Coordonné par le comédien Junior Esseba, cette pièce est un projet transnational réunissant les acteurs camerounais et les partenaires européens du réseau Eunic autour de l’art et la culture dans l’espace public.
Resserrer les liens entre les communautés, amener l’art hors les murs dans des endroits inhabituels, favoriser les rencontres entre les cultures camerounaises et européennes, « Njangui, Ensemble », est le nouveau rendez-vous de l’art dans la rue au Cameroun. C’est une représentation théâtrale sur le thème du dialogue et de la solidarité entre les nations. Elle réunit des compagnies théâtrales du Cameroun et d’Europe.
Ce projet a été lancé en grandes pompes le 20 septembre au cours d’une réception à la résidence de l’ambassadeur de Belgique au Cameroun. Y ont pris part, des membres du corps diplomatique, notamment l’ambassadeur de France au Cameroun, Thierry Marchand, l’ambassadeur d’Italie au Cameroun, Filippo Scammacca Del Murgo, les responsables des instituts culturels des pays européens membres du réseau Eunic, les acteurs culturels camerounais et la presse. Cette soirée conviviale a marqué le lancement officiel de quatre jours de folie et de « Njangui ».
« Ce projet est le fruit d’une collaboration née il y a plus d’un an d’abord dans les centres culturels européens, des ambassades des Etats européens, la délégation de l’Union européenne au Cameroun et des professionnels du monde du théâtre camerounais et européen. Bien que l’ambassade de Belgique ne soit pas membre du réseau Eunic Cameroun qui a porté l’organisation de ce projet, mon équipe et moi avons souhaité en tant que représentant d’un pays européen par excellence et pays ami du Cameroun, apporter une contribution à travers l’organisation de cette soirée », a souligné Alain Leroy, ambassadeur du Royaume de Belgique au Cameroun lors de son discours de bienvenue.
Coordinateur général de l’association Théâtre en folie, Junior Esseba est revenu sur la symbolique du » Njangui » qui a inspiré le projet, son ancrage dans la société africaine en général et camerounaise en particulier. Njangui » est l’expression même de la solidarité. Un patrimoine. « C’est une pratique très ancienne au sein des populations camerounaises spécifiquement mais aussi dans d’autres parties du continent et même du monde. Les gens ont l’habitude de réaliser des petites économies pour s’entraider et faire face à différentes situations de la vie comme le deuil. C’est un modèle de l’acceptation de l’autre. C’est quelque chose d’assez fort qui traduit le rassemblement, le partage, la mutualisation des efforts », explique le comédien.
Chef-lieu de la région du Sud, Ebolowa a été choisie pour accueillir hier lundi, la première représentation de la pièce théâtrale dans son espace public (carrefours, marchés). Demain 24 septembre, la pièce sera présentée au public de Douala et par la suite à Yaoundé.
« Nous avons dans ce spectacle des artistes comédiens qui sont venus de Garoua, Yaoundé, Ngaoundérè, Buea et de Douala . Comme metteur en scène, on a Stefano De Luca, venu d’Italie qui au départ ne comprenait pas ce que c’est que le Njangui. Il y a eu des répétitions, des improvisations dans les marchés et Il a finalement saisi la susceptibilité du Njangui », explique Issa Yinkou, comédien.
« J’ai été frappé par ce concept de banque traditionnelle où des gens se mettent ensemble et fonctionne sous la base de la solidarité et de la confiance. », fait davoir Stefano De Luca, metteur en scène du Piccolo de Milan, référence de la commedia dell’arte.
Participation citoyenne
D’aprèsl’ambassadeur d’Italie au Cameroun, le choix du théâtre de la rue pour promouvoir l’échange culturel entre les artistes européens et camerounais n’a pas été fait au hasard. Ce type de spectacle vivant est une tradition sur le vieux continent. Sa pratique a été au cœur de la vie sociale et artistique à différentes périodes en France, en Italie, en Allemagne, en Espagne. « Le théâtre de rue est un sujet qui est commun à tous les pays européens. A une époque l’Europe a été pauvre dans les siècles passés et c’est dans la rue qu’il y avait une culture. C’est un genre à travers lequel je pense, on peut partager beaucoup de choses, créer une unité, être perçu par ce que nous sommes c’est-à-dire des partenaires. Le théâtre de la rue la compréhension mutuelle », affirme Filippo Scammacca Del Murgo.
Moyen de divertissement, d’expression artistique, le théâtre de la rue a aussi été catalyseur pour la liberté d’expression, un outil fédérateur, éducateur populaire. Le caractère gratuit des spectacles de rue participe aussi à l’accessibilité des savoirs culturels. « L’Union Européenne au Cameroun est un partenaire de ce projet avec les artistes camerounais. Le théâtre de la rue a cette capacité à pouvoir être près du spectateur. C’est l’art le plus pur c’est-à-dire il y a pas d’artifice, il y a pas forcément de décor, c’est la rue le décor, ce sont les cours communes, c’est la vie et donc c’est un petit peu le retour aux sources », souligné Philippe Lafosse, chargé d’affaires, Délégation de l’Union européenne au Cameroun.
« Le théâtre de la rue est un art populaire très fort qui permet à toutes les classes de retrouver dans un même cadre, de vivre les mêmes émotions », se réjouit Stefano De Luca.