Franklin Kamtche
Les populations accueillent mal cette nouvelle source de dépenses dans une région déjà soumise à une pression fiscale condamnable.
Le 16 septembre 2024, le ministre des Transports a pris un arrêté portant création de trois nouveaux postes de péage, lesquels se trouvent curieusement tous dans la région de l’Ouest. Il s’agit des postes de Zemezong, sur l’axe Baleveng – Bangang – Batcham – Mbouda ; Mbami sur l’axe Galim – Bamendjing – Foumbot ; et Bangourain, sur l’axe Foumban – Koupa Matapi – limite Nord-Ouest. Si le prétexte est le bitumage récent de ces axes qu’on situe dans la boucle de désenclavement du bassin agricole de des hautes terres de l’Ouest, il faut observer qu’au moment de la signature de cet arrêté, les travaux ne sont pas achevés sur l’une des routes concernées, celle du Noun notamment. « Cette route est en train d’être bitumée. On pouvait au moins attendre la fin des travaux. Comment fait-on pour créer un poste de péage sur une route impraticable ? », interroge Alexis Yangoua, un journaliste habitué à la couverture des tensions dans cette zone.
« La région de l’Ouest est la moins chère des autorités de ce pays. Elles ont raison de se comporter ainsi puisqu’elles savent que nous n’allons rien faire », raille un professeur de l’Université de Dschang, qui pense que bientôt, le gouvernement fera payer le péage à des gens qui veulent aller charger leur téléphone portable, du fait des coupures répétées de courant. En effet, « la région est quadrillée par les péages de toutes parts. D’un village à l’autre, on a un poste de péage. Pour aller au champ, au travail, au marché, il faut payer ». Le nouveau poste de Zemezong est situé à 7km du carrefour Baleveng, sur la nouvelle route de Mbouda, alors que le village abrite déjà un poste sur celle qui rallie Bafoussam. Le poste de Santchou (Fongwnang) avait déjà été créé à l’intérieur de la Menoua, sur une distance de moins de 40km, dès l’éboulement d’un morceau de la route nationale n°5 au lieudit Moumée 44 à Kekem, ce qui avait obligé les usagers à prendre la route de la falaise de Dschang.
Avec ses 13.892km², l’Ouest est la Région la moins vaste du Cameroun. Il n’y a pratiquement pas de distance de 200km, d’un bout à l’autre. Avec les trois nouveaux postes, il compte désormais 10 points de collecte des frais de traversée, sur les 50 qui existent maintenant dans la République, en rangeant celui de Matazem à la frontière entre Babadjou et Santa dans le Nord-Ouest anglophone. De quoi suggérer chez certains l’idée d’une répression fiscale. Et un mécontentement légitime. Le poste de Bandja, dans le Haut Nkam continue de fonctionner, alors que la route est impraticable.
