Ces derniers mois, Hugo Bebe est apparu affaibli par la maladie. Le 2 juillet à Douala, le fils du pasteur Samuel Moukoko Ndocko a finalement rendu l’âme. A son domicile de Bonapriso, la famille porte dignement le deuil. Depuis l’annonce de sa disparition, les témoignages fussent de toutes parts pour saluer la mémoire d’un artificier de l’image parmi les plus talentueux de sa génération. Hugo Bebe a très vite flirté avec la photographie. Pendant sa formation au sein de l’armée française, il se spécialise en photographie aérienne. Alors qu’une belle carrière s’offre à lui au sein de l’entreprise française Dassault et Breguet aviation, le photographe choisit de rentrer au Cameroun partager sa passion avec les plus jeunes et surtout pour être témoin d’une histoire en marche.
Son appareil photo en main, il va parcourir le triangle national pour immortaliser des images inédites. Infatigable, il a poursuivi inlassablement sa quête vers la représentation des richesses de l’Afrique en miniature, décrochant çà et là, de belles collaborations. Il a été le photographe attiré de plusieurs grandes figures de la scène des musiques urbaines et de l’humour au Cameroun en réalisant pour elles, des pochettes d’album ou des couvertures art. Notamment : X-Maleya « Exil », Kamèr konnexion « Abiali », Krotal « Vert rouge jaune », etc. Haman Mana, le Directeur de publication du Quotidien Le Jour et directeur des Éditions du Schabel, se souvient comme si c’était hier de sa fructueuse collaboration avec le disparu dans le cadre de l’édition du beau-livre « Rois et royaumes Bamiléké ».
« Les Éditions du Schabel rendent hommage au photographe intrépide et à l’infographe astucieux de » Rois et Royaumes Bamiléké. A voiture, à moto, à dos d’âne et à pied, il a bravé avec son courage d’ancien militaire, les chemins de la centaine de palais royaux du pays Bamiléké, pour faire des clichés originaux de tous les Fo’o…Puis sur son inséparable Macbook pro, première génération, une merveille à l’époque, il a mis en pages cet ouvrage qui résiste au temps », a déclaré Haman Mana attristé par la disparition de son ancien collaborateur.
Déterminé, baroudeur, Hugo Bebe a été un témoin privilégié de certains grands événements politiques. Ancien grand reporter à Jeune Afrique Économie, Michel Lobé Ewané lui a dédié une tribune sur son compte Facebook. »Hugo Bebe était un de nos correspondants photoreporter. A quelques jours de la création du SDF à Bamenda par John Fru Ndi, il m’appelle pour me prévenir qu’il sera sur place pour couvrir l’évènement. La marche organisée par le SDF est violemment réprimée par les forces de l’ordre. Le bilan est lourd. Officiellement, on compte 6 morts et des dizaines de blessés. Hugo Bebe a pu photographier les évènements et capturer la tragédie. Il est certainement le seul photographe à détenir des photos qui seraient des documents historiques ». Employé à la cellule de communication du ministère de la Défense, Hugo Bebe n’aura jamais l’occasion de faire parvenir les précieux clichés à sa correspondance.
« Hugo Bebe sera mis aux arrêts. Je ne recevrais jamais les photos. Elles ne seront jamais publiées. Hugo Bebe sera détenu plus de 18 mois », raconte le journaliste qui ouvert une tribune en hommage au disparu sur son compte Facebook. » Le journaliste est un témoin de l’histoire. Hugo Bebe a été le témoin de cette page spéciale de notre histoire. Il a voulu porter ce témoignage à l’opinion, au Cameroun, au monde. Mais il s’est heurté à la logique d’un système qui résistait au changement. Hugo Bebe n’était ni un rebelle, ni un révolutionnaire, ni un opposant, juste un patriote », estime Michel Lobé Ewané. Après cet épisode fâcheux, le photographe va » rentrer dans les rangs » sans pourtant décrocher de sa passion.Le photographe avait cette capacité d’aborder tout type de sujet que ce soit sur le plan artistique ou informatif. En 2022, il a reçu un prix dans le cadre des Mboti Awards. Il était également actif au sein du projet 4X4 qui vise à promouvoir la photographie d’art au Cameroun.