L’auteur de l’ouvrage intitulé Fossi Jacob le gamin et son héros, dédicacé samedi dernier à Douala, revient sur son inspiration et raconte l’histoire mal connue d’un nationaliste exceptionnel.
Vous êtes Professeur de médecine, qu’est-ce qui vous a inspiré l’ouvrage intitulé Fossi Jacob le gamin et son héros ?
L’écriture de ce livre date de 1982 avec l’arrivée du président Paul Biya au pouvoir quand il écrit dans son livre « Pour le libéralisme communautaire ». Je le cite : « Je tiens à le préciser ici : l’histoire du Cameroun ne commence pas en 1960, avec l’indépendance. Et comment fut-elle donc acquise, cette indépendance ? Elle ne fut point ni « donnée » ni « octroyée » aux Camerounais. L’indépendance de notre pays fut conquise de haute lutte par de nombreux et dignes enfants issus de ce terroir et dont les noms sont, hélas, restés tabous pendant le quart de siècle qui vient de s’écouler. » ( page 251-252). Dès lors je me senti libéré et autorisé à décongeler cette histoire de la fin tragique de Fossi Jacob, s’agissant d’un secret militaire, que j’avais gardée en moi depuis près de 68 ans à l’insu de mes parents et de ma famille. J’ai écrit ce livre pour raconter à notre jeunesse et aux adultes de notre génération la tragédie de ce grand homme, un nationaliste exactement comparable à ces » nombreux et dignes enfants issus de ce terroir » dont parle Paul Biya et qui sont restés inconnus. Vous devez savoir que pendant la colonisation française et même de nos jours de nombreux compatriotes jeunes comme vieux ignorent ce que la colonisation avait causé comme souffrances horribles parmi les populations avides de libération coloniale. Et surtout la grande majorité d’entre nous avait été convaincue par l’éducation coloniale que nous n’avions ni histoire ni héros. Dans ce livre, je décris comment le gamin de 9 ans avait découvert de ses yeux et entendu de ses oreilles le comportement d’un homme qui à tous les points de vue correspond aujourd’hui à ce qui est décrit dans les livres comme un héros. J’avais en effet assisté à la manière dont, dans la nuit du 9 au 10 mai 1957, cet homme exceptionnel, pour préserver la vie de ses autres compagnons nationalistes (appelés maquisards) avait bravé la mort. Il avait non seulement refusé de livrer les noms des autres nationalistes cachés mais avait alors emporté avec lui dans le cours de la rivière Metche, son bourreau, le gendarme André Houtarde, qui s’apprêtait à le jeter dans cette rivière, comme plusieurs de ses compagnons de lutte auparavant. Pour avoir été témoin de cette tragédie, je me suis senti l’obligation de raconter cette histoire à la jeunesse et de supplier le chef de l’Etat, S.E. Paul BIYA, de bien examiner, au regard des faits que le témoin survivant que je suis raconte dans cet ouvrage, la possibilité de reconnaitre à Fossi Jacob la dignité de grand figure de notre histoire.
Quels sont les premiers échos de la cérémonie de dédicace et de présentation, samedi dernier à Douala ?
La dédicace du 31 mai 2025 à Douala, qui est en réalité l’avant-première de la dédicace grandeur « Capitale », a eu un énorme succès dont l’éditrice et moi-même avons été surpris. C’est à n’en point douter le prélude d’un évènement plus éclatant à la dédicace imminente de Yaoundé.
Quelle est la spécificité de cet ouvrage dans la modeste production intellectuelle disponible sur l’histoire de ce nationaliste camerounais ?
Restons modestes. Ce livre va tout simplement s’inscrire dans la voie ouverte par les Présidents Biya et Macron en créant la Commission Blick Bassy et Karine Ramondi sur les crimes de la période de la décolonisation française au Cameroun de 1955 à 1971.
Qu’est ce qui a commandé le choix de l’éditeur Éclosion ?
Le choix de l’éditeur Éclosion a été déterminé par la logique de compter sur nos propres forces endogènes en matière de publication intellectuelle. Nous devons faire confiance à notre génie créateur au lieu de compter toujours sur celui des autres.
Pour finir, où se procurer cet ouvrage ?
Le public peut le trouver à Douala au siège de l’édition Eclosion a Akwa, Rue Castenau, en face de l’immeuble Yoloso et la librairie Peuples Noirs d’une part et d’autre part à Yaoundé à la librairie Peuples Noirs et à Eclosion, montée Kondengui, face à Instic.
