Le tribunal militaire n’admet pas que la Direction générale de la Recherche extérieure (Dgre) puisse participer au procès comme partie civile. Les débats s’ouvrent le 9 septembre prochain.
Le tribunal militaire de Yaoundé a finalement tranché ce 19 août 2024 sur une question qui agite l’affaire Martinez Zogo depuis le 25 mars 2024, date du début du procès. La seule qualité admise à la Dgre c’est d’être poursuivie comme civilement responsable dans le cadre de l’assassinat de Martinez Zogo, chef de chaîne de la radio Amplitude Fm. L’audience tenue ce 19 août au tribunal militaire de Yaoundé a duré plus de huit heures. Les 17 prévenus poursuivis dans le cadre de l’assassinat de Martinez Zogo étaient devant la barre. Jean Pierre Amougou Belinga, Pdg du Groupe l’Anecdote, Léopold Maxime Eko Eko, le lieutenant-colonel Justin Danwé et les autres coaccusés étaient au tribunal.
« Nous avons eu à engager les débats sur les questions essentielles. Comme vous avez vu certaines parties ont décidé de faire retarder le procès en soulevant les causes de suspension de l’audience, alors que ces causes n’étaient pas juridiquement fondées. Le tribunal a laissé chaque partie s’exprimer longuement près de 4h de temps. Une fois que le tribunal s’est retiré pour délibérer, les membres de la collégialité ont tranché en disant que le suris n’avait pas lieu et que la procédure judiciaire doit se poursuivre normalement. Ces mêmes avocats ont encore soulevé une exception sur laquelle le tribunal s’est prononcé et enfin alors qu’on avait l’impression d’être libérés, le commissaire du gouvernement a décidé de demander au tribunal de clarifier une position juridique qui était inconfortable pour le tribunal, la défense et certains avocats de la partie civile. Il s’agissait de savoir si l’Etat du Cameroun intervenant comme Dgre pouvait être en même temps partie civile et civilement responsable dans ce dossier. Sur le plan du principe, cette question était inconfortable pour trancher et après près de deux heures de débat, le tribunal s’est retiré pour délibérer. La seule qualité qu’on admet à La Dgre c’est d’être civilement responsable », explique Me Charles Tchougang, avocat de Pierre Amougou Belinga.
Lors de la prochaine audience prévue le 9 septembre prochain, la configuration physique de la salle d’audience va changer. Les avocats de la Dgre partiront du côté du ministère public pour s’installer côté de la défense. Avec cette nouvelle clarification sur la qualité de la Dgre dans le cadre de l’affaire Martinez Zogo, certains avocats de la défense à l’instar de ceux de Jean pierre Amougou Belinga sont inquiets : « Cette nouvelle position augure désormais une défense difficile parce que le civilement responsable tente de changer sa casquette comme partie civile cela veut dire que nous aurons du mal à convaincre ces gens-là de nous produire les documents qui vont reconstituer ce qui s’est passé dans ce crime adieux », ajoute Me Charles Tchougang.
Un avocat constitué pour la défense de la Dgre et de l’Etat du Cameroun explique : « Le débat qui s’est posé au tribunal est un débat qui n’a pas sa raison d’être pour plusieurs raisons. La qualité de l’Etat du Cameroun comme civilement responsable au procès est indéniable dans le cadre de ce procès. Nous avons relevé que cette question avait déjà été tranchée par le tribunal. Lorsque cette question avait été posée au début de l’audience sur la qualité de l’Etat dans la procédure, le tribunal avait estimé que cette question était prématurée en l’état. Nous sommes surpris du revirement du commissaire du gouvernement sur une question déjà tranchée. Le fait que l’Etat ne soit pas partie civile dans ce dossier fait que cet Etat perd en termes d’image. Le procès Martinez Zogo est suivi sur le plan national qu’international. L’Etat en tant que garant des droits et libertés a un rôle primordial. C’est un citoyen camerounais qui a été assassiné et dans le cadre du procès, il est question de démontrer que l’Etat n’a rien dans cet assassinat ».
En rappel Martinez Zogo a été enlevé le 17 janvier 2023 par un commando ayant à sa tête des responsables de la Dgre constitués des gendarmes et des policiers. Le journaliste a été torturé avant d’être retrouvé mort le 22 janvier 2023.