Réflexion

Un plaidoyer pour repenser le patronat camerounais

L’initiative visant la création d'une faîtière des entreprises inclusives était au centre d’un atelier le samedi 24 juin 2023 à Bana dans le département du Haut-Nkam.
IMG-20230627-WA0215

Bana, le 24 juin 2023. Conférence débat autour de la refondation du patronat

 

Le cycle d’ateliers sur la refondation du patronat initié par The Okwelians, (un think do tank, Ndlr) présidé par le président Jacques Jonathan Nyemb poursuit son chemin. Après son lancement le 30 mai 2023 à Yaoundé, l’équipe était à Bana, dans le département du Haut-Nkam le 24 juin 2023. Dans un contexte animé par le débat autour de la fusion Gicam-Ecam, les entrepreneurs veulent faire entendre leur voix. Il est désormais urgent, selon eux, d’avoir un patronat inclusif, décentralisé, compétent ; un patronat qui milite pour une meilleure collaboration avec le secteur privé.

 

Ce 2ème atelier, axé sur la thématique : « Repenser la représentativité des organisations patronales au cœur de l’économie camerounaise », a fait courir de nombreux expert. Le Dr Jean-Marie Biada, expert consultant Onudi, plaide pour un patronat ‘’tandemisé’’ qui aura à sa tête, un président préoccupé par les grandes entreprises et un vice-président plus orienté vers les petites et moyennes entreprises (Pme). « A mon sens, l’environnement camerounais actuel mérite un patronat ‘’tandémisé’’. Au niveau de la base, nous avons les Pme. C’est une problématique assez sensible. Le Cameroun a élaboré la loi du 10 avril 2010 portant promotion des Pme, modifiée et complétée en juillet 2015 pour pouvoir parler de la très petite entreprise, petite entreprise et de la moyenne entreprise. Ce n’est d’ailleurs pas le cas pour la grande entreprise. Selon cette loi, la définition de la grande entreprise existe déjà. C’est-à-dire si vous faites un chiffre d’affaires annuelles hors taxe supérieure à trois milliards, et que vous avez des effectifs salariés supérieurs à 100, vous êtes une grande entreprise. Mais, pour ce qui est de la Pme, il fallait lui apporter un encadrement tout particulier. Si nous parlons de la grande entreprise, elle a déjà sa faîtière : Gicam », a-t-il précisé, en présence d’experts, d’entrepreneurs et d’universitaires. Selon lui, il est urgent de « Repenser la représentativité des organisations patronales au cœur de l’économie camerounaise ». Il trouve que toute idée de fusion doit commencer « sur les cellules entre elles. Des plus petites organisations patronales entre elles et à la fin, on aura ce que j’ai appelé un patronat tandémisé. D’une part, le sommet est représenté par la faîtière des grandes entreprises. Pour ce qui est des Pme, on va trouver régalement leur faîtière et les deux vont se retrouver dans ce patronat tandémisé. Ainsi, lorsqu’on va parler désormais du patronat camerounais, on va voir le premier qui sera président pour valablement parler des problèmes de la grande entreprise.  Car, ell n’a pas les mêmes préoccupations que la Pme. Cette dernière a parfois des problèmes de salaires, de loyers, d’électricité.  Et à côté de lui, on aura un vice-président, représentant la faîtière des Pme, qui pourra porter la voix des Pme à commencer par les très petites entreprises, les petites entreprises et les moyennes entreprises ».

 

Un patronat décentralisé

Lancement cycle d’ateliers le 30 Mai 2023 à Yaoundé

 

Pour Joël Sikam, chef d’entreprise, « des lacunes que nous pouvons résoudre pour améliorer notre économie sont sur plusieurs ordres. D’ailleurs seul, on va vite mais ensemble, on va plus loin. Mon idée depuis la création de mon entreprise au Cameroun est de fédérer les efforts dans le but d’être plus résistant à l’ennemi commun qui peut être les importations ou la puissance des autres nations en termes d’industrialisation. Le Cameroun est aujourd’hui industrialisé à moins de 5%.  L’industrie étant la création des valeurs. On voit les industries qui ferment tous les jours au détriment des importations. Je milite aujourd’hui pour la refondation.  Faisant effet de masse, nous pouvons plus influencer les décisions des pouvoirs publics pour défendre notre économie et notre écosystème. Nous sommes venus à Bana parler de la refonte du patronat. Moi, j’ai retenu deux choses : la jeune et les Pme. Dans la salle, on parlait tout seulement des plus faibles. Les Pme constituent 88% de l’économie. On parle ici de celle formelle. Mais, on sait qu’au Cameroun, l’informel est au-dessus du formel. Si on exponentialise, c’est plus de 88%. On peut mutualiser les voix pour qu’on se retrouve ensemble dans une masse commune. C’est ce qu’on appelle  »influencé par le bas » ». Apolline Keou, cheffe d’entreprise pense qu’il est important de voir « comment les apports de toutes les organisations patronales peuvent être mutualisés pour davantage créer de l’impact sur le plan économique et surtout influencer les politiques publics dans l’optique de créer une économie forte pour pouvoir compétir de manière efficace face aux économies concurrentes… Au niveau de l’action territoriale, nous voulons qu’une entreprise créée à Ngaoundéré ne soit pas obligée de venir s’enregistrer à Douala ».

Après Yaoundé et Bana, le cycle d’ateliers sur la refondation du patronat camerounais se déporte à Ngaoundéré pour la troisième étape.

Aurélien Kanouo


Commenter

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs requis sont indiqués *


A Propos

Le jour est un quotidien d’informations générales fondé en 2007.
« Faire voir, faire savoir, faire parler, faire comprendre » est le leitmotiv de ce journal qui insiste sur une information vérifiée, sourcée et documentée. Une large place est donnée à l’information économique et sportive. Un soin particulier est accordé aux portraits et le but final est d’apporter sa « patte » à l’écriture de « l’odyssée camerounaise ».

NOUS CONTACTER

NOUS APPELER



Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez des infos exclusives.



    Catégories