
L’auteur de ‘’ Désinformation en Afrique francophone’’ revient sur le phénomène et pose un regard sur l’élection présidentielle à venir au Cameroun.
Vous venez de présenter votre ouvrage qui met en vitrine la question de la désinformation en Afrique francophone. Ce phénomène reste une grande menace…
Je suis assez émerveillé par la façon avec laquelle les participants ont été assez attentifs aux déclinaisons de la présentation de ce rapport. Et ça nous a permis au moins d’atteindre une certaine cible. On avait des profils et des backgrounds différents pour parler de cette question. Jusqu’ici, on a comme l’impression que les gens ne font pas assez attention aux questions de désinformation qui pourtant sont des questions qu’on vit au quotidien. On remarque même que dans les familles, la désinformation fait rage. On a beaucoup de familles qui sont divisées, des couples qui sont séparés à cause de la désinformation. Ça, c’est au niveau micro. Mais maintenant, si je vous amène à un niveau beaucoup plus important, la société se déchire carrément. Vous avez la politique qui est chargée de propagande, mais qui est en fait de la désinformation du point de vue politique. Donc, l’idée pour nous, c’est de continuer à parler de ce sujet, de sensibiliser et que des gens prennent conscience du phénomène qui, comme vous le savez, à cause par exemple de la porosité, du côté contraignant de nos lois, reste tout de même un phénomène à éviter et à faire attention.
Quelle est votre principale recommandation ?
La principale recommandation, c’est que les parties prenantes à l’information, notamment les producteurs et les consommateurs de l’information, doivent se mettre ensemble pour barrer la route à ce phénomène qui est devenu un fonds de commerce. Et du coup, il faut tout faire. Je pense aux journalistes, je pense aux blogueurs, je pense aux influenceurs, je pense aux producteurs de l’information première et publique, qui sont les administrations.
Relativement à l’élection présidentielle en vue, votre livre peut-il être considéré comme un outil d’alerte ?
On souhaite que ce livre soit un outil d’alerte, mais vous savez, on est une culture de l’oralité, pas de lecture, du coup, on craint que très peu de personnes accèdent à ce livre pour mesurer l’ampleur de l’alerte. Pour autant, on continue à sensibiliser à travers les différentes activités que nous menons. À travers les vecteurs d’information qu’on met sur place, parce qu’il faut alerter. Et vous avez pu constater, par exemple, que depuis novembre, la courbe d’alerte en matière de désinformation et des discours de haine est pratiquement au rouge. Et là, on craint que 2025 ne soit un remake de 2018 avec une touche particulière pour finalement achever le travail inachevé de 2018.