
Au cours d’une conférence de presse hier, le ministre de l’Administration territoriale a à nouveau évoqué Maurice Kamto et sa candidature à la prochaine élection présidentielle.
Le pouvoir de Yaoundé n’a jamais digéré le boycott du double scrutin de 2020 par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). Alors que le parti du Pr Maurice Kamto avait le vent en poupe au lendemain de l’élection présidentielle, il s’est abstenu contre toute attente. Cinq ans après, l’écho de ce boycott retentit encore à quelques mois de l’élection présidentielle de 2025. En effet, le Mrc en l’état actuel, ne peut pas investir de candidat puisqu’il ne dispose pas d’élu. C’est d’ailleurs l’une des conditions prévues par le code électoral en son article 121. Mais le Pr Maurice Kamto, tout serein, fait savoir qu’il sera candidat. Ses avocats ont d’ailleurs astreint Elecam devant les juridictions afin qu’elle publie la liste électorale nationale conformément à l’article 80 du code électoral.
Cette demande anime la scène politique depuis quelques semaines. Certains acteurs invitent l’organe chargé de l’organisation des élections au Cameroun à respecter cette disposition légale. Jusqu’ici, ils n’ont pas encore eu gain de cause. Face à la montée des revendications, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a saisi la balle au rebond. Il a donné une conférence de presse hier, 04 mars 2025, dans la salle des conférences de son département ministériel. Le membre du gouvernement invite les hommes politiques à laisser Elecam faire son travail : « Depuis le début de cette année, cet homme politique mène une cabale injustifiée contre Elecam, son but étant de discréditer cet organe indépendant chargé d’organiser le scrutin présidentiel. Plus grave, il appelle ses partisans à la révolte populaire si le scrutin n’est pas organisé à son goût. Récemment, il a indexé les services de sécurité et Elecam, insinuant une intention d’enrôler des étrangers dans le fichier électoral national ».
En clair, le membre du gouvernement pointe un doigt accusateur sur le Pr Maurice Kamto sans le citer nommément. Car ses éléments de langage en disent d’ailleurs long. En effet, le ton est monté d’un cran avec un air de plus en plus menaçant. « A la surprise générale et contre la volonté de plusieurs membres de son propre camp, ce responsable politique avait décidé de boycotter le double scrutin de 2020. Non seulement il a boycotté les élections, mais il a tenu une conférence de presse pour justifier le bien-fondé de sa décision de boycotter le double scrutin de 2020. Il avait lui-même déclaré qu’il ne pourra pas participer à l’élection présidentielle de 2025 et que ses partisans ne pourront pas siéger au Sénat ».
Paul Atanga Nji n’est pas allé d’une main morte pour mettre en garde les instigateurs du désordre, du tribalisme et des discours de haine. « A partir de ce jour, aucun écart de comportement de qui que ce soit ne sera toléré. Au Cameroun, l’immunité parlementaire ne peut être invoquée en cas de flagrant délit. En 2018, j’avais prévenu que celui qui prêche la haine, le désordre, le tribalisme et dont les faits et gestes ont pour but de défier l’autorité de l’Etat, va bientôt se retrouver au pays de ‘‘Si je savais’’ ». Et d’ajouter : « Il faut cesser de faire de l’élection présidentielle de 2025 une question de vie ou de mort. Les hommes politiques doivent laisser Elecam faire son travail. Ceux qui ne remplissent pas les conditions pour participer à l’élection présidentielle de 2025 peuvent attendre l’échéance de 2032 », a conclu le membre du gouvernement.
A plusieurs mois de l’élection présidentielle, la température monte progressivement. Au regard de l’engouement observé au niveau des inscriptions sur les listes électorales, cette échéance est très attendue.