Insécurité : le chef de canton de Bougoudoum aux arrêts

Bougoudoum

Enlevé mardi dernier dans le village Polgué dans l’arrondissement de Gobo par des Tchadiens venus de la sous-préfecture de Holom-Ngamé au Tchad, Voussou Tahiria, est actuellement interné à l’hôpital de Pala. Il souffre d’une fracture ouverte au tibia droit après avoir reçu une balle d’une arme de fabrication artisanale.

Depuis hier, jeudi 21 novembre 2024, Voussou Tahiria, le chef de canton de Bougoudoum, dans l’arrondissement de Gobo, departement du Mayo-Danay, dans la région de l’Extrême-Nord est interné à l’hôpital provincial de Pala. Il a été évacué dans cette province à la suite d’une fracture ouverte au tibia droit par l’hôpital de Fianga, où il a été admis après son enlèvement le mardi 19 novembre dernier à Polgué, village frontalier entre le Cameroun et le Tchad par les populations de Holom-Ngamé. Selon les premiers diagnostics du personnel sanitaire de l’hôpital de Pala, le pronostic vital du chef de canton de Bougoudoum n’est pas engagé. « Il va bien et souffre d’une fracture ouverte. Nous avons fait la radio et d’autres examens. Ce qu’il faut retenir ce qu’il doit être évacué sur Ndjamena pour une meilleure prise en charge. Il doit subir une opération chirurgicale pour l’extraction des balles et la pose d’un plâtre. Nous voulons éviter que la plaie s’infecte », confie une source médicale à l’hôpital provincial de Pala. De son lit de malade, Voussou Tahiria est inquiet sur sa situation. Il est gardé par une équipe de gendarmes et policiers tchadiens ayant effectué son évacuation de Fianga, dans le Mayo-Kebbi Est pour Pala. « J’avais demandé à être évacué sur Bongor ou Ndjamena. Ce qu’on ne me dit pas si je suis aux arrêts. J’ai été enlevé du Cameroun par des gens qui voulaient me tuer. C’est grâce à l’intervention des gendarmes de Holom-Ngamé que je suis encore en vie. J’ai été frappé avec la machette, des gourdins et on a tiré sur moi. Je ne sais pas pourquoi on me retient encore ici. Je suis une victime », explique le chef du canton de Bougoudoum, que nous avons joint au téléphone. Il rassure être en bonne forme. « J’ai échappé à la mort. Mis à part les douleurs de la blessure, je vais bien. Tout ce que je souhaite c’est être opéré dans une formation sanitaire adéquate », insiste-t-il.

 

À l’origine de cette affaire, l’agression dans l’après-midi du lundi 18 novembre 2024, des commerçants, des jeunes et femmes de nationalité tchadienne résidant dans la sous-préfecture de Holom-Ngamé, situé de l’autre côté de la frontière entre le Cameroun et le Tchad. Ils rentraient du marché périodique de Gobo. Sept personnes ont été blessées par les assaillants qui ont barré la route. L’un des assaillants est tué après la riposte. Les jeunes de Holom-Ngamé ont campé autour de la dépouille tout l’après-midi et la soirée de lundi 18 novembre dernier. Les éléments de la brigade de gendarmerie de Gobo ont été dépêchés dans le village Polgué, lieu du drame pour une enquête. Les autorités administratives et des forces de maintien de l’ordre ainsi que du chef de canton se sont rendues sur le lieu du drame ; sur place, les gendarmes sont pris à partie. Ils s’enfuient et abandonne le chef de canton aux mains d’une population en colère. Voussou Tahiria, le chef de canton est conduit sur le territoire tchadien. Alerté le sous-préfet de Holom-Ngamé, au Tchad mobilise les forces de maintien de l’ordre à la recherche du chef de canton et ses ravisseurs. Il est retrouvé en pleine forêt. Libéré des mains de ses geôliers, il est conduit à l’hôpital pour des soins. La colère gronde à l’hôpital de Holom, les populations veulent se venger en tuant le chef de canton de Bougoudoum. Les autorités administratives et de sécurités du Tchad exfiltre le chef du canton vers l’hôpital de Fianga. C’est peine perdue. Ici, c’est une autre mobilisation qui accueille le malade. La population de Holom-Ngamé et ses environs vont menacer de saccagé l’hôpital de Fianga. Le procureur et le préfet du Mont-Ili au Tchad vont se rendre à l’hôpital de Fianga en vue de l’évacuation à Pala du chef de canton de Bougoudoum. Une négociation est entamée avec la population qui accuse les agresseurs des commerçants et des femmes de retour du marché de Gobo d’être originaires de Bougoudoum. Ils réclament la somme de 2.400.000 Fcfa et quatre bœufs représentant les pertes subi le lundi 18 novembre 2024.

 

Dans un communiqué publié le 20 novembre 2024, par le préfet de Yagoua, Nicolas Olivier Mbarga, le 1er adjoint déplore l’incident du 19 novembre 2024 à Polgué ayant conduit à l’enlèvement du chef de canton de Bougoudoum par des ressortissants tchadiens. « Des actions locales ont immédiatement été entreprises par les autorités administratives camerounaises en collaboration avec leurs homologues tchadiens en vue de retrouver le lamido, de garantir sa sécurité et de lui administrer des soins de santé appropriés. Ce dernier se trouve aujourd’hui hors de danger », écrit l’autorité administrative. Le Préfet du Mayo-Danay à Yagoua ajoute que : «  à la suite de cela, la situation a été portée à la haute attention de la hiérarchie qui a d’ores et déjà entrepris des démarches  auprès des autorités tchadiennes afin que le lamido regagne notre pays dans les meilleurs délais ».

 

Dans le Canton de Bougoudoum, la tension est vive entre Camerounais et Tchadiens. Les populations menacent de répercutions si le chef de canton n’est pas libéré. Des jeunes de Gobo et de Bougoudoum armés de bâtons, flèches et autres armes blanches sont sur le qui-vive. Malgré la présence dans le village des éléments du Bir qui appellent au calme et à la retenue, le risque d’un affrontement entre population de l’arrondissement de Gobo et celle de Holom-Ngamé, au Tchad est élevé. « Le préfet appelle par conséquent ses populations au calme, dans l’attente de l’aboutissement de cette initiative engagée par les hautes autorités de notre pays. Le préfet tient également à relever que ce malheureux incident ne devrait pas entacher les bonnes relations qui unissent nos peuples  frères du Cameroun et du Tchad », écrit le préfet du Mayo-Danay. Il a conclu en demandant aux populations de Bougoudoum en particulier et ceux de l’arrondissement de Gobo de se désolidariser de toute action susceptible de nuire à ces bonnes relations.

Adorlac Lamissia

Author: Adorlac Lamissia

Adolarc Lamissia, est journaliste, spécialiste des questions politiques, de sécurité et de bonne gouvernance. La question de développement du Cameroun et de l’Afrique sont entre autres ses centres d’intérêts.

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Adolarc Lamissia, est journaliste, spécialiste des questions politiques, de sécurité et de bonne gouvernance. La question de développement du Cameroun et de l’Afrique sont entre autres ses centres d’intérêts.


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    Adolarc Lamissia, est journaliste, spécialiste des questions politiques, de sécurité et de bonne gouvernance. La question de développement du Cameroun et de l’Afrique sont entre autres ses centres d’intérêts.