
Ce chiffre et bien d’autres sont les résultats de la recherche présentés par des experts le Nkafu Policy Institute de la Fondation Denis et Lenora Foretia, le 03 avril dernier à Yaoundé.
Un constat a été fait à l’issue des activités menées par le Nkafu Policy Institute, un Think Tanks (centre de recherche) de la Fondation Denis et Lenora Foretia dont le siège est à Yaoundé. A presque deux ans que la Couverture santé universelle existe au Cameroun, après évaluation, on se rend compte que l’on n’a pas beaucoup évolué. Une grande partie de la population camerounaise estimée à 90%, reste en marge de cette prise en charge-là. Ce sont les chiffres les plus optimisés. Très peu de personnes ont également entendu parler d’assurance santé privée. Pourtant, l’assurance santé privée apparaît comme une alternative pour pouvoir capter la population non encore prise en charge par la couverture santé universelle, en vue de réduire les coûts de santé directs de ces populations-là. De même, 70% des dépenses des ménages sont liées à la santé publique, c’est-à-dire, soit à la prévention, ou encore au traitement et à la prise en charge de des maladies que l’on va mettre dans le panier des soins de santé primaire. Ce ne sont pas des maladies onéreuses. C’est parfois le paludisme, la typhoïde ; ce sont des maladies assez bégnines. Mais au Cameroun, la majorité de la population n’a pas encore accès aux soins de santé primaire, comme le fait remarquer Marc Roméo Bihina, consultant et expert en analyse des politiques publiques au Cameroun.
Dr Constantine Asahngwa, directeur-adjoint du département santé de Nkafu Policy, fait remarquer que beaucoup de Camerounais n’ont pas accès aux soins de santé de qualité, du fait de l’obstacle financier. « Nkafu Policy intervient en ce moment pour faire un plaidoyer afin de produire les résultats des données probantes afin de mieux aider le Gouvernement à prendre les décisions sur les meilleures approches, la meilleure stratégie de rendre l’assurance maladie privée comme un service accessible aux populations », indique-t-il. Et comme option, il y a la nécessite d’inviter les communautés et les autorités traditionnelles, qui vont permettre de relayer facilement le message en un langage que le citoyen au plus bas de la pyramide, peut comprendre. Un Groupe de travail opérationnel constitué des chercheurs dans le domaine, des économistes, des analystes de santé publique ; des représentants des compagnies d’assurances, s’est réuni régulièrement pour réfléchir, identifier les challenges, a alors livré ses résultats en recommandations sur l’expansion des assurances de santé privée.
La sensibilisation, la communication sont les premières recommandations, comme l’explique Dr Jessy Ngoupeyou Youmsi, membre du groupe de travail opérationnel dans le projet qui vise à étendre l’assurance de santé privée au Cameroun : « le Gouvernement a mis sur pied une couverture de santé universelle et il y a des institutions privées qui proposent des assurances maladie. Il faut déjà informer le public que ça existe, donner des détails sur les packages qui sont offerts en termes de santé ». Elle évoque aussi l’importance d’une collaboration étroite entre le Gouvernement et le structures privées. « Et parmi les structures gouvernementales, nous pensons que celle qui a les clés, c’est la CNPS, qui déjà, propose la pension retraite et autres. La CNPS en fait, a un rôle capital à jouer dans l’assurance maladie au Cameroun en général », ont-ils recommandé. Les études sur le terrain ont montré que, même ceux qui sont au courant qu’il y a l’assurance maladie, certains sont méfiants. « Ils disent généralement : on cotise et notre argent va où ? Certains assimilent ça, à la tontine où, après un moment, on est bénéficiaire. D’autres se disent qu’ils vont cotiser et bénéficier quand ? Je ne tombe pas souvent malade. Et même ceux qui souscrivent à l’assurance maladie ne sont pas nombreux. Il y a toujours ce climat de non-transparence qui existe entre les assureurs et les assurés », souligne Dr Jessy Ngoupeyou Youmsi. En plus de la couverture santé universelle existante, l’assurance de santé privée est fortement bénéfique aux populations, même si la solution préconisée pour les pauvres est la mutualisation, un modèle ayant fait ses preuves ailleurs, en Afrique.