Cette problématique a meublé les échanges au cours de la deuxième édition de Finance week EcoMatin le 27 novembre 2024 à Yaoundé.
L’économie mondiale est secouée ces dernières années par de nombreuses tensions d’ordre divers. Les phénomènes météorologiques, la pandémie de la Covid 19, les crises diplomatiques et les conflits entre les Etats mettent à mal les échanges au niveau international. En effet, les conséquences qui en découlent sont entre autres : l’aggravation des incertitudes des marchés financiers, le relèvement des taux directeurs par les banques centrales, le renchérissement du coût de crédit pour les émetteurs souverains, la volatilité des taux de change. En réalité, l’économie des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) est tout aussi affectée. La problématique de l’apport du marché financier dans la croissance des Etats de la zone Cemac était au centre de la deuxième édition de la Finance week. Une plateforme qui met ensemble des acteurs économiques et institutionnels de la sous-région. Le colloque organisé par EcoMatin, journal économique, s’est tenue le 27 novembre 2024 à Yaoundé. Les travaux ont porté sur le thème : « Marché domestique des capitaux : un levier de croissance économique pour la Cemac ? »
Cette thématique a mis en avant le problème du développement du marché financier et du financement des économies en monnaie locale. « Cette problématique revient régulièrement. Deux cas nous ont marqué à savoir : les défauts que nous avons eus sur ce marché et le retard de paiement de certains États avec lesquels nous avons eu des échanges. Ils nous ont poussés à nous remettre en question. Nous sommes proches des régulateurs et des administrations pour avoir l’actualité à plein temps de ce qui se passe sur le marché financier », justifie Emile Fidieck, promoteur de Finance week et directeur de publication EcoMatin.
La mobilisation des ressources financières
La mobilisation des ressources sur le marché domestique de la Cemac fait face à des enjeux majeurs dans un contexte marqué par l’incertitude et la saturation du marché. De nombreux facteurs influencent le marché et la mise en œuvre de stratégies efficaces pour promouvoir la transparence, la diversification et l’inclusion financière. Dans la leçon inaugurale du ministre des Finances, délivrée par le Secrétaire général du Minfi, Gilbert Didier Edoa sous le thème « Les enjeux et défis de la mobilisation des ressources financières en monnaie locale : cas du Cameroun », il a été relevé que la mobilisation des ressources financières en monnaie locale présente des avantages indéniables, notamment en matière de souveraineté économique et de stabilité monétaire. Néanmoins, sa capacité à financer les infrastructures pour la transformation économique de la sous-région reste encore faible. Il est de ce fait nécessaire entre autres de mobiliser l’épargne oisive (les fonds gardés sans générer de valeur ajoutée, Ndlr) vers le financement de long terme ; de développer l’infrastructure du marché financier ; d’éduquer financièrement les agents économiques ; d’œuvrer pour la transparence dans la gestion des finances publiques.
Dans cet environnement rythmé par des projets structurants, le Cameroun s’est positionné comme un leader dans la sous-région. Engagé dans un vaste programme d’investissements conformément à la Stratégie nationale de développement (Snd 2030) pour atteindre l’émergence à l’horizon 2035, il est nécessaire de diversifier les instruments de financement, notamment à travers le marché des capitaux pour combler les ressources financières insuffisantes de l’Etat afin de relever les défis fixés. Car les chiffres projetés au niveau du Cameroun sont plutôt flatteurs. Pour ce qui du PIB, on devrait passer de 4,1% en 2024 à 4,4% en 2025 selon le Minfi.
Meilleures banques primées
Ecomatin a effectué un classement des institutions financières qui se sont illustrées dans différents domaines. Ces banques ont été honorées au cours de la Finance week. Afriland First Bank conserve sa place de leader bancaire pour la troisième année consécutive. La banque Atlantique a reçu le prix de la meilleure progression bancaire. Le prix d’excellence en innovation a été attribué à Access Bank. Le prix spécial du jury a été décerné à la CCA Bank. Lancée comme microfinance, elle a bravé tous les échelons pour se positionner comme un acteur majeur dans le domaine bancaire. CBC Bank a été désignée meilleure banque de Petites et moyennes entreprises (Pme). Les œuvres sociales de la BGFI Bank lui ont valu le prix de la meilleure banque Rse (responsabilité sociétale des entreprises). « Nous avons des projets qui œuvrent pour les générations futures. Nous œuvrons principalement dans le domaine de l’éducation. Il faut améliorer l’éducation de nos enfants dans le domaine de la santé. Et surtout au Cameroun, dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin. Nous estimons qu’il nous faudra des femmes autonomes pour que notre société puisse se développer très rapidement. Aujourd’hui (27 novembre 2024, Ndlr), c’est peut-être la reconnaissance de cette action-là, que nous allons continuer d’ailleurs l’année prochaine avec beaucoup plus d’impact encore sur le terrain, avec le budget que nous allons revoir à la hausse pour la partie RSE. Ce qui nous permet de redistribuer un tout petit peu de ce que nous gagnons, de ce que ces populations nous permettent de gagner, de ce que ce pays nous permet de gagner », explique Mahamat Abakal, directeur général Bgfi bank.
La deuxième édition de la Finance week a réuni des acteurs économiques et institutionnels de la zone Cemac parmi lesquels : le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui ; la présidente de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), Jacqueline Adiaba Nkembe, les directeurs généraux des banques.