Le consultant en marketing sportif et CEO de Sport Business Insights LTD déploie un ensemble d’éléments devant guider la Fécafoot dans le choix du successeur de One All Sports comme équipementier des sélections nationales de football du Cameroun.
La Fédération camerounaise de football a lancé il y a quelques jours un appel d’offre pour le choix du nouvel équipementier des Lions Indomptables. Quels sont les critères à actionner dans un tel processus ?
De façon empirique, il n’y a pas une grille de critères partagés dans le domaine du sport. Du moment où on est un acteur du textile, qui peut faire des produits de bonnes qualités, qui peuvent répondre d’abord aux standards du marché dans lequel on exerce et qui soient en cohérence avec la loi 4 des lois de jeu de la Fifa, on est éligible à ce type de prestation. Globalement pour ce scénario, on est dans ce qu’on peut appeler du co-branding. C’est-à-dire une association de deux marques comparables, soit du point de vue puissance, image ou notoriété ou encore du point de vue objectifs, qui peuvent décider de s’associer pour un contrat d’équipement avec un produit « le Maillot ». De façon égoïste pour l’autre partie, si on est du côté de l’équipementier, ce que l’on recherche c’est un positionnement sur un marché ou un ensemble de marchés à partir de ce qu’on peut appeler le support dominant. Qui peut être une équipe nationale comme c’est le cas des Lions Indomptables ou alors un club de football, avec l’idée de toucher un ensemble d’acteurs du sport qui peuvent être considérés comme des sportifs du dimanche. Du point de vue de la fédération ou du club, ce qu’on recherche c’est une marque qui peut accompagner ses objectifs. Ces objectifs peuvent être spécifiques à un contexte. Ça peut être des questions relatives aux finances dans la mesure où les objectifs de la fédération sont entre autres le développement de son sport. Dans ce cas spécifique, on peut chercher un partenaire qui peut apporter d’abord de l’argent. On peut également aller vers un acteur qui a un positionnement quasi similaire à celui qu’on recherche à travers le label Lions Indomptables. Ça peut être une association dans l’optique de booster l’image des Lions Indomptables à l’échelle nationale ou internationale. On peut choisir des associations selon la position de la marque actuelle. Dans cet autre cas, on peut aller vers une marque leader mondial ou parmi les trois meilleurs du moment pour aider la fédération à asseoir une idée d’une institution puissante qui marche avec les plus grands.
En termes de gestion de marque, la notoriété est un élément non négligeable. La Fécafoot peut-elle s’appuyer sur cet aspect ?
Je ne pense pas que la notoriété soit l’élément principal à partir duquel on devrait structurer une réflexion. Si on voit la chose du point de vue de la fédération, qui dans le contexte, constitue ce que j’ai appelé plus haut support dominant, qui porte généralement les objectifs de la marque/équipementier. Mais pour ce qui est de la fédération camerounaise de football, je pense que la réflexion doit tourner autour des questions d’image. C’est d’abord ce dont la fédération a besoin pour le label Lion Indomptable qui a besoin d’un coup de lift. À partir de ce moment-là, le partenaire le plus pertinent serait celui qui répond aux exigences de réputation. La marque jouit-elle d’un bon positionnement auprès des fans de football et du public camerounais ? Est-ce que la marque défend un savoir-faire éprouvé dans le temps ? Est-ce que la marque dispose d’infrastructures de production capable de satisfaire la demande de consommation de l’ensemble des sélections nationales en intégrant la dimension genre ? Est-ce que l’équipementier qu’on contactera pourra aider la fédération à atteindre ses objectifs qui peuvent être d’ordre financier. La mission principale de la fédération étant de développer le football. Ceci sous-entend qu’elle peut créer des poches de recettes à tous les niveaux pour permettre de financer un ensemble d’activités du football, de la base jusqu’aux Lions Indomptables. Il est important de mon point de vue de chercher dans le même ordre d’idée, un équipementier qui va soigner l’image de la fédération et des Lions Indomptables. Car nous sortons de deux ruptures de contrat en l’espace de deux ans et demi. La notoriété ne devrait pas être le seul élément à considérer.
On a vu plusieurs marques locales manifester leur envie d’habiller les Lions Indomptables. Dans un contexte comme le nôtre, faut-il privilégier les marques du terroir ?
En s’appuyant sur ce que j’ai dit plus haut, le choix d’un équipementier de niveau national me paraît fantaisiste. Pas parce que j’ai du mépris pour le savoir-faire local. Que non. Je n’ai pas connaissance d’une marque qui défend une réputation dans le domaine et qui défend également un savoir-faire éprouvé dans le temps. Évidemment, on peut être fanatique des histoires qui contribuent à valoriser le savoir-faire local. C’est idéal et même important. D’ailleurs, certaines fédérations comme le Mali et bien d’autres ont pour équipementiers les marques locales. Tout dépendra de la stratégie de la fédération. S’il y a un opérateur local qui a la surface financière d’alimenter en qualité et en quantité l’ensemble des sélections nationales de la base au sommet, pourquoi pas. Mais à ma connaissance, je pense que c’est irréalisable. Il revient à la fédération de faire ses choix et d’en assumer ses conséquences.