé Ambroise Kom dans des cérémonies publiques pour qu’il vienne expliquer la philosophie de cette nouvelle conception de l’école. « C’est lui qui a les mots justes pour expliquer notre vision », précisait le président. « L’Université des montagnes est née de l’échec de l’université postcoloniale, qui n’apporte pas les solutions attendues aux problèmes de la population. Nous ne sommes pas ici pour faire de la reproduction ou faire comme les autres. Grâce à nous, l’offre dans la formation sanitaire s’est considérablement améliorée au Cameroun. Nous voulons utiliser notre imagination pour solutionner nos problèmes, sans attendre que la manne nous tombe du ciel », expliquait par exemple le vice-président de l’Udm, à l’ouverture d’une journée pédagogique sur la masso-kinésithérapie le 6 mars 2015, devant une quarantaine de médecins, infirmiers et autres promoteurs de structures de santé, venus à la rencontre des experts importés de France. Entre autres, A. Kom fut taxé d’« amasseur de dollars ». Accusations et contre-accusations ont fusé, des plaintes ont été servies, le vice-président démissionné d’alors est parti en demandant des réparations.

Reconquérir son prestige d’antan

 

Même en l’absence de déclarations publiques, le Jour est capable de rapporter qu’alors que l’espoir d’une réconciliation avait quitté la plupart des esprits rationnels, la médiation qui a connu l’actuelle « paix des braves », a connu une accélération à partir du mois de juin dernier, lorsque les camps en conflit ont pu se réunir, pour parler en face. L’issue aurait pu être plus rapide si le médiateur principal résidait au pays et que des forces contraires, hostiles à la réconciliation, n’avaient pas commencé à s’agiter. Malgré tout, son équipe permet aujourd’hui que le Pr. Kom et le bureau exécutif de l’Aed économisent les frais de procès et travaillent désormais ensemble. « Autant ce conflit a drainé des énergies et empêché d’avancer sereinement vers les buts visés par les pères fondateurs de l’Aed et de l’UdM, autant la signature aujourd’hui de ce protocole d’entente est une opportunité unique pour mutualiser les efforts et permettre à tout le monde de contribuer selon sa capacité à la pérennisation de ce projet communautaire », souligne le médiateur.

La notoriété de l’UdM a pris un sérieux coup. Jusqu’au sein du personnel et malgré le recours il y a peu, à des originaires d’autres aires sociologiques pour gérer la structure, les clivages sont restés profonds. Les réformes dans la formation médicale, la multiplication inconsidérée des Ipes (instituts privés d’enseignement supérieur) ont parasité les ressources. L’UdM a besoin de refinancement. « Après une dizaine d’années perdue dans ce conflit stérile, l’occasion est donc donnée au Professeur Kom de contribuer significativement dans le développement et le renforcement de cette institution universitaire », a ponctué Pierre Kwemi. Lazare Kaptué mort, Henri Njomgang devenu conciliant, l’ancien vice-président devrait, dans sa nouvelle posture, retravailler à arrimer leur université aux nouvelles normes de l’enseignement supérieur, pour lui garantir une place dans le top des institutions de formation, avec lesquelles il faut compter. Et afin de ne pas tomber dans les travers du passé, un comité de suivi composé pour l’instant de MM. André Siaka, Nestor Siaka et du Pr Maurice Tchuente a été mis sur pied. On verra dans les mois prochains.

Franklin Kamtche


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