Cecile Ambatinda
La journaliste du quotidien Le Jour a convaincu le jury grâce à son article critique de la pièce chorégraphique « El Botinière » organisé par NO’OCultures qui met à nu les dessous des habitants de Tunis une fois la nuit tombée.
« Chaque soir, derrière les portes en bois, dans l’ambiance enfumée des chichas, traversée de vapeurs d’alcool, de rires bruyants et de danses lascives au son de l’oud, des hommes et des femmes se transformaient en papillons de nuit ». Cet extrait de l’article de la critique d’art Elsa Kane montre à suffire la pensée du chorégraphe franco-tunisien Selim Ben Safia, dans sa pièce « El Botinière ». Dans son article intitulé : « C’est dans la nuit que s’expriment les libertés » ; la journaliste entraîne le lecteur dans les profondeurs de cette pièce chorégraphique de la compagnie Al Badil. Cet article critique de la pièce de danse « El Botinière» du chorégraphe et metteur en scène franco-tunisien Selim Ben Safia lui a valu le plébiscite du jury du Prix NO’OCultures 2024. Cette édition de ce concours panafricain de la critique artistique était axée sur la danse. Initié en 2019 par l’association Nord – Ouest Cultures, le Prix NO’OCultures vise à reconnaître et à récompenser le mérite des critiques africains. Plusieurs disciplines sont mises en avant depuis la création notamment le cinéma en 2020, la musique en 2021, la littérature en 2022 et la photographie en 2023.
Titre pertinent
Le jury présidé par Anne Décoret-Ahiha, anthropologue de la danse, productrice et écrivaine, et composé de Leila Assas, journaliste et critique, et Sanou Salia, chorégraphe a été captivé par la pertinence du titre et des sous-titres de l’article proposé par Elsa Kane. Les références musicales mises en perspective ont su la distinguer des autres candidats. Dans le communiqué de presse de Nord -Ouest Cultures, le jury souligne également une bonne articulation entre les éléments descriptifs relatifs à la matière chorégraphique, à la scénographie, à la progression du spectacle et à son atmosphère générale, et les éléments analytiques de son texte. Dans un tout harmonieux, elle a su mettre en œuvre le message porté par la chorégraphie de la Compagnie Al Badil à savoir la vie nocturne à Tunis, en particulier dans le cabaret “El Botinière”. « On effectue un surprenant voyage en terre inconnue, au contact d’hommes et de femmes qui attendent la nuit pour se débarrasser du carcan d’une société arabo-musulmane conservatrice et retrouver leur liberté », écrit la critique d’art.
Multiprimée
Journaliste au quotidien Le Jour depuis 2011, Elsa Kane est à date responsable du service culture au sein de cette rédaction. Elle est lauréate de plusieurs prix en journalisme. Elle est la gagnante du concours de production médiatique sur le patrimoine culturel camerounais et du Grand prix Francophilie des médias. Ces distinctions sont la somme d’un amour accru pour la culture et une expérience acquise dans la pratique au fil des ans. Avec cette autre récompense, Elsa Kane promet de redoubler son engagement. « Je suis très heureuse de ce prix. Il est le premier que je remporte sur le plan international. Il représente un certain aboutissement. Je suis consciente que je ne dois pas m’endormir sur mes lauriers au regard de l’environnement difficile et précaire dans lequel nous évoluons », réagit Elsa Kane.
