la rédaction
Si ce n’est cette idée, l’historien du football estime qu’il s’agit des signes d’une société en déclin, à voir comment certains Camerounais se déchaînent sur leur compatriote évoluant à Manchester United.
Au Cameroun, on n’est plus d’accord sur rien, c’est le moins que l’on puisse dire! Le football était jusque-là, la seule chose qui pouvait encore réunir tous les camerounais. Désormais, c’est de l’histoire ancienne, et il y a des raisons de s’inquiéter.
Il y a de cela juste trois semaines, lors du classique PSG-OM au Parc des Princes, des banderoles attaquant la maman d’Adrien Rabiot étaient brandies. Elles faisaient suite au départ tumultueux du joueur formé au PSG à la Juventus il y a quelques années. De nombreux camerounais ont fait des sorties pour condamner cet état des faits, et c’était normal. Trois semaines plus tard, Groupama Stadium de Lyon, OL-Manchester United, André Onana est copieusement sifflé pendant tout le match (comme Toko Ekambi à une certaine époque), sa maman grossièrement insultée. Et qu’est-ce j’entends ? Des camerounais dire que c’est mérité, parce que c’est un mauvais gardien, il parle beaucoup, il aurait insulté l’OL…
Mille tonnerres ! Dire que si Manchester United joue à son vrai niveau, il battra Lyon est une insulte? A la limite, on peut trouver ces propos maladroits et contre-productifs dans la mesure où ils sont susceptibles de booster un adversaire à la veille d’un match, mais à aucun moment ce ne sont pas des propos insultants. Nemanja Matic est monté au créneau pour attaquer lâchement André Onana, et au lieu que les camerounais prennent sa défense, ils ont relayé ces insultes, partagé par centaines des vidéos des bourdes d’Onana et annoncé qu’il sera bientôt viré de Manchester et qu’il le mérite.
On ne joue pas au FC Barcelone, à l’Ajax d’Amsterdam, à l’Inter de Milan et à Manchester United par hasard. Qu’on aime Onana ou qu’on le déteste, on doit admettre qu’il fait une grosse carrière professionnelle et qu’il le mérite. A l’arrivée de Ruben Amorin, les camerounais, encore eux, avaient annoncé qu’Onana irait au banc, parce que c’est le maillon faible du club. Mais personne ne parle du niveau du club depuis quelques années, de sa défense en bois, de tous les transferts ratés, et du nombre de fois où le gardien camerounais a sauvé son club.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Cameroun est un pays qui va mal, très mal. Il a perdu ses valeurs, le bon sens et même la simple solidarité. Tout camerounais qui porte haut le drapeau national à l’étranger mérite du soutien, dans les bons et les mauvais moments. Mais après quarante-trois ans d’un système politique fondé sur la division, il est désormais impossible de s’entendre sur quoi que ce soit. Il y a quatre ans, lorsqu’éclate l’affaire Coq sportif, certains concitoyens s’attaquent à Yannick Noah. Je fais un article pour dire qu’on n’a pas à opérer un choix entre deux camerounais. Aussitôt je suis sommé de faire un choix, sinon ça voudrait dire que je suis « contre » la FECAFOOT.
Le conflit entre André Onana et la FECAFOOT a commencé en coupe du monde 2022. On n’a jamais eu la version officielle. Personnellement, je ne sais pas qui avait raison et qui avait tort. Mais on a été sommés de condamner André Onana, parce qu’il ne serait pas reconnaissant envers son père, Samuel Eto’o. Soit ! Mais quand Samuel Eto’o a eu les problèmes avec son père Gilbert Kadji, je n’ai entendu personne condamner Eto’o de façon péremptoire parce que Gilbert Kadji est son père. Comme j’avais condamné l’interview de marc Brys s’en prenant à Samuel Eto’o en son temps, je condamne avec la même énergie les attaques de Matic et de certains camerounais envers André Onana. Je ne fais pas de l’indignation sélective.
Dr Claude KANA
