Depuis quelques années, les cas de maltraitance des personnes ne font que se multiplier. Face à cette problématique, la société civile saisit le chef de l’Etat sur la nécessité du respect des droits de l’homme conformément aux instruments juridiques nationaux et internationaux.
L’enquête prescrite par le président de la République sur le décès suspect du journaliste Samuel Wazizi n’a toujours pas été publiée par les autorités. Ce journaliste a été interpellé dans le cadre de la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et Sud-ouest Cameroun. Alors qu’il était entre les mains des forces de défense et de sécurité, il a été annoncé mort en 2021. Jusqu’à présent, le corps de la victime n’a toujours pas été remis à sa famille. Certains avocats estiment que le journaliste a été torturé pendant sa détention avant de succomber. Seuls les résultats de l’enquête prescrite peuvent établir les responsabilités sur le décès de ce journaliste. Quelques semaines après la publication d’une vidéo montrant une scène de torture infligée à l’artiste Longuè Longuè par les éléments des forces de défense, les organisations de la société civile dénoncent la recrudescence des cas de violation des droits de l’homme notamment par les agents de l’Etat. Ces organisations de la société civile parmi lesquelles le Réseau des défenseurs des droits de l’homme en Afrique centrale (Redhac), énumèrent des cas de torture enregistrés au Cameroun depuis 2010. Les facteurs ayant favorisé ce phénomène sont liés à l’instabilité dans les régions de l’Extrême-Nord due à la secte islamique Boko Haram, à la crise sécuritaire dans les régions anglophones, à la crise post-électorale de 2018. En dehors de ces facteurs, la société civile relève la multiplication des cas de maltraitance infligés aux Camerounais par les agents zélés. Face à cette situation, les défenseurs des droits de l’homme constitués des responsables d’organisations non gouvernementales et d’avocats au barreau du Cameroun se sont réunis le 29 octobre dernier à Douala pour demander au président de la République de prendre les mesures visant à lutter contre les actes de tortures lesquels sont caractérisés par les arrestations arbitraires, les détentions arbitraires et abusives, des disparitions forcées et exécution extrajudiciaire. La lettre ouverte adressée au président Paul Biya s’appuie sur les instruments nationaux et internationaux ratifiés par le Cameroun pour prévenir et réprimer les actes de torture. Parmi ces instruments, il y a le code pénal camerounais qui précise les procédures garantissant un procès équitable, lequel code interdit toute forme de torture. Le Cameroun a également ratifié la Convention contre la torturer, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Les victimes de ces actes sont entre autres les hommes politiques, les journalistes, les avocats, d’autres activistes et leaders d’opinion. En dehors du cas de Wazizi, la société civile relève que la journaliste Mimi Mefo, employée tv a été interpellée en 2018 et torturée avant d’être conduite au tribunal militaire suite à un post qu’elle avait publié dans le cadre de la crise anglophone. L’activiste Sébastien Ebala, le philosophe Fridolin Nke, ont été également été convoqués par les éléments de la sécurité militaire et ont été torturés. Mamadou Mota, premier vice-président du Mrc, les activistes Paul Chouta, Julien Ngombe et Steeve Akam sont également cités parmi les victimes ayant été torturés entre les mains des forces de défense et de sécurité. Les autres cas relevés sont entre autres : Michèle Ndoki, ancien cadre du Mrc, Me Fabien Kegne, cadre du Mrc sans oublier le cas Martinez Zogo, chef de chaîne de la radio Amplitude Fm, torturé et assassiné par les éléments de la Dgre.
Face à ces nombreux cas, les organisations de la société civile réunies le 29 octobre à Douala entendent saisir les juridictions internationales au nom des victimes pour exiger réparation.