C’était le fil de conducteur des échanges d’un colloque international sur : « Chefferies traditionnelles, démocratie et Etat en Afrique : avatars historiques, héritages, usages et devenir » tenu, les 25 et 26 mai 2024 à Yaoundé.
L’autorité traditionnelle est bafouée au détriment de la modernité dans certaines institutions traditionnelles. Et les guerres de succession sont régulières. Ces maux fragilisent ces chefferies pourtant selon le Pr Charly Gabriel Mbock, « le chef de traditions » dans l’Afrique originelle n’est pas un personnage profane. Les assises ayant abouti à la « Déclaration de Yaoundé », visaient à questionner la manière dont l’Afrique organise la dévolution de pouvoir de manière moins conflictuelle, selon le Dr Hilaire Kamga, acteur de la société civile et président du comité d’organisation de colloque sur l’Afrique. Ces réflexions posent les bases d’une « Afrique Nouvelle » ancrée sur les valeurs traditionnelles. C’était lors de la célébration de la journée internationale de l’Afrique, le 25 mai dernier dans la salle de conférence au siège de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun à Mvolyé.
Cette « Déclaration de Yaoundé » indique les participants à ce colloque international s’engagent : « De se porter comme défenseurs des cultures africaines. De réorganiser les institutions culturelles et scientifiques de notre Continent-mère et de la diaspora en vue de la protection et la promotion des cultures africaines, notamment les langues patrimoniales menacées d’extinction », lit-on. Ces recommandations et bien d’autres complètent les travaux tenus lors du premier colloque dans la ville de Bafoussam. Selon Hilaire Kamga, il fallait rechercher les éléments qui permettraient de puiser les choses dans la gouvernance au sein des institutions traditionnelles pour essayer de structurer un mécanisme de dévolution de pouvoir au niveau national qui rassure et pacifie les rapports sociaux : « L’autorité traditionnelle a un rôle fondamental. Soit de consolidation de l’ordre gouvernant même hors des circuits démocratiques, soit de pacification des rapports sociaux mais simplement avec en face d’elles des gouvernants qui ont une autre perception. Il fallait creuser ou approcher toutes les ondes pour mobiliser les matériaux nécessaires à une meilleure compréhension de la dévolution du pouvoir avec in fine le rôle que l’autorité traditionnelle peut y jouer », défend le Dr Hilaire Kamga.
Selon Maximilienne Ngo Mbe, la directrice exécutive du Réseau des défenseurs des Droits humains en Afrique Centrale (Redhac) : « Les chefs traditionnels ont joué un rôle dans la démocratie intérieure. Nous leur demandons de reprendre leurs rôles et de se départir de tout ce qui est pesanteur par rapport aux gouvernants, les autorités administratives qui ont fait main basse sur les chefs traditionnels », a-t-elle déclaré lors de l’ouverture des travaux.
Jean Ateba Onguene (stagiaire)