Le Conseil national de la Communication exige la suspension de l’émission 237 Le Débat. Une émission diffusée en lieu et place de Droit de Réponse. Cette sortie de l’organe de régulation est perçue comme un musèlement de la presse quelques mois avant la présidentielle.
Le 12 août 2024, le président du Conseil national de la Communication (Cnc), Joseph Chebonkeng Kalabubse a signé un communiqué à travers lequel il demande sans délai au Pdg du Groupe Equinoxe Tv, de suspendre la diffusion de l’émission 237 Le Débat. Cette nouvelle émission est programmée depuis dimanche 11 août 2024 en lieu et place de « Droit de réponse ». La semaine dernière, l’émission Droit de réponse a été suspendue pour faute professionnelle par le CNC l’organe de régulation des médias créé par le gouvernement. Suite à la suspension de l’émission Droit de réponse, la chaîne Equinoxe Tv a décidé de changer le nom du programme ainsi que le présentateur. L’émission 237 le Débat diffusée dimanche dernier avait comme présentateur Pierre Laverdure Ombang.
Duval Fangwa, le présentateur de l’émission Droit de réponse a également été suspendu pour une période d’un mois par le Conseil national de la Communication. La suspension de l’émission Droit de réponse a opposé la chaine de Séverin Tchounkeu à Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale. Le directeur de publication du Groupe Equinoxe Tv et le présentateur de l’émission Droit de réponse sont reprochés d’avoir diffusé des déclarations présumées non fondées, insinuantes et offensantes au cours de l’émission diffusée le 7 juillet 2024 sur la télévision Equinoxe. Après avoir établi la responsabilité de l’organe en cause pour défaut d’encadrement et de conduite professionnelle du présentateur au cours de l’émission, le programme de débat diffusé tous les dimanches de 12h à 14 h a été suspendu pour une période d’un mois.
Ce 12 aout 2024, les réactions des leaders politiques et responsables des médias condamnent cette sortie du président du CNC. Jean Bosco Talla, directeur de publication et acteur de la société civile, estime que cet acharnement du CNC sur la chaine Equinoxe est une atteinte grave à la liberté d’expression. Il pointe un doigt accusateur au président du CNC qui selon lui, est à la solde des « forces obscures ». Jean Bosco Talla estime que le dernier communiqué du CNC au sujet de l’affaire Equinoxe Tv n’est basé sur aucun fondement juridique : « Pourquoi le président du CNC se contente d’un communiqué qui n’a aucune valeur juridique au lieu de convoquer une autre session pour suspendre l’émission », s’interroge le journaliste.
Christophe Bobikono, directeur de publication du journal Kalara et ancien membre du CNC estime que cette instance de régulation n’est là que pour protéger les ministres ou le régime. Après la suspension de l’émission Droit de réponse, Paul Joël Kamtchang, secrétaire exécutif de l’Ong Adisi a invité les professionnels des médias à manifester pour exiger la fermeture de cet organe.
En 2021, le CNC avait suspendu l’émission Droit de réponse ainsi que Cédric Noufele, l’ancien présentateur. Les décisions du CNC interviennent dans un contexte où plusieurs responsables de la société civile et leaders politiques dénoncent une volonté du pouvoir de restreindre les libertés de manifestation et liberté d’expression dans le cadre des prochaines élections présidentielles prévues en octobre 2025. Plusieurs responsables des médias dénoncent ces sanctions du CNC et exigent la création d’un organe de régulation indépendant crée et dirigé par les pairs.
Francis Ampère Simo, spécialiste des droits des médias affirme : « le fait pour le Cnc de demander à une entreprise audiovisuelle de ne pas diffuser un programme ou un nouveau concept ne s’explique pas. L’entreprise de communication choisi librement ses horaires de diffusion. Cela pourrait s’apparenter à un retour à la censure. Le Cnc aurait pu s’inspirer de ce qui se faisait lors des années sombres de censure, avant la consolidation de la loi de 1990 sur la liberté de communication sociale ».